Le summerbody, on adhère ou on s’en libère ? Deux diététiciennes bisontines nous répondent...

Publié le 04/07/2023 - 11:02
Mis à jour le 04/07/2023 - 11:44

A l’approche des vacances d’été, une question lancinante infuse inexorablement l’esprit des femmes : faire ou ne pas faire le summerbody ? Telle est la question estivale. Chloé Vuillemin et Valentine Caput, diététiciennes à Besançon, nous donnent des éléments de réflexion pour prendre du recul sur une injonction qui continue de modeler les corps et les consciences. Ou pas.

Mais au fait, c’est quoi exactement, le "summerbody" ?

A cette question, Chloé Vuillemin et Valentine Caput parlent de concert : "faire le summerbody, c’est préparer son corps pour l’été, avec l’idée de perdre du poids, jusqu’à atteindre le corps qu’on juge acceptable pour se montrer en maillot de bain à la plage", explique Chloé. "C’est la recherche du corps parfait", résume Valentine, "la norme morphologique dictée par les injonctions de notre société, c’est-à-dire la taille 36", continue Chloé. Et de préciser : "En fait ces diktats autour du corps sont là toute l’année, mais ils sont d’autant plus forts à l’approche de l’été. Dès que le corps est plus visible revient ce -problème- du poids à perdre".

Le summerbody ne serait-il réservé qu’aux femmes ?

"Non bien sûr. Tout le monde est touché puisque tout le monde subit le regard des autres. Mais les femmes sont davantage influencées, car le rapport au corps est différent entre les hommes et les femmes. Derrière le summerbody, il y a un enjeu de conformité à la norme et in fine d’intégration au groupe très fort pour les femmes", explique Valentine Caput. Cette pression sur le corps des femmes est d’autant plus ancrée qu’elle apparaît très tôt : "Dès 3 ans, les petites filles ont déjà intégré les idéaux de minceurs en tête", abonde Chloé Vuillemin.

A l’heure du mouvement bodypositive (mouvement pour l'acceptation et la reconnaissance de l'ensemble des corps, à rebours des injonctions à la minceur, ndlr), le summerbody est-il toujours d’actualité en 2023 ?

A cette question, les deux diététiciennes sont plus partagées. Si pour Valentine Caput faire le summerbody serait aujourd’hui une pratique "désuète", de son côté Chloé Vuillemin affirme que "faire le summerbody est une injonction qui reste très prégnante. Il n’y a qu’à regarder les couvertures de magazines féminins les plus vendus, l’idée plus ou moins sous-entendue c’est toujours comment perdre du poids avant l’été".

Valentine Caput, diététicienne à Besançon © VC

Néanmoins, "c’est vrai que les représentations sont en train en changer. Je vois plus de morphologies différentes, plus de poils, plus de diversité", reconnait-elle. Chloé est tout de même mitigée au sujet du mouvement bodypositive : "si le mouvement body positive était chouette au début, je trouve qu’il a été malheureusement repris par des femmes blanches, minces, jeunes. In fine on retombe dans les valeurs portées par la norme", conclut-elle.

Que répondez-vous aux patient(e)s qui déclarent vouloir le faire ?

"C’est leur choix bien sûr, mais avant de s’engager il faut se demander pourquoi on le fait. (…) Il ne faut pas que ça devienne un fardeau individuel à porter. Bien sûr on ne peut pas se libérer du jour au lendemain des injonctions, mais on peut se documenter pour comprendre comment elles fonctionnent. C’est pourquoi j’échange beaucoup avec mes patientes sur les raisons de leur décision et je leur donne des conseils de lecture : Beauté fatale de Mona Chollet, ou encore Un corps à soi de Camille Froidevaux-Metterie sont deux exemples d’œuvres qui nous font comprendre une chose, c’est que l’industrie de la mode et du luxe ont tout intérêt à ce que les femmes soient toujours insatisfaites. Cela permet de prendre du recul pour comprendre qu’il s’agit avant tout d’un diktat venant de l’extérieur, d’un environnement culturel et social qui nous dépasse, nous inculquant qu’on peut toujours faire mieux", analyse Chloé Vuillemin.

"Le problème, c’est que ça perpétue l’idée d’un contrôle total sur son corps, ce qui est une illusion. Le corps n’est pas modelable à l’envie.", précise Valentine Caput.

A partir de quand cela devient-il un problème ?

"C’est d’abord un problème pour l’estime de soi en renvoyant l’idée que le corps n’est jamais assez bien, on l’a dit. Là où ça peut devenir dangereux c’est lorsque la volonté de perdre du poids déséquilibre l’alimentation jusqu’à se mettre physiquement en danger. (…) Contrôler sa glycémie toute la journée ou supprimer tous les féculents peut devenir problématique si l’on n’a pas de raisons médicales de le faire. Faire du sport de manière compulsive aussi (…)  Les régimes restrictifs sont la porte d’entrée des troubles des conduites alimentaires", affirme Chloé.

Chloé Vuillemin © Alexane Alfaro

Que dire à un lecteur / une lectrice qui lira l’article et qui aimerait faire le body positive ?

"Je lui répondrais que c’est son choix, il n’y a pas de mauvaise raison de perdre du poids tant que ça ne nous met pas en danger, mais je lui recommanderais de questionner ses motivations réelles, de prendre du recul sur ce qui le/la pousse à faire le summerbody. Plusieurs semaines ou mois de frustrations valent-ils le coup pour se sentir bien à la plage ?", questionne ouvertement Chloé Vuillemin. Pour elle, la réponse est toute trouvée : "Les congés d’été sont censés être synonymes de moments de relâche et de plaisir, ce serait dommage de passer son temps à compter les calories ou à vérifier en permanence qu’on ne voit pas trop son corps", déclare-t-elle.

Valentine Caput rappelle que "le corps parfait n’existe pas ". Et Chloé de conclure : "Et dans tout ça qu’est-ce qu’on fait du plaisir de manger ?".

Deux arguments de poids pour pencher dans la balance de notre réflexion cet été.

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