Prévention du suicide : "En se mettant au travail, on obtient des résultats"

Publié le 11/02/2025 - 17:05
Mis à jour le 13/02/2025 - 08:24

Dans un contexte où la santé mentale a été désignée grande cause nationale pour l’année 2025, un colloque régional autour de la prévention du suicide s’est tenu ce mardi 11 février 2025 au pôle Viotte de Besançon. Une initiative de l’ARS Bourgogne-Franche-Comté, de Promotion santé, des Vigilans (prévention de la récidive) et du "3114", numéro national de prévention du suicide.

La prévention du suicide est l’affaire de tous et n’est pas un sujet tabou. Le suicide n’est d’ailleurs pas une fatalité, mais "il est un appel à la solidarité, à l’entraide et à la prévention et il nous appartient d’agir ensemble avec force et détermination" a rappelé dans son discours d’introduction le docteur Si Abdallah, directeur général adjoint de l’ARS. 

C’est à ce titre que s’est tenu ce temps "de mobilisation et de réflexion collective" ce mardi au pôle Viotte, autour d’un drame "qui touche des milliers de familles, d’amis et de collègues chaque année". Qu’ils soient représentants d’établissements, professionnels de santé, du social, de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur, du tissu associatif, des forces de police, de secours et d’urgence, de collectivités locales ou encore d’élus, ils étaient environ 500 inscrits à suivre sur place ou en distanciel ce premier colloque régional sur la prévention du suicide. 

3 fois plus de morts que les accidents de la route

Avant quelques présentations sur les dispositifs de vigilance mis en place, un point épidémiologique a été présenté par Christophe Debien, psychiatre au CHU de Lille. Le docteur a commencé par rappeler qu’en France, 12 millions de personnes sont touchées par un trouble psychique et un suicide aboutit au décès d’une personne toutes les heures dans l’Hexagone.

On dénombre en France "3 à 3,5 fois plus de morts par suicide que de décès par accident de la route". Les dernières données du Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès (CépiDc) font état de 9.200 décès par suicide en 2022, avec un taux de plus de 14 décès pour 100.000 habitants et un niveau trois fois plus élevé chez les hommes (20,8) que chez les femmes (6,3).

La Bourgogne-Franche-Comté au-delà de la moyenne nationale

La région Bourgogne-Franche-Comté n’échappe pas au phénomène et se situe même au-delà de la moyenne nationale dans tous les départements "à l’exception de la Côte-d’Or", a précisé le directeur général adjoint de l’ARS. Santé publique France mesurait un taux brut de 15,6 suicides pour 100 000 habitants dans la grande région en 2021.

Le monde professionnel n’est pas épargné non plus, puisque les troubles psychiques sont la première cause des arrêts maladie de longue durée.

Les hommes davantage concernés

Enjeu sociétal, le suicide concerne davantage les hommes qui comptent "trois fois plus de décès par suicide" que chez les femmes, qui comptabilisent quant à elles "deux fois plus de tentatives de suicide" que les hommes. Deux raisons à cela apportées par le docteur : les femmes ayant plus largement recours aux médicaments lors de leurs tentatives sont plus facilement réanimées par les secours tandis que les hommes privilégient davantage des "moyens à potentiel létal" comme la pendaison et loin derrière l’arme à feu. 

Les tentatives chez les jeunes en nette augmentation

À l’inverse, les tentatives de suicide chez les 11-17 ans sont, elles, en augmentation de 30%. "Heureusement ils ne meurent pas souvent", a nuancé le psychiatre, contrairement aux aînés qui sont ceux qui meurent le plus. Phénomène important, le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les 15-24 ans derrière les accidents de la route. Mais alors que chez les jeunes "il faut environ 20 tentatives de suicide pour une mort", le ratio n’est pas le même pour une personne âgée où cette fois il ne faut "qu’1,2 tentative de suicide pour une mort". Pour le docteur Debien, il s’agit là "d’un phénomène inquiétant".

L'importance des dispositifs de prévention

Parallèlement, le taux de suicide entre 2002 et 2022 est pourtant en baisse de 14%, cela en partie grâce à l’augmentation de la prévention et des dispositifs déployés tels que le "3114", le programme Papageno ou encore du développement de la psychothérapie. 

Un exemple pour le docteur Debien qui permet d’affirmer que "le suicide n’est pas une fatalité" et qu’en "se mettant au travail on obtient des résultats". 

