Maintenir la production de trains à Belfort "impossible" ? Début du bras de fer entre Alstom et le gouvernement

Publié le 13/09/2016 - 12:21
Mis à jour le 13/09/2016 - 15:23

La pénurie de commandes rend « aujourd’hui impossible (…) un avenir pérenne pour les activités du site de Belfort », affirme ce mardi 13 septembre 2016 le patron d’Alstom, Henri Poupart-Lafarge, dans un message aux salariés du groupe. Damien Meslot, le député-maire de Belfort s’est dit « choqué » par ce mail. Dans le même temps, le premier Ministre Manuel Valls a réaffirmé qu’il était « hors de question » que le site d’Alstom à Belfort ferme. Le secrétaire d’Etat à l’Industrie, Christophe Sirugue, a pour sa part assuré que l’Etat n’avait pas été « informé du tout«  de la volonté d’Alstom d’arrêter la production ferroviaire sur son site de Belfort, ce qui constitue à ses yeux une « faute« . 

 ©
©

Pourquoi le dossier s’envenime…

Dossier empoisonné à huit mois de la présidentielle, Alstom est devenu ce mardi 13 septembre 2016 l'enjeu d'un bras de fer entre son PDG Henri Poupart-Lafarge et l'exécutif. Le premier reste inflexible sur son projet de quasi-fermeture de l'usine de Belfort, le second a promis de tout faire pour la pérenniser. 

  • une assemblée générale des salariés d'Alstom est prévue ce mardi à 14h30 dans la cour du site à Belfort

"Aucune locomotive n'a été commandée depuis plus de 10 ans à Alstom en France et la production des motrices TGV, non assurée après 2018, est au rythme le plus bas de son histoire", explique M. Poupart-Lafarge "Nous avons maintenu une production à Belfort aussi longtemps que nous l'avons pu", assure-t-il, ajoutant avoir "alerté les pouvoirs publics sur cette situation depuis plusieurs mois".

Le groupe a annoncé la semaine dernière son intention de transférer sa production de locomotives de Belfort à Reichshoffen (Bas-Rhin) d'ici 2018, provoquant une cascade de réactions politiques et un bras de fer avec le gouvernement.

  • Alstom n'envisage ni fermeture de son site franc-comtois, ni plan social, mais environ 400 salariés se verront proposer des postes dans d'autres usines du groupe dans l'hexagone.

 "Nous devons faire ce choix aujourd'hui pour préserver les emplois et la position des autres sites du groupe", affirme M. Poupart-Lafarge, promettant que l'entreprise "mettra tout en oeuvre pour qu'il n'y ait pas de départs contraints". "Nous avons décidé d'annoncer très en amont ce projet afin de prendre le temps nécessaire à une telle réorganisation", poursuit-il, estimant qu'un regroupement des activités à Reichshoffen est "cohérent géographiquement afin d'aider la mobilité des employés"

Damien Meslot "choqué"

Damien Meslot se dit "profondément choqué" par le courriel envoyé par le PDG d’Alstom aux salariés, indiquant que la fermeture du site d’Alstom Belfort est inéluctable."Je trouve ce mail profondément choquant. Comment Monsieur Poupart-Lafarge peut tenir ces propos avant même d’avoir rencontré les élus locaux et alors que le Gouvernement s’engage dans le même temps à préserver le site ‘dans les mêmes proportions qu’aujourd’hui’ ?" s'étonne  le député-maire de Belfort. "Cela démontre une volonté manifeste de ne pas préserver l’emploi en France et à Belfort. Ce message est d’une violence et d’un mépris inouïs vis-à-vis des salariés et des élus. Cette situation ne peut pas être inéluctable et j’exigerai du PDG d’Alstom, lors de notre entretien, des solutions allant dans le sens des annonces du Gouvernement".

  • Le député maire  appelle l’ensemble des habitants à se réunir autour des élus et des organisations syndicales pour une opération ‘Belfort ville morte’ le samedi 24 septembre 2016 à 14h, à la Maison du Peuple à Belfort. Il réclame le soutien des commerçants belfortains en les appelant à baisser leur rideau de 14h à 15h à cette occasion. 

Manuel Valls : "Hors de question que le site de Belfort ferme" 

En parrallèle, Manuel Valls a déclaré ce mardi 13 septembre 2016 à Verdun qu'il était "hors de question que le site (d'Alstom) de Belfort ferme", ajoutant à l'adresse des salariés du groupe qu'"ils peuvent avoir confiance dans l'action du gouvernement pour pérenniser le site, l'emploi et l'avenir d'Alstom". 

"Nous travaillons sur la commande publique". "Il y a un certain nombre de dossiers qui avancent bien, à la fois à l'étranger, je pense à l'Italie, mais aussi en France. Cela demande encore quelques jours, quelques semaines, pour certains quelques mois avant de les finaliser", a indiqué Manuel Valls. 

