Marche contre l’antisémitisme : 182.000 personnes ont défilé dans toute la France

Publié le 13/11/2023 - 09:15
Mis à jour le 13/11/2023 - 09:23

Une foule très nombreuse, un signal adressé par les Français : plus de 100.000 personnes ont défilé dimanche à Paris et des dizaines de milliers d'autres partout en France pour la "grande marche" contre l'antisémitisme, en présence d'une bonne partie de la classe politique, mais sans le chef de l'État ni l'opposition de gauche radicale.

Pour la République, contre l'antisémitisme: derrière ce mot d'ordre, la tête du cortège s'est élancée depuis le parvis de l'Assemblée nationale avant de s'arrêter à plusieurs reprises pour entonner la Marseillaise. Peu de pancartes ou de banderoles, mais les drapeaux tricolores étaient de sortie.

L'esplanade des Invalides, point de départ de la marche, est restée longtemps emplie d'une foule compacte, témoignant d'une très forte affluence. Les manifestants étaient précisément 105.000 à Paris, selon la police, mais aussi 7.500 à Marseille ou encore 3.000 à Lyon et Strasbourg.

Au total, le ministère de l'Intérieur a totalisé en fin de journée 182.000 participants, dont la capitale, dans plus de 70 villes.

"Je ne pensais pas devoir manifester un jour contre l'antisémitisme", a témoigne auprès de l'AFP Johanna, 46 ans, secrétaire médicale en Seine-Saint-Denis, venue pour la seule raison qu'on ne doit pas avoir peur d'être juif. Comme beaucoup, elle a préféré ne donner que son prénom.

Les politiques au premier rang

Un carré de personnalités politiques, au premier rang desquelles les deux têtes du Parlement, Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher, à l'initiative de cette marche, ainsi que la Première ministre Elisabeth Borne, les ex-présidents Nicolas Sarkozy et François Hollande, et le président du Crif Yonathan Arfi. "On est heureux et rassurés que les Français aient répondu présents", a dit Yaël Braun-Pivet. Notre ordre du jour, c'est la République, a résumé M. Larcher, prônant un sursaut citoyen face à l'explosion du nombre d'actes hostiles aux juifs depuis les massacres du Hamas en Israël le 7 octobre et la riposte militaire massive qui a suivi.

La France compte la communauté juive la plus nombreuse d'Europe, avec environ 500.000 personnes, qui vivent côte-à-côte avec des millions de musulmans. L'augmentation des actes antisémites est un des signes d'une importation redoutée du conflit.

"Je suis juif et j'ai pas envie de me cacher pour pouvoir vivre tranquillement", témoigne Lucas, 17 ans, lycéen en banlieue parisienne. "C'est une cause pour laquelle tout le monde devrait se sentir concerné", a jugé le grand rabbin de France Haïm Korsia, regrettant que le sujet ait tourné au pugilat politique, une honte. "Les postures n'ont pas leur place dans cette manifestation", a mis en garde Elisabeth Borne dimanche matin, ciblant à la fois La France insoumise dont l'absence parle d'elle-même, et le Rassemblement national dont la présence ne trompe personne.

Quelques tensions à signaler

"Nous sommes exactement là où nous devons être", a rétorqué Marine Le Pen quelques heures plus tard depuis les Invalides, fustigeant la petite politique politicienne de ses détracteurs qui soulignent depuis plusieurs jours le passé antisémite de son parti. Elle a reçu un soutien inattendu d'Edouard Philippe, l'ancien Premier ministre d'Emmanuel Macron qui, tout en combattant le RN, ne fait pas le tri des bonnes volontés qui veulent lutter contre l'antisémitisme.

Pour des électeurs d'extrême droite comme Christine, retraitée de 71 ans rencontrée dans la manifestation, on est en train de faire passer le RN pour un parti anti-juif à cause des mots maladroits de son fondateur Jean-Marie Le Pen.

La présence du RN était cependant source de quelques tensions dans le défilé. Un groupe de militants juifs de gauche a ainsi brièvement essayé de s'opposer à sa participation au début de la manifestation.

Les partis de gauche Europe Ecologie-Les Verts, PS et PCF ont eux choisi de s'afficher derrière une banderole commune contre l'antisémitisme et tous les fauteurs de haine et de racisme dans une démarche de cordon républicain face à l'extrême droite, qui a défilé en queue de cortège.

Emmanuel Macron absent

Emmanuel Macron, lui, a décidé de ne pas défiler. Le président s'est adressé aux Français samedi soir, par le biais d'une lettre dans le journal Le Parisien. Il y a déploré l'insupportable résurgence d'un antisémitisme débridé. Une France où nos concitoyens juifs ont peur n'est pas la France, a-t-il écrit, en lançant un appel à l'unité du pays derrière son universalisme.

