Vin, bière et fermentation, l'héritage de Pasteur

Publié le 15/06/2022 - 17:34
Mis à jour le 15/06/2022 - 18:11

Bicentenaire • Comment empêcher l'alcool de betterave de tourner au vinaigre ? Ce défi a lancé une vingtaine d'années de travaux et découvertes de Louis Pasteur, le plus célèbre des Jurassiens, sur les fermentations du vin ou de la bière, un héritage moins connu du chercheur français.

En 1855, alors doyen de la faculté des sciences de Lille, Louis Pasteur est saisi par le père d'un étudiant, un industriel du sucre, des problèmes de plusieurs fabricants : leur alcool de betterave prend parfois un goût acide et des vapeurs nauséabondes sortent des cuves.

Le chimiste constate que la fermentation alcoolique est due à des organismes vivants, les ferments, et que, dans les fermentations défectueuses, apparaissent des petits bâtonnets produisant de l’acide lactique. Il met ensuite en lumière, dans son laboratoire parisien de l'École normale supérieure, que chaque fermentation résulte d'un micro-organisme spécifique.

Le chimiste découvre également une nouvelle classe d’êtres vivants, capables de vivre à l'abri de l’air. Il propose les termes "anaérobie" pour les ferments capables de vivre sans air et "aérobie" pour les micro-organismes ayant besoin d’oxygène libre. Microscopes ou ballons à col de cygne, le chercheur explore les fermentations avec des instruments de laboratoire.

Il enquête aussi sur le terrain, en achetant une petite vigne (le Clos des Rosières) à Arbois, ville jurassienne de son enfance, et en étudiant les pratiques de diverses localités vinicoles et les vins malades.

Le vin et ses aléas sont alors un souci jusqu'au sommet de l'État. Napoléon III s'intéresse à un problème ayant déjà préoccupé son oncle, Napoléon Ier.

Louis Pasteur montre notamment que chauffer le vin dénature les ferments problématiques et permet de le conserver intact en bouteille. Le vin est chauffé entre 55°C et 60°C, température à laquelle il ne s'altère pas et garde son bouquet. Une méthode à laquelle il a donné son nom, la pasteurisation.

"Ses travaux sur le vin sont pionniers, ils ouvrent les yeux sur la diversité des microbes, des processus qui les initient, sur l'importance de l'oxygène...", note Gabriel Lepousez, neurobiologiste du laboratoire de recherche Perception et mémoire à l’Institut Pasteur, qui aime se servir de la gastronomie et du vin pour vulgariser les sciences.

Fort de ces trouvailles, Louis Pasteur se plonge aussi, notamment à la demande d'un brasseur de Chamalières, dans les problèmes de bières, parfois altérées par des micro-organismes venant de poussières de l’air.

Il apprend aux brasseurs à préserver les moûts des souillures et à chauffer la bière à 55°C pour prévenir les maladies.

Ces travaux sur les fermentations et les micro-organismes ouvriront ensuite à Louis Pasteur une piste pour la compréhension des maladies infectieuses. Si la pasteurisation du vin finira par tourner court, "Pasteur va faire école" par ses travaux sur le vin, souligne Gabriel Lepousez.

Le neurobiologiste évoque l'un des disciples du chercheur, le chimiste Ulysse Gayon, fondateur de l'institut oenologique de Bordeaux, inventeur de la "bouillie bordelaise" - le sulfate de cuivre utilisé pour combattre le mildiou -, et ancêtre du créateur de la fameuse école oenologique de Bordeaux.

Autre filiation : "Dans les années 1950, on a découvert qu'après la fermentation alcoolique se passe une autre fermentation, par des bactéries, qui, bien contrôlée, va permettre à une bactérie lactique de faire apparaître d'autres arômes", raconte Gabriel Lepousez. "Tout le travail de l'oenologie moderne a été un travail à la Pasteur, en comprenant ce phénomène et en contrôlant ces fermentations".

(Avec AFP)

Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

Culture

L’acteur franc-comtois Damien Jouillerot publie un livre-témoignage sur son enfance harcelée à l’école

Après avoir publié deux ouvrages en tant que dessinateur sous le pseudonyme Gibus, l’acteur franc-comtois poursuivant sa carrière à Paris depuis plusieurs années, publiera un nouveau livre le 21 août 2024, cette fois bien plus personnel et réel, retraçant son passé d’enfant-star à l’écran, victime de harcèlement à l’école, intitulé Harcelé aux éditions Broché, préfacé par Gérard Jugnot.

Soirées estivales à la Saline royale d’Arc-et-Senans

PUBLI-INFOS • Du 11 juillet au 10 août 2024, les jeudis, vendredis et samedis, la Saline royale d’Arc-et-Senans vous invite à deux grands voyages. L’un, vous fait découvrir l’histoire de la Saline grâce à 200 personnes costumées. L’autre, vous permet de suivre Vincent Munier, photographe animalier, des Vosges au Tibet.

Un financement participatif pour la sortie d’un livre sur les 40 ans du cirque plume…

Bernard Kudlak, auteur du livre et metteur en scène, directeur artistique du Cirque Plume, propose un ouvrage retraçant la vie du cirque plume à travers 40 ans d’activités. Ce dernier est financé à hauteur de 10 % ce mois de juillet 2024 avec une somme récoltée de 8.216 euros. Il n’est pas trop tard pour participer…

Le No Logo festival peaufine les derniers préparatifs

Le No Logo Festival revient les 9, 10 et 11 août 2024 aux Forges de Fraisans. Pour cette nouvelle édition placée sous le signe des shows exclusifs et des cartes blanches avec plus de 50% d’artistes qui ne sont jamais venus au festival, les organisateurs ont dévoilé une surprise en clôture de la Dub Factory : L’Entourloop en Soundsystem Exclusive Show. 

Cinéma en plein air à la Citadelle de Besançon chaque jeudi soir du 18 juillet au 29 août

PUBLI-INFO • Cet été, le bel écrin de nature qu’est le Parc Saint-Étienne ne vous offrira pas seulement la vue sur la ville de Besançon. En effet, sa toile estivale s’y installera de nouveau en 2024. Petits et grands, à cette occasion, pourront retrouver chaque semaine des films populaires et intemporels.

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 16.11
couvert
le 27/07 à 06h00
Vent
0.71 m/s
Pression
1014 hPa
Humidité
94 %