Face à cette réalité, l’ARS a rappelé ses quatre objectifs principaux : 

  • Changer le regard sur les troubles psychiques et mentaux en luttant contre la stigmatisation.
  • Renforcer la prévention et le repérage précoce par la sensibilisation et la formation notamment auprès des jeunes et des professionnels.
  • Accompagner les personnes concernées dans toutes les dimensions de leur quotidien
  • Améliorer l’accès aux soins en structurant les parcours, en développant les nouveaux métiers de la santé mentale et en soutenant les personnes les plus vulnérables. 

Infos + 

Pour qui, quand et pourquoi contacter le 3114 : https://www.sante.fr/3114-le-numero-de-prevention-au-suicide 

Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

Santé

Une récente étude du CHU de Besançon soulève des inquiétudes envers les implants mammaires en silicone

En France, "environ 400 000 femmes sont porteuses d’implants mammaires en silicone suite à des chirurgies esthétiques ou reconstructrices" expose le CHU de Besançon dans un communiqué du 13 novembre 2025. Bien que couramment utilisés, ils peuvent néanmoins "susciter des inquiétudes quant à leur sécurité à long terme". Dans une étude récemment publiée dans la revue Biomaterials, le docteur Isabelle Pluvy, l’ingénieur de recherche Florelle Gindraux et leurs collaborateurs du CHU de Besançon, montrent que la présence de silicone au contact des tissus semble stimuler le système immunitaire et favoriser localement la présence d’inflammation chronique.

Numérique en santé : Dijon accueille les journées régionales les 13 et 14 novembre

Les journées régionales du numérique en santé se tiendront les 13 et 14 novembre 2025 au palais des congrès de Dijon. Organisé conjointement par l’Agence Régionale de Santé (ARS) et le GRADeS Bourgogne-Franche-Comté, l’événement vise à mobiliser l’ensemble des acteurs du territoire autour d’un numérique au service des pratiques, des organisations et des usagers.

Accès aux soins : 58% des habitants de Bourgogne-Franche-Comté insatisfaits

Le média de Radio France, Ici, a partagé ce mercredi 12 novembre 2025 les résultats de la consultation citoyenne "Ma commune, mon maire et moi" concernant l’accès aux soins en Bourgogne-Franche-Comté. Il ressort de ce sondage que 58% des habitants de la grande région ne sont pas satisfaits de l’accès aux soins là où ils vivent. 

Les Bourguignons Franc-Comtois vivent vieux mais en moins bonne santé que le reste de la France...

ÉTUDE INSEE • Selon une étude publiée le 4 novembre 2025 par l’Insee Bourgogne-Franche-Comté, la population régionale présente ”un état de santé plus dégradé qu’au niveau national”. Malgré une espérance de vie élevée, les habitants de la région sont davantage touchés par les maladies chroniques et la mortalité prématurée.

Cancer colorectal : les infirmières libérales de Besançon bientôt autorisées à remettre des kits de dépistage

Le cancer colorectal est la deuxième cause de cancer alors qu’il existe pourtant "un test de dépistage fiable, simple et rapide" juge la Communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) CaPaciTéS Besançon & Métropole. Dans le cadre d’une expérimentation inédite en France, elle lance ainsi un appel aux infirmières libérales à se former afin de pouvoir délivrer des kits de dépistage directement auprès de leurs patients. 

Le kiwi, un “super-fruit” à savourer pour allier plaisir et santé selon Valentine Caput

L'OEIL DE LA DIET' • En juillet 2025, l’Union européenne a fait du kiwi, le premier fruit à obtenir une "allégation santé". L’occasion parfaite pour notre diététicienne, Valentine Caput, de revenir sur l’intérêt de ce petit fruit aux grands bienfaits.

Dermatose : les exportations de jeunes bovins vont reprendre dans les zones indemnes

Le ministère de l'Agriculture a annoncé jeudi 30 octobre 2025 la reprise des exportations de bovins, suspendues pendant quinze jours pour éviter la propagation de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC), qui continue toutefois de progresser dans les Pyrénées Orientales et dans le Jura où la suspension perdure.

“Le médecin légiste, c’est le médecin de la violence” : la chambre mortuaire du CHU de Besançon avec Dr Elisabeth Martin

Patricienne hospitalière depuis la fin de ses études en 2010, le Dr Elisabeth Martin dirige depuis mars 2024 le service de médecine légale et de victimologie du CHU de Besançon. Derrière les portes souvent fantasmées de ce service, c’est un métier méconnu, à la croisée du soin, du droit et de la justice, qu’elle nous décrit avec précision et humanité.

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 10.54
légère pluie
le 15/11 à 18h00
Vent
1.36 m/s
Pression
1012 hPa
Humidité
92 %