Mais la France insoumise manquait à l'appel. Le parti de gauche radicale, accusé d'ambivalences sur l'antisémitisme, boycottait la manifestation du fait de la présence du RN. Jean-Luc Mélenchon a affirmé en fin de journée que les organisateurs avaient échoué à reproduire les mobilisations générales du passé.

Signe d'une fracture grandissante, le dépôt de gerbe organisé par LFI en fin de matinée près de l'emplacement de l'ancien Vel d'Hiv a été perturbé par un groupe de contre-manifestants arborant des pancartes Touche pas à la mémoire.

Les responsables musulmans étaient par ailleurs divisés, plusieurs organisations ayant déploré que l'appel à manifester ne comporte pas un mot sur l'islamophobie et pointé les amalgames entre islam et antisémitisme.

Environ 500 personnes à Besançon

Dans la capitale comtoise, environ 500 personnes ont répondu à l'appel de la Licra Besançon-Franche-Comté et se sont réunis à 15h dimanche 12 novembre sur l'Esplanade des Droits de l'Homme.

(avec AFP)

Soyez le premier à commenter...

Un commentaire

Laisser un commentaire

Politique

Municipales à Besançon : le Rassemblement national et Némésis main dans la main pour soutenir Jacques Ricciardetti

Trois élu(e)s du Rassemblement national ainsi que la présidente du collectif féministe d’extrême droit Némésis animeront une rencontre publique dans la cadre des élections municipales vendredi 26 septembre 2025 à la salle de la Malcombe à Besançon.

À Besançon, l’eau de la piscine Mallarmé bientôt réutilisée pour arroser le complexe Léo Lagrange ?

VIDEO • Afin de respecter les normes sanitaires, la piscine Mallarmé voit partir chaque jour des litres et des litres d’eau dans les égouts… Et cela depuis des années. Une aberration pour la municipalité, notamment face à la multiplication des épisodes de sécheresse. Elle propose ainsi d’installer deux cuves de 2.000 m2 chacune pour récupérer l’eau et arroser le complexe Léo Lagrange. Le projet sera soumis au vote des élus lors du Conseil municipal du 18 septembre 2025.

Jurisprudence relative aux congés payés : le sénateur Olivier Rietmann écrit au Premier ministre

À la suite de la décision de la Cour de Cassation relative à la récupération de congés payés durant un arrêt maladie, le sénateur de la Haute-Saône, président de la délégation aux entreprises, Olivier Rietmann, a écrit au Premier ministre le 12 septembre dernier pour alerter sur les dangers économiques de la nouvelle législation. 

Christophe Grudler à Berne pour un partenariat visant à améliorer “la vie des citoyens des deux côtés de la frontière”

Christophe Grudler (Mouvement Démocrate / Renew Europe), rapporteur du Parlement européen sur les relations avec la Suisse, sera en mission officielle à Berne (Suisse) les 11 et 12 septembre 2025, dans le cadre d’une délégation de la Commission des affaires étrangères (AFET) du Parlement européen.

Sébastien Lecornu, nouveau Premier ministre, promet des “ruptures”

Des "ruptures" dans "la méthode" mais aussi sur "le fond" : pour sa première prise de parole depuis sa nomination mardi soir, le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu a lancé un message aux Français et aux oppositions mercredi 10 septembre 2025 lors de sa prise de fonctions afin de trouver un compromis permettant la formation d'un gouvernement et l'adoption d'un budget.

10 septembre : pas de jour chômé et rémunéré pour les agents de la Ville de Besançon

Le 5 septembre dernier, l’intersyndicale CFDT, CFTC, CGT, FO, SUD et UNSA avait interpellé la maire de Besançon pour lui demander une journée chômée et rémunérée pour tous les agents de la ville lors de la journée de mobilisation du 10 septembre 2025. Une demande à laquelle Anne Vignot a répondu par la négative le 8 septembre 2025. Une réponse qui déçoit mais "ne surprend pas" les syndicats. 

“Pot de départ” de François Bayrou à Besançon : prochaine mobilisation le 10 septembre

Ce lundi 8 septembre à 20h, plus de 200 personnes se sont retrouvées place du 8 Septembre à Besançon, pour marquer la fin du mandat de François Bayrou et de son gouvernement, écartés après le vote de confiance. L’occasion, pour les participants, de "fêter" ce départ mais aussi de préparer la mobilisation prévue le 10 septembre.

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 13.42
ciel dégagé
le 18/09 à 21h00
Vent
1.5 m/s
Pression
1026 hPa
Humidité
87 %