"Gilets jaunes": près de 283.000 manifestants, un mort et 200 blessés sur les barrages

Publié le 18/11/2018 - 08:24
Mis à jour le 18/11/2018 - 08:24

Près de 283.000 « gilets jaunes » ont protesté samedi dans toute la France contre la hausse des taxes sur le carburant et la baisse du pouvoir d’achat, au sein de 2.000 rassemblements parfois tendus qui ont entraîné des accidents faisant un mort et 227 blessés.
 
 

©d.Poirier ©
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Sept personnes sont gravement blessées, dont un policier, a annoncé le ministère de l'Intérieur lors d'une conférence de presse. En début de soirée, plus de 200 points de blocages n'avaient pas encore été levés et des manifestants étaient toujours présents sur plus de 1.400 lieux de rassemblement.

"Gilets jaunes, colère noire", "Jupiter, redescends sur terre, c'est la misère": les manifestants, qui arboraient parfois un message sur leurs gilets, bloquaient des autoroutes, des ronds-points, des hypermarchés ou organisaient des opérations de péage gratuit dans l'ensemble du pays.

Au total 282.710 personnes ont participé aux manifestations, selon le ministère de l'Intérieur.

Les "gilets jaunes" n'ont pas réussi à bloquer la France, comme ils le voulaient, mais tout le territoire a été touché par leurs actions, ce qui représente un succès certain pour ce mouvement, parti des réseaux sociaux et organisé en dehors des partis politiques et des syndicats.

Premier responsable syndical à s'exprimer samedi, le patron de la CFDT Laurent Berger a appelé, dans un tweet, Emmanuel Macron à "réunir très rapidement" syndicats, patronat et associations "pour construire un pacte social de la conversion écologique".

Nuit sur les barrages

Des manifestants ont annoncé qu'ils comptaient camper et passer la nuit sur leurs barrages. L'accès à certaines autoroutes restait coupé ou difficile en début de soirée.

"Si demain il faut continuer on continuera. Et lundi, on continuera s'il n'ont pas compris", a prévenu Fred, l'un des porte-parole du mouvement à Millau. A Paris, des "gilets jaunes" ont descendu l'avenue des Champs-Elysées pour converger vers le palais de l'Elysée. Après plusieurs heures de tensions entre manifestants et forces de l'ordre dans le quartier du palais présidentiel - où des barrières ont été renversées et où les forces de l'ordre ont utilisé des gaz lacrymogènes - la majorité des "gilets jaunes" s'est dispersée. Il n'y a eu aucun blessé, aucune dégradation, d'après le préfet de police de Paris, Michel Delpuech.

"La différence entre mon brut et mon net, c'est 1.000 euros, voilà pourquoi je suis là aujourd'hui", a déclaré parmi ces manifestants Valentine, 24 ans, intermittente du spectacle qui vit en Seine-Saint-Denis. "Aujourd'hui on travaille pour survivre, plus pour vivre", a renchéri Amandine, 35 ans, assistante maternelle.

Il y a eu 117 interpellations en France, suivies de 73 gardes à vue, selon le ministère de l'Intérieur. Au Pont-de-Beauvoisin (Savoie), une conductrice qui emmenait sa fille chez le médecin a été prise de panique quand des manifestants se sont mis à taper sur sa voiture. Elle a foncé alors sur eux, percutant mortellement une femme de 63 ans.

Cette manifestation, comme de nombreuses autres, n'était pas déclarée.

"J'en appelle à la responsabilité de ceux qui organisent ces manifestations. Ils ont porté un message. Il est entendu", a déclaré le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner. "Le gouvernement est attentif à toutes les mobilisations, nous devons maintenant continuer à répondre aux attentes des Français y compris en termes de pouvoir d'achat", a-t-il ajouté.

De son côté, le ministre de la Transition écologique François de Rugy a annoncé que le gouvernement poursuivra "la trajectoire prévue" en matière de fiscalité écologique, dans une interview au Parisien.

Les autorités s’inquiétaient de la poursuite du mouvement malgré la nuit. "Les manifestations, aujourd'hui bon enfant, ce soir se transforment avec l'arrivée de casseurs", a déploré Richard Lizurey, directeur général de la gendarmerie nationale, précisant que des cocktails Molotov ont été jetés contre les forces de l'ordre. Et "la nuit, le danger c'est d'être percuté par un véhicule", a-t-il rappelé alors que 5.000 patrouilles étaient mobilisées jusqu'à dimanche matin.

"Signe extérieur de pauvreté"

Une étude publiée samedi par L'Argus note que les départements où les automobilistes roulent le plus en véhicule diesel sont aussi ceux où résident le plus de ménages non imposés. Le diesel est devenu un "signe extérieur de pauvreté", en déduit la publication spécialisée.

Samedi soir, un conseiller de l'exécutif a reconnu qu'il y avait "une mobilisation qui est là, il ne faut pas la nier".

Mais "elle n'était pas au niveau attendu. Ce n'est pas le raz-de-marée attendu, malgré un battage médiatique parfois surprenant", a-t-il dit. Dans l'opposition, certains sont descendus dans la rue: Laurent Wauquiez, le chef de LR, a appelé M. Macron à comprendre et "corriger ses erreurs".

Des élus du Rassemblement national étaient également présents aux côtés des "gilets jaunes", mais pas Marine Le Pen.

Des Insoumis participaient aussi aux manifestations. Leur leader Jean-Luc Mélenchon a critiqué sur Twitter une "manipulation des chiffres de participation" et une "dramatisation" de la part du gouvernement. Il s'est rendu place de la Concorde, sans porter de gilet jaune.

Sébastien Lecornu, ministre chargé des Collectivités territoriales, a mis en garde, dans le Journal du Dimanche, "ceux qui veulent récupérer politiquement le mouvement" des "gilets jaunes", qui "en seront pour leurs frais".

A l'initiative de cette colère, des membres de la société civile se sont mobilisés contre la hausse du prix des carburants avant que les motifs de grief ne s'élargissent à une dénonciation plus globale de la politique du gouvernement en matière de taxation et à la baisse du pouvoir d'achat.

Au 1er janvier 2019, les taxes sur le gazole doivent augmenter de 6,5 centimes d'euro par litre et celles sur l'essence de 2,9 centimes.

Le président Emmanuel Macron a perdu en novembre encore 4 points de popularité, au plus bas à 25%, selon un sondage Ifop publié dans Le Journal du Dimanche.

Pour le politologue Jean-Marie Pernot, chercheur à l'Institut de recherches économiques et sociales (Ires), la mobilisation des "gilets jaunes" est un "succès de participation". "On va voir ce qu'ils inventent pour poursuivre la pression".

(Source AFP)

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