Festivals de musique: derrière le succès, un modèle économique encore fragile

Publié le 20/10/2014 - 15:39
Mis à jour le 20/10/2014 - 18:10

45  ans après Woodstock, les festivals de musique n’ont jamais attiré autant de monde. Pour exemple, les Eurockéennes de Belfort ont battu un nouveau record en 2014 avec 102.000 festivaliers sur trois jours. Mais selon des organisateurs européens et québécois réunis la semaine dernière à Paris,  l’équilibre économique des festivals reste fragile en raison de la baisse des subventions et la hausse des cachets des artistes. Dans ce contexte, le concept du No Logo Festival fait office de précurseur.

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Plutôt que les subventions publiques, la "crédibilité" de la programmation et la "bonne connaissance" de son public sont les "clés" pour faire revenir les festivaliers, résume Christof Huber, patron de l'OpenAir Festival de Saint-Gallen en Suisse, l'un des invités du 5e MaMA (Marché des musiques actuelles) réservé aux professionnels.

Venus de Suisse, de Serbie, de Slovaquie, du Québec et de France, six organisateurs étaient conviés à débattre de la fragilité économique des festivals dans le contexte de crise économique, qui pèse sur le portefeuille des collectivités comme celui des festivaliers. 

2.000 festivals organisés en France en 2013 

Avec la crise du disque, depuis le début des années 2000, la scène et les festivals ne cessent de se développer comme source de revenus indispensable aux artistes. À titre d'exemple, en France, près de 2.000 festivals ont été organisés en 2013, dont près de 1.500 de musiques actuelles, selon des chiffres dévoilés en avril dernier au Printemps de Bourges. 

En termes de financement, ces festivals dépendent encore largement de subventions publiques, selon l'étude Festudy parue fin 2013 et portant sur 400 manifestations en Europe et au Québec. De façon globale, les subventions représentent en moyenne environ 45% du budget des festivals, leur part étant plus importante dans la musique classique (54%) que dans le rock (31%).    

Un festival, une "marque"

Au-delà de la fragilité des ressources publiques, "les gens ont surtout de moins en moins d'argent à dépenser dans les shows et les concerts", constate pour sa part Ivan Milivojev, l'un des fondateurs du fameux festival Exit, organisé dans une ancienne forteresse qui domine Novi Sad, en Serbie. Même constat de la part du Main Square Festival d'Arras, en France, qui a dû revoir ses tarifs à la baisse en 2013 après une année difficile en 2012.

Aurait-il senti le vent tourner ? Florent Sanseigne, un des organisateurs du "No Logo Festival" a décidé en 2013 de monter un festival nouveau concept  basé sur l'unique adhésion du public : pas de subvention, pas de sponsoring, pas de mécénat. "On a effectivement un festival sans subvention publique, mécénat ou sponsoring privé" expliquait-il fin août alors que la seconde édition du festival aux Forges de Fraisans dans le Jura avait attiré 24.000 festivaliers malgré des conditions météo peu favorables. "Notre festival  est en semaine, sur un mercredi jeudi vendredi, donc pas en concurrence avec les festivals européens. Par ailleurs, on demande  tout le monde de faire des efforts. On arrive à grappiller quelques milliers d'euros à droite à gauche. Jimmy Cliff ? C'est très cher ! Mais, nous avons des relations dans le milieu, car nous sommes tourneurs et nous connaissons bien nos confrères à qui on parle du concept du festival qui séduit. Le site des Forges de Fraisans est loué à la mairie. Pour les champs, on calcule avec les agricultures leur taux de rendement en fonction de la culture qu'il font pour les rémunérer et nous n'avons pas de bénévoles. Tout le monde est payé ... donc le festival doit être remplis pour qu'il soit viable…" 

  Mais selon la plupart des professionnels, il est difficile, voire même impossible, pour les festivals, à moins d'être l'un de ceux incontournables de l'été de répercuter la hausse des cachets réclamés par les artistes ainsi que celle des frais de production. Tous ne peuvent pas non plus faire venir les groupes deux week-ends de suite pour rentabiliser les installations, comme le géant californien de Coachella. La plupart d'entre eux ne voient pas comme une solution le développement de secteurs VIP, à l'image des loges dans les stades de football.

Inventer pour exister 

Plus que les têtes d'affiche elles-mêmes, c'est "le festival" qui doit être la star, confirme Michal Kascak, patron du festival slovaque de Pohoda. "En créant quelque chose de spécial autour de votre festival, vous pouvez survivre sans très grosses têtes d'affiche", estime-t-il. 

Pour exemple, le vénérable festival d'été du Québec, né en 1968, a ainsi crédibilisé année après année sa "marque", en travaillant notamment sa programmation à l'attention des plus jeunes, selon son directeur Daniel Gelinas. Fort de sa renommée, le festival québécois, qui réunit en onze jours plus d'un million de festivaliers autour de concerts gratuits et payants, a ainsi réussi l'an dernier l'exploit de vendre 75.000 billets avant même d'avoir dévoilé les premiers noms de sa programmation.

(Avec AFP)

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