"Ce que je demande moi, c'est un peu de patience dans les jours qui viennent, qu'on ne s'emballe pas et qu'on ait comme objectif la pérennité, et là-dessus je suis très clair, très ferme, très déterminé, du site de Belfort", a poursuivi le chef du gouvernement, qui appelle à mettre "de côté certaines déclarations (qui) nuisent au bon entendement de ce dossier par nos compatriotes". 

L'exécutif est critiqué pour son attentisme dans ce dossier, alors que l'Etat détient 20% des voix au conseil d'administration d'Alstom. Alstom, "c'est une entreprise privée mais qui vit beaucoup grâce à la commande publique, à l'action de l'Etat, de ses grands opérateurs, je pense bien sûr à la SNCF, à la RATP, aux trains régionaux, aux collectivités territoriales, aux régions, aux grandes agglomérations", et "vit beaucoup 
grâce aux exportations, grâce aux marchés que nous obtenons ensemble et sur 
lesquels le gouvernement et le président de la République se battent", a rappelé Manuel Valls. 

Sirugue : Ne pas avoir prévenu l'Etat est une "faute" de la part d'Alstom

"A l'évidence, l'ensemble des acteurs économiques et politiques connaissent la difficulté du carnet de commandes d'Alstom", a-t-il déclaré sur LCI. "Ce dont nous n'étions pas informés du tout, c'est de la proposition formulée par le PDG d'Alstom qui aboutit à la fermeture du site de Belfort", a ajouté M. Sirugue. 

L'Etat n'était pas au courant "pour une raison assez simple, c'est que le PDG n'a pas fait cette information devant les instances normales de l'entreprise, c'est-à-dire devant le conseil d'administration", dans lequel siège un représentant de l'Etat, a-t-il remarqué. "C'est une faute qui a justifié que nous puissions demander au PDG d'Alstom de venir à Bercy, de nous expliquer ce qui s'était passé, de lui dire très clairement que nous trouvions ce procédé tout à fait scandaleux", a-t-il affirmé. Le patron d'Alstom Henri Poupart-Lafarge avait été convoqué à Bercy jeudi au lendemain de l'annonce par le constructeur ferroviaire de l'arrêt de sa production de trains à Belfort d'ici deux ans, à cause d'une pénurie de commandes. 

Interrogé sur une éventuelle aide de l'Etat à l'entreprise, M. Sirugue a répondu: "Est-ce que c'est (apporter de l'argent, NDLR) au capital d'Alstom ? La réponse est non. Est-ce que c'est pour essayer d'accompagner les opérations ? Nous verrons en effet dans le tour de table ce qu'il est possible de faire.

(Avec AFP)

Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

alstom belfort

Le syndicat FO Alstom s’inquiète de l’avenir du site dans une lettre ouverte adressée à Emmanuel Macron

Le syndicat central FO Alstom exprime ses inquiétudes sur l’avenir d’Alstom depuis son mariage ferroviaire avec Siemens dans une lettre ouverte au président de la République. Depuis le 27 septembre 2017,  Siemens est entré au capital d’Alstom à hauteur de 50 % dans le cadre d’un rapprochement « entre égaux ». L’État français n’est pas actionnaire du groupe. 

Le plan de sauvetage d’Alstom Transport confirmé par Bruno Le Maire

Suite à une rencontre avec les élus locaux et le préfet du Territoire de Belfort ce vendredi 4 août à Bercy, le ministre de l’Économie a déclaré qu’au-delà du plan de sauvetage, il était nécessaire de réfléchir à des mesures à plus long terme pour définir une véritable stratégie industrielle pour le groupe Alstom.

La SNCF confirme la commande de 15 TGV à Alstom

Le conseil d’administration de SNCF Mobilités a approuvé ce jeudi 23 février 2017  la commande au constructeur Alstom de 15 rames TGV, annoncée en octobre par le gouvernement pour sauver le site de Belfort, a indiqué la SNCF

Alstom : des élus demandent à François Hollande “d’user de toute son influence pour déclencher les commandes”

Dans une lettre ouverte datant de ce mardi 21 février 2017 au président de la République François Hollande, quatre élus du Territoire de Belfort lui demandent de « rassurer » les salariés d’Alstom en usant « de toute son influence pour déclencher » les commandes citées dans le plan de sauvetage de l’État. Une lettre qui prépare la visite du président à l’usine de Belfort ce mercredi 22 février.

