Après un demi-siècle à la tête de la Romanée-Conti, Aubert de Villaine passe la main

Publié le 23/03/2022 - 14:10
Mis à jour le 23/03/2022 - 13:18

 © CC2 Ohndo
© CC2 Ohndo

"Nous ne faisions pas un centime de bénéfices": quand Aubert de Villaine rejoint la Romanée-Conti en 1965, son vin ne se vendait pas encore des milliers d'euros. Un demi-siècle plus tard, à 82 ans, le gardien cède la gérance du temple bourguignon, "confiant" en son avenir.

Discrète voire sécrète: l'entrée d'un des plus prestigieux domaines au monde n'est signalée que par des lettres minuscules sur l'interphone d'une grille anonyme, face à l'église de Vosne-Romanée (Côte d'Or), et à l'intersection de la rue du Temps perdu.

Ce n'est pas un château mais une sobre bâtisse monacale. Ici, rien d'ostentatoire. Car le nom seul de Romanée-Conti suffit à faire saliver les critiques de par le monde, et les spéculateurs qui le vendent jusqu'à 50.000 euros la bouteille.

Pourtant, quand Aubert de Villaine naît en 1939, c'est en héritier d'un domaine qui "ne bouclait pas les fins de mois": son père, cogérant, vit alors dans l'Allier où ses fermes assuraient la survie de la Romanée, dit  le discret M. de Villaine dans une très rare interview à la presse.

En fait, ce n'est qu'en 1972 que la Romanée est devenue rentable.

Le jeune Aubert ne jure donc pas d'un avenir dans la vigne. "J'aurais pu être professeur", se souvient-il. Mais en 1964, il rencontre en Californie Robert Mondavi, futur pape des viticulteurs américains. "Sa vision des vins m'a boosté", se souvient M. de Villaine.

Un an plus tard, le jeune Aubert rejoint alors la Romanée, à l'âge de 25 ans. "Avec le recul, je me rends compte que j'avais un œil neuf sans être encombré par un passé". Il reprend en 1974 les rênes de la cogérance traditionnelle du domaine, constituée de sa famille de Villaine et des Leroy, et insuffle un air nouveau.

Le retour aux "fondamentaux"

"Nous avons été des pionniers". Dans les années 1990, il fait adopter le labour à cheval, plus respectueux des sols que les tracteurs.

En 1985, la Romanée est parmi les premiers à se convertir au bio, puis à la biodynamie en 2006.

"Les produits chimiques tuaient cette vie du sol et il fallait apporter des engrais pour compenser: c'était contraire à l'idée de terroir", explique ce défenseur acharné des "climats" (parcelles de vignes) de Bourgogne, dont le classement au patrimoine mondial de l'Unesco, en 2015, lui doit beaucoup. Après avoir échappé à la "parkerisation", cette standardisation du vin visant à plaire au palais du célébrissime critique américain Robert Parker, la Bourgogne "a pris conscience qu'il fallait respecter ses terroirs".

"C'est sa force", assure ce gentleman-vigneron dont la noble allure - chapeau feutré, veste de laine et pantalons de velors côtelé - ne le prive pas d'avoir les pieds solidement ancrés dans la terre. C'est aussi grâce à ce retour "à ses fondamentaux" que la Bourgogne relèvera le défi du dérèglement climatique: "Je suis très confiant qu'elle va s'adapter. Elle en a vu d'autres".

Le cogérant passe donc la main avec le sentiment de laisser le domaine et la région "en bonne forme". Mais il "ne quitte pas" la Romanée: si son neveu Bertrand de Villaine a repris la cogestion en décembre - gardant à ses côtés la représentante des Leroy Perrine Fenal - Aubert de Villaine rejoint le conseil de surveillance, où deux "sages" (un par famille) défendent le domaine mythique, et en particulier son indépendance.

"Nous n'avons jamais eu la moindre approche d'investisseur: on n'ose pas. Car il y a une vraie conscience des associés qu'ils ont entre les mains quelque chose de précieux, une histoire à protéger". On ne pénètre donc pas dans les caves de la Romanée, le saint des saints, sans avoir poussé deux lourds porches et déverrouiller une alarme. Les grands crus mythiques s'alignent: Echezeaux, Romanée, La Tâche... sans qu'on ose calculer combien de millions d'euros dorment dans ce coffre-fort.

"Nous essayons de contrôler la spéculation grâce à la traçabilité. Nous savons exactement qui a acheté telle bouteille et nous les conservons pour des amateurs qui vont boire le vin et non des spéculateurs. Nous ne sommes pas complètement gagnants mais nous essayons".

(AFP)

Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

Economie

Meilleurs marchés de Noël d’Europe 2026 : Montbéliard décroche la 9e place et devient numéro 1 en France

Les résultats du classement European Best Christmas Markets 2025 ont été dévoilés jeudi 27 novembre 2025, et Montbéliard se distingue une nouvelle fois. Organisé par European Best Destinations, en partenariat avec plus de 300 offices de tourisme européens, e palmarès récompense chaque année les marchés de Noël les plus attractifs du continent.

