Le vaccino-scepticisme aussi ancien que la vaccination, explique un historien

Publié le 10/09/2021 - 15:02
Mis à jour le 11/09/2021 - 16:43

Pasteur lui-même avait été traité d’« apprenti sorcier » : le « vaccino-scepticisme » est aussi ancien que la vaccination elle-même, rappelle Laurent-Henri Vignaud de l’université de Bourgogne, auteur de « Antivax », ouvrage qui retrace les deux siècles du mouvement.

 © Twitter @HenriVignaud
© Twitter @HenriVignaud

"Cela a toujours existé", souligne dans un entretien M. Vignaud, historien des sciences à l'Université de Bourgogne, à Dijon, qui a publié "Antivax" avec Françoise Salvadori (Vendémiaire Editions).

Ainsi, le médecin anglais Edward Jenner, considéré comme le père de la vaccination, suscite la controverse quand, en 1796, il inocule à un homme la vaccine, une maladie bovine proche de la variole mais nettement moins grave. L'immunisation réussit "mais des médecins l'assurent : transmettre du sang de vache va vous transformer en vache", raconte l'historien.

Le débat reste "strictement médical" avant que, en 1853, une loi anglaise impose la vaccination contre la variole aux enfants de familles sous assistance publique : en cas de refus, elles n'auront plus droit aux aides sociales.

Contre ce "chantage", "l'opposition devient politique" et des manifestations s'organisent, dont la plus importante réunit à Leicester, en 1885, 100.000 personnes.

Ces premiers "antivax" de l'Histoire auront gain de cause: en 1906-07, une loi anglaise étend l'obligation vaccinale mais permet à chacun d'en être exempté en signant une clause de conscience, ce qui est d'ailleurs toujours en vigueur au Royaume-Uni.

D'autres manifestations auront lieu en Europe et en Amérique mais rarement en France car la loi de 1902 portant obligation vaccinale n'est guère appliquée. "Le contrôle est confié aux maires, peu favorables à l'idée d'aller mettre des amendes à leurs citoyens. Quant à l'obligation de vaccination dans les écoles, les instituteurs ne se voient pas en policiers", comme, plus tard, certains restaurateurs...

En revanche, l'opposition du monde médical sera vive quand Pasteur invente le vaccin contre la rage en 1885. "Il est très mal accueilli et considéré comme un apprenti sorcier", explique M. Vignaud.

Mais Pasteur "démontre qu'il est possible de fabriquer d'autres vaccins", en particulier contre la typhoïde, largement utilisé lors de la Première Guerre mondiale, face à une "opposition marginale".

Puis, dans les années 1950-60, "l'enthousiasme scientiste fait qu'on vaccine massivement", notamment contre la polio.

La "spécificité française"

Le "basculement de l'opinion interviendra à la fin des années 1960" avec la multiplication de procès aux États-Unis contre les effets secondaires des vaccins. En 1986, on dresse alors une liste d'effets secondaires pour lesquels des victimes seront indemnisées. Pour la première fois, on admet que des vaccins peuvent nuire: "ça rend le doute légitime", raconte l'historien.

C'est le même doute qui s'installe en France à la fin des années 1990: la vaccination systématique des adolescents contre l'hépatite B est alors lancée avant d'être vite suspendue suite à un rapport craignant un lien avec des cas de sclérose en plaques, ce qui n'a jamais été confirmé.

Le scepticisme s'accentue encore quand, en 1998 au Royaume-Uni, un chercheur en médecine, Andrew Wakefield, publie une étude frauduleuse faisant croire à un lien entre le vaccin contre la rougeole et l'autisme. "Le nombre de vaccinations chute en quelques mois à zéro", selon M. Vignaud.

(AFP)

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