Economie

Shopping de Noël : chocolats et fantaisies glacées de Noël de la pâtisserie Baud

1 jour 1 cadeau • Jusqu’au 21 décembre 2025, suivez notre rubrique "Le Shopping de Noël" sur maCommune.info avec une idée cadeau par jour pour vous aider à préparer Noël et gâter vos proches.Aujourd’hui, coup de projecteur sur les fantaisies glacées de Noël de la pâtisserie Baud. 

Une première concession Agency Car s’implante en Franche-Comté

Le réseau spécialisé dans les véhicules premium vient de s’implanter dans le secteur de Belfort-Montbéliard en ouvrant une concession à Brognard le 15 décembre dernier. Une ouverture qui, pour le groupe, vise à "accélérer le développement du réseau d’Agency Car, qui comptabilise 11 franchises en France".

En moyenne les habitants de Bourgogne-Franche-Comté consacre 385€ à leur budget de Noël

Depuis plusieurs années, le pouvoir d’achat des habitants de Bourgogne-Franche-Comté est en berne. Et cette érosion se répercute sur les fêtes de fin d’année. C’est en tout cas ce que démontre la dernière enquête menée par la plateforme Ankorstore. En 2025, le budget moyen consacré par les habitants pour Noël sera de 385€, en recul de 255 € par rapport à 2023. Soit un budget en baisse de plus de 40% et qui correspond à l’un des plus bas de l’Hexagone.

Shopping de Noël : le sac à outils Facom de Leroy Merlin…

1 jour 1 cadeau • Jusqu’au 21 décembre 2025, suivez notre rubrique "Le Shopping de Noël" sur maCommune.info avec une idée cadeau par jour pour vous aider à préparer Noël et gâter vos proches. Aujourd’hui, coup de projecteur sur un sac à outils Facom qui nous vient tout droit de Leroy Merlin…

Tourisme hivernal : une nouvelle formule de séjour à Métabief avec le Pass Méta’

La Station de Métabief et le Haut-Doubs proposent cet hiver une nouvelle formule touristique destinée à faire découvrir la montagne jurassienne à travers un séjour combinant hébergement, restauration et activités. Présentée comme "une offre de séjour insolite et attractive", cette initiative vise aussi bien les vacanciers que les visiteurs occasionnels souhaitant explorer la région sur plusieurs jours.

Dermatose bovine en BFC : des syndicats agricoles appellent à une gestion “fondée sur la responsabilité collective”

Dans un communiqué commun du 17 décembre 2025, la FRSEA Bourgogne Franche-Comté et les Jeunes Agriculteurs de la région alertent sur la nécessité de maintenir une stratégie rigoureuse de gestion des risques sanitaires face à la dermatose nodulaire contagieuse (DNC). Les organisations insistent sur une approche strictement sanitaire et collective pour faire face à la crise.

Shopping de Noël : un combo massage & flottaison chez Cocon

1 jour 1 cadeau • Jusqu’au 21 décembre 2025, suivez notre rubrique "Le Shopping de Noël" sur maCommune.info avec une idée cadeau par jour pour vous aider à préparer Noël et gâter vos proches. Aujourd’hui, coup de projecteur sur un combo massage & flottaison chez Cocon Flottaison.

L’association Arc Horloger devient l’Observatoire des savoir-faire en mécanique horlogère et en mécanique d’art

À l’occasion de son 5ème Forum annuel, qui s’est tenu le 12 décembre 2025 à Plan-les-Ouates, Arc Horloger s’est penché sur les écosystèmes horlogers et sur la place des femmes dans l’horlogerie. Les président et vice-président Richard Vaucher et Thierry Bailly ont également présenté leur vision de l’association pour les années à venir.

En redressement judiciaire, le groupe industriel ACI dispose d’un délai jusqu’au 4 février pour trouver un repreneur

La holding industrielle ACI était examinée ce mardi 16 décembre 2025 par le tribunal des activités économiques (TAE) de Lyon. Placé en redressement judiciaire depuis le 25 septembre dernier, le groupe bénéficie d’une prolongation de sa période d’observation jusqu’au 4 février 2026 afin de rechercher un repreneur.

Bourgogne Franche-Comté : l’industrie automobile encore en perte de vitesse en 2025

Selon une étude de l’Insee Bourgogne-Franche-Comté publiée le 16 décembre 2025, l’industrie automobile régionale poursuit son ralentissement en 2025. Sur fond de baisse des immatriculations, de climat des affaires dégradé et de repli de l’emploi salarié, la filière reste confrontée à une activité en recul quasi continu depuis le rebond post-Covid. L’analyse met également en lumière l’affaiblissement des embauches durables, la diminution du recours à l’activité partielle et les contrastes à l’œuvre dans un secteur marqué à la fois par des difficultés persistantes et par la montée en puissance des véhicules électriques.

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 8.21
légère pluie
le 20/12 à 09h00
Vent
0.6 m/s
Pression
1016 hPa
Humidité
95 %