- Etude réalisée par Guillaume Volmers (Insee), Céline Rouot, Émilie Vivas (Direction régionale de l'économie, de l'emploi, du travail et des solidarités)
En 2025, la filière automobile en Bourgogne-Franche-Comté poursuit son repli. ”Sur les dix premiers mois de l’année 2025, l’activité dans l’industrie automobile en Bourgogne-Franche-Comté, mesurée par les heures rémunérées, recule de 3 % par rapport à la même période de l’année précédente”, selon l'Insee. Cette évolution s’inscrit dans une tendance négative amorcée après le rebond post-Covid de fin 2020, dans un contexte où ”le climat des affaires de l’industrie automobile national [est] en baisse, en deçà de sa moyenne de longue période”.
Le ralentissement est également visible du côté de la demande. Les ventes de voitures neuves en France ”devraient s’établir entre 1,6 et 1,7 million de véhicules sur l’année, soit 300 000 à 400 000 de moins qu’en 2019”. La hausse marquée des prix explique en partie cette situation : ”l’augmentation du prix des voitures neuves (+40 % sur six ans) freine le renouvellement du parc”. À cela s’ajoute un comportement attentiste des consommateurs, lié ”aux incertitudes sur la réglementation et les aides publiques”.
Les véhicules électriques gagnent du terrain
Dans ce contexte morose, le segment des véhicules électriques affiche une dynamique différente. ”Depuis le mois d’août, [les voitures 100 % électriques] dépassent les 20 % de part de marché dans le neuf et représentent une vente sur quatre au mois de novembre.” Ce niveau inédit s’explique notamment par ”le succès de la location avec option d’achat pour les ménages modestes, soutenue par des aides publiques”, ainsi que par ”l’obligation pour les entreprises d’intégrer au moins 20 % de voitures 100 % électriques dans leurs flottes”, selon l'Insee.
Forte diminution des effectifs salariés
La contraction de l’activité se traduit par une dégradation de l’emploi. ”Fin juin 2025, un peu plus de 36 400 salariés travaillent dans l’un des 362 établissements de la filière automobile en Bourgogne-Franche-Comté.” Sur un an, ”l’emploi salarié diminue de 5 %”. Tous les segments sont touchés, ”en particulier celui de l’ingénierie (-15,9 %)”. Les deux principaux segments en termes d’emplois, la construction automobile et la fabrication d’équipements automobiles, enregistrent respectivement ”-5,7 %” et ”-5,2 %”. Seul ”le commerce intra-filière reste stable”.
À ces emplois permanents s’ajoutent 5.150 intérimaires, dont le nombre recule légèrement à l’échelle de la filière. Le rebond observé dans la construction automobile ( +23,9 % ) ne suffit pas à compenser les baisses enregistrées dans la fabrication d’équipements automobiles ( -9,6 % ) et dans la fabrication de biens intermédiaires ( -12,6 % ).
Les résultats économiques des entreprises contribuent également à cette situation. Entre 2023 et 2024, ”les chiffres d’affaires et les taux de marge brute d’exploitation baissent respectivement de 8,9 % et 5,0 %” pour près de 200 PME régionales de la filière.
Moins d’embauches et un recrutement durable affaibli
Le ralentissement se reflète dans les flux de main-d’œuvre. ”Les établissements de la filière ont embauché 1.700 salariés au cours du premier semestre 2025, soit 14,4 % de moins que lors de la même période en 2024, déjà à un niveau bas.” Le recrutement durable recule : ”la proportion de salariés bénéficiant d’un contrat à durée indéterminée (CDI), à 67 %, marque un retrait de deux points comparée à l’année précédente”. Cette part demeure toutefois supérieure à celle de l’ensemble de l’industrie régionale.
Les situations varient selon les segments. ”La part de CDI atteint 95 % dans la construction automobile”, contre 64 % dans la fabrication d’équipements automobiles et un peu plus de 50 % dans la fabrication de biens intermédiaires. Parallèlement, ”les offres d’emploi déposées à France Travail diminuent”, souligne l'étude.
Dans le même temps, les sorties de la filière augmentent :”2.500 salariés ont quitté la filière automobile, soit 4,8 % de plus qu’en 2024.” La majorité de ces départs correspond à des ruptures de contrat, la démission restant le premier motif dans trois cas sur dix, bien que ce choix ”soit en recul de neuf points par rapport à la période 2022-2024”. À l’inverse, ”les ruptures pour licenciements progressent pour atteindre un peu moins de 500 au premier semestre 2025”.
Un recours moindre à l’activité partielle
Le chômage partiel est moins mobilisé au premier semestre 2025. Cette évolution s’explique ”par une baisse des effectifs pérennes ces dernières années, ainsi que par une meilleure disponibilité des matériaux et des pièces détachées”. Toutefois, des incertitudes subsistent : ”en fin d’été, les tensions commerciales sino-américaines ont suscité de nouvelles inquiétudes sur l’approvisionnement en semi-conducteurs”, explique l'Insee Bourgogne Franche-Comté.
Quelles orientations pour la réglementation européenne ?
Un débat est en cours au niveau européen sur l’avenir du cadre réglementaire. Parmi les pistes évoquées figurent l’homologation de moteurs à combustion à haut rendement, le recours aux hybrides rechargeables ou encore aux moteurs fonctionnant avec des agrocarburants. Les discussions portent aussi sur le seuil de contenu européen dans la fabrication d’un véhicule, ainsi que le prix de la voiture électrique pour la rendre accessible à tous, en lien avec des aides financières à destination des industriels et/ou des consommateurs.