Winer, la start-up franc-comtoise dédiée à la dégustation de vin à l’aveugle digitalisée

Commercialisées depuis le début du mois de novembre 2025 dans tous les cavistes bisontins et sur internet, les bouteilles Winer permettent de rendre accessible à tous une véritable dégustation de vin à l’aveugle. Développé par le Franc-Comtois Romain Beke, la marque, dont l’atelier est basé à Nancray, veut ainsi promouvoir le "consommer moins de vin mais mieux" tout en proposant une expérience conviviale et authentique. 

Shopping de Noël : les coffrets de douceurs de la chocolaterie Le Criollo

1 jour 1 cadeau • Jusqu’au 21 décembre 2025, suivez notre rubrique "Le Shopping de Noël" sur maCommune.info avec une idée cadeau par jour pour vous aider à préparer Noël et gâter vos proches. Aujourd’hui, coup de projecteur sur les coffrets plein de douceurs sur mesure du Criollo à Chalezeule.

Dispositif “Venez vivre en Bourgogne-Franche-Comté : “12.000 personnes se sont inscrites en un an” (P. Ayache)

VIDEO • Face à une baisse démographique constatée dans plusieurs départements, la Région Bourgogne-Franche-Comté a décidé de lancer, aux côtés de 35 collectivités, une démarche inédite appelée "Venez vivre en Bourgogne-Franche-Comté". Après une année d’application, elle a souhaité effectuer un bilan ce 27 novembre 2025.

Dotations en chute libre : les CCI au bord du gouffre, Jean-Luc Quivogne tire la sonnette d’alarme à Besançon

Alors que députés et sénateurs planchent actuellement sur le budget 2026, l’inquiétude gagne de nombreux acteurs, notamment les présidents des Chambres de commerce et d’industrie (CCI), qui redoutent une nouvelle réduction de 30 % des subventions de l’État. Jean-Luc Quivogne, président de la CCI Saône-Doubs à Besançon, craint la fermeture de nombreuses chambres si le gouvernement ne revoit pas sa position.

À bout et en colère, les jeunes agriculteurs de Bourgogne-Franche-Comté s’insurgent contre la Région

Dans une lettre en date du 26 novembre 2025, les Jeunes Agriculteurs de Bourgogne-Franche-Comté s’inquiètent du manque de réponse de la Région et notamment le versement de l’aide aux investissements. Sans solution, ils menacent d’une mobilisation massive dès le 11 décembre prochain…

Bientôt un rooftop avec restaurant au sommet de la CCI Saône-Doubs à Besançon ?

EXCLUSIVITÉ • Le bâtiment de la Chambre de commerce et d’industrie Saône-Doubs, situé avenue Villarceau à Besançon, pourrait bientôt accueillir un rooftop ouvert au public. Selon nos informations, le toit de l’édifice doit faire l’objet d’aménagements destinés à permettre l’implantation d’un restaurant de deux terrasses.

Marché de Noël de Besançon : les exposants écrivent à la Ville pour exprimer leur “inquiétude” et leur “vif mécontentement”

L’ensemble des exposants du Marché de Noël de Besançon a adressé, le 25 novembre 2025, un courrier à la maire Anne Vignot ainsi qu’aux responsables municipaux et de Grand Besançon Développement. Dans cette lettre, ils dénoncent une hausse des coûts, un manque d’aménagements et une organisation jugée défaillante.

Shopping de Noël : une lampe Fermob chez Artémis à Besançon

1 jour 1 cadeau • Jusqu’au 21 décembre 2025, suivez notre rubrique "Le Shopping de Noël" sur maCommune.info avec une idée cadeau par jour pour vous aider à préparer Noël et gâter vos proches. Aujourd’hui, coup de projecteur sur la lampe H25 Balad de Fermob au magasin Artémis à Besançon.

”Vos souvenirs d’hiver se cachent ici” : Montagnes du Jura veut continuer de séduire, avec ou sans neige

La marque de destination Montagnes du Jura a dévoilé, le 25 novembre 2025, une nouvelle campagne de communication intitulée "Vos souvenirs d’hiver se cachent ici". Son objectif : rappeler que l’hiver dans le massif se vit pleinement, quelles que soient les conditions d’enneigement, et soutenir l’économie touristique locale dans un contexte de changement climatique.

ESS : une croissance qui résiste en Bourgogne–Franche-Comté malgré le ralentissement régional

Les Urssaf Bourgogne et Franche-Comté, en partenariat avec la Chambre régionale de l’Économie sociale et solidaire (CRESS), ont présenté lundi 24 novembre 2025 les données actualisées sur l’Économie sociale et solidaire (ESS) en Bourgogne Franche-Comté.

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 5.45
légère pluie
le 29/11 à 00h00
Vent
1.83 m/s
Pression
1019 hPa
Humidité
95 %