Femmes politiques : "le troisième sexe" ?" : une docteure bisontine écrit son premier livre

Publié le 01/03/2014 - 11:20
Mis à jour le 08/03/2014 - 14:07

Sociologue de formation, Mérabha Benchikh, originaire de Besançon, est aujourd’hui cadre pédagogique dans un institut de formation en travail social en Alsace. Après avoir enseigné les sciences humaines et sociales dans l’Enseignement supérieur, la jeune femme a travaillé deux années au Cabinet de l’ancienne députée et ministre Paulette Guinchard. La politique française ayant été son thème de recherche pendant plusieurs années jusqu’à la thèse, le sujet s’est transformé en livre : « Femmes politiques : « le troisième sexe » ? » sorti cette année. Nous avons contacté l’auteure…

maCommune.info : Pourquoi vous êtes-vous dirigée vers la sociologie ? Qu'est-ce qui vous passionne dans ce domaine ?

Mérabha Benchikh : Quand je suis arrivée à l'université après le baccalauréat, j'avais pour idée de poursuivre un cursus court et professionnalisant. Surtout que certains de mes professeurs du secondaire ne m'imaginaient pas dans des études supérieures, contrairement à mes parents qui m'ont toujours beaucoup encouragé et soutenu dans cette voie. Je me suis donc inscrite en histoire : discipline qui m'a toujours intéressée et que j'ai suivi jusqu'en deug. A l'époque, il fallait choisir une deuxième discipline dans la même unité de formation et de recherche. Pour faire le lien, j'ai opté un peu par hasard pour la sociologie. Quand j'ai débuté, je ne savais pas vraiment de quoi il s'agissait, ayant suivi un cursus littéraire au lycée. Ca a été une révélation et j'ai décidé de continuer l'ensemble de mes études avec cette discipline comme dominante. Une discipline qui a pour objectif de traiter de la réalité en tentant d'analyser la société et les groupes qui la composent : voilà qui est un beau projet.  

Pourquoi ce titre "Femmes politiques : "le Troisième sexe"?" 

MB : J'ai décidé d'intituler mon livre "Femmes politiques : "le troisième sexe"?" parce que ce titre fait référence à une hypothèse centrale de ma recherche. Celle qu'une femme, lorsqu'elle parvient à faire carrière en politique au plus haut niveau, se doit d'adapter son apparence et sa façon de se comporter dans une négociation voire une renégociation des genres féminin et masculin. En cela, il est question d'un troisième sexe dans ce processus d'ascension sociopolitique où ces femmes se retrouvent dans cet entre-deux, y compris dans la perception qu'ont les autres d'elles. Je le développe davantage dans mon livre où le titre est également un clin d'oeil, près de 65 ans après, au Deuxième sexe de Simone de Beauvoir avec sa célèbre citation : "on ne naît pas femme, on le devient", comme pour mieux insister sur les constructions culturelles et sociales dans ce jeu des genres.

Comment vous êtes-vous lancée dans l'aventure de l'écriture d'un livre ?

MB : Ce livre est la suite logique d'une recherche de plusieurs années dans le milieu politique français qui correspondait à mon sujet de thèse de doctorat. C'est donc ce travail de recherche que j'ai synthétisé et remanié pour en faire un livre plus accessible et moins académique. Lorsque l'on fait de la recherche, l'objectif c'est bien de transmettre et de faire circuler les connaissances, le savoir en le démocratisant au plus grand nombre sinon, cela a peu d'intérêt. La publication des travaux peut constituer une étape supplémentaire aux autres types de communications comme les conférences, les colloques ou les articles  scientifiques par exemple.

Pourquoi écrire un livre consacré aux femmes dans la politique ?

MB : Concernant le thème, celui-ci s'est imposé à moi lorsqu'en Maîtrise j'enquêtais sur les jeunes militants dans les partis politiques. Il y avait des militantes alors pourquoi ne les retrouvait-on pas ensuite aux élections face à une sur-représentation masculine ? Cela a constitué alors mes premiers questionnements de départ où le milieu politique était, là encore, central car il m'intéresse fortement. D'ailleurs, des similitudes peuvent se faire avec le milieu professionnel. De plus, bien qu'il s'agisse de l'analyse des carrières militantes et politiques des femmes dans cette recherche, il est aussi question des hommes du milieu politique : eux aussi interviewés et observés pour les besoins de l'enquête de terrain.   

Dans votre livre, vous parlez de quelques femmes politiques franc-comtoises comme Paulette Guinchard, d'autres ont souhaité l'anonymat. Quelle place a-t-elle dans votre livre ? 

MB : C'est une règle à tout entretien sociologique que de respecter l'anonymat des personnes. C'est d'ailleurs une des consignes de départ lorsqu'on les réalise, encore plus dans un milieu qui est médiatisé avec des enjeux électoraux et des personnalités connues localement et nationalement. A Besançon et en Franche-Comté, Paulette Guinchard est incontournable surtout qu'elle a fait partie du gouvernement Jospin et a été vice-présidente de l'Assemblée nationale. Son parcours militant et politique m'a tout de suite intéressé. J'ai donc réalisé plusieurs entretiens avec elle et un récit biographique. Paulette est citée dans le livre car depuis, elle a arrêté sa carrière politique. Cela permet ainsi un plus grand éclairage car elle a une place centrale dans mes travaux à l'image de celle qu'elle a dans la vie politique locale où l'on recherche toujours son soutien. Avec elle, j'ai eu l'opportunité de collaborer ce qui a favorisé la poursuite de ma recherche. En cela, j'ai voulu lui rendre hommage.

Y-a-t-il une différence entre ces femmes en Franche-Comté et celles dans le reste du pays ?

MB : Il n'y a pas de différence entre les femmes politiques franc-comtoises et celles du territoire national. Les nuances, on les retrouve plutôt au niveau de la nature des mandats qu'il s'agisse du local d'un côté et du national de l'autre : une conseillère municipale ne sera pas forcément comparée à une sénatrice ou encore une ministre. Pour ce qui est de l'argumentation, je ne peux que vous inviter à la lecture du livre.  

Est-ce qu'il y a des anecdotes que vous aimeriez nous livrer ?

MB : Ce livre est basé essentiellement sur des observations directes, des trajectoires de vie et la parole de personnes du milieu (militant-e-s, élu-e-s, collaborateurs politiques, etc.). Donc l'ensemble permet une liberté de ton alors que le milieu n'y est pas toujours propice. Les premiers retours des lecteurs sont très encourageants car ils y découvrent des pratiques et des comportements qu'ils ne soupçonnaient pas. Ce sujet est complétement d'actualité car il traite de l'accès et du partage du pouvoir. Quoi de plus important dans une démocratie ?   

Ecrivain, une vocation supplémentaire pour vous ?

MB : En tant que sociologue, je continue à être chercheure voire auteure. J'écris sur le réel pas sur de la fiction quoique j'aimerais beaucoup... Donc ça fait partie du "job" si j'ose dire que d'écrire.

Quels sont vos projets professionnels ? Peut-être un autre livre ?

MB : Principalement dans la continuité, en poursuivant dans l'enseignement et la recherche. D'autres recherches : bien sûr, sur des thèmes proches ou variés, les idées ne manquant pas. Un autre livre : pourquoi pas mais c'est un gros travail qui mobilise beaucoup de temps et d'énergie donc ça ne viendra pas tout de suite. Pour le moment, c'est un peu tôt pour s'avancer mais si cela vous intéresse, ce sera avec plaisir que je reviendrai vous en parler.

Infos pratiques :

A Besançon, le livre de Mérabha Benchikh se trouve à la boutique Les Sandales d'Empédocle et au magasin Chapitre (ancien Forum).

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