La réforme du marché du travail est "la réforme clé pour plus de croissance et plus d'emploi"
Pierre Moscovici a estimé jeudi sur la chaîne iTélé que "la réforme du marché du travail est sûrement la réforme clé pour plus de croissance et plus d'emploi" en France. De ce point de vue-là, il ne doit pas y avoir de tabou", a expliqué l'ancien ministre des Finances assurant parler au nom de la Commission, mais sans "appeler à telle ou telle réforme précise".
"Quand on fait une comparaison entre différents Etats membres, ceux qui permettent une entrée plus facile sur le marché du travail, ceux qui permettent davantage de souplesse, davantage de respiration, sont ceux qui ont connu des résultats meilleurs que les autres", a-t-il argumenté.
Pour le commissaire européen, "la France a besoin de faire évoluer ses structures économiques, ça commence, le pays bouge (...), il faut accélérer ce mouvement et ne pas se reposer sur des lauriers qui sont loin d'être tressés". Le Premier ministre Manuel Valls avait également appelé mardi à "aller plus loin" dans la réforme du marché du travail en donnant plus de poids aux accords d'entreprise par rapport à la loi, une mesure soutenue par les patrons du Medef mais redoutée par les syndicats.
Assouplir le droit du travail est le sujet de la rentrée et sans nul doute, après le chômage, le dossier le plus sensible du prochain ministre du Travail: le Medef veut que le "problème" soit réglé "d'ici à Noël", le Premier ministre a promis que ce serait l'un de ses prochains "grands chantiers".
Tsipras a fait des "choix courageux", "confiant" dans les électeurs grecs
"Je n'ai pas à me prononcer sur le fond mais je suis confiant dans le fait que les électeurs grecs vont donner une majorité pour que les réformes se poursuivent, pour que les engagements soient tenus", a déclaré M. Moscovici. Pour lui, le Premier ministre grec Alexis Tsipras avait "sans aucun doute besoin de ces élections (...) parce qu'il fallait qu'il ait une majorité cohérente avec des choix qu'il a faits qui étaient des choix courageux mais qui n'étaient pas ceux sur lesquels il avait été initialement élu". "Je n'ai pas de doute que les électeurs grecs voudront confirmer l'engagement européen du pays et le respect du programme", a-t-il ajouté.
Evoquant les "pas de géant" faits selon lui en Grèce "depuis juin-juillet", il a estimé qu'"une confiance s'est installée" entre les institutions européennes et le gouvernement grec, issu du parti de la gauche radicale Syriza.
Interrogé sur la nouvelle négociation qui va s'ouvrir quant à la soutenabilité de la dette grecque, l'ancien ministre français des Finances a parlé de la période d'"octobre-novembre". Il a répété qu'"aucun Etat membre n'(était) prêt à éliminer, à effacer de la dette grecque". Citant des "solutions techniques", il a évoqué "l'allongement des maturités" ou "la réduction de la charge de la dette grecque". Il a surtout dit "souhaiter ardemment que le Fonds monétaire international soit à bord du prochain programme". "Je crois qu'il le sera, je pense que nous aurons l'intelligence nécessaire pour trouver les bonnes solutions", a-t-il poursuivi.
Le 14 août dernier, la directrice générale du FMI Christine Lagarde avait insisté sur le fait que l'endettement de la Grèce n'était "pas viable". "Il est primordial que les partenaires européens de la Grèce prennent des engagements concrets (...) pour apporter un allègement significatif de la dette qui aille bien au-delà de ce qui a été considéré jusqu'ici", avait-elle estimé.
Chine: les économies européennes "ont les moyens de résister"
"Les économies européennes ont les moyens de résister à ce qui se passe sur les marchés chinois", a-t-il dit, jugeant que "les fondamentaux de la reprise européenne et de la reprise française sont assez solides".
Il a noté que les marchés, en particulier en Europe et aux Etats-Unis, se sont récemment repris et "ont commencé à réagir parce qu'ils ont réalisé que les fondamentaux de la croissance étaient solides", citant les bons chiffres de croissance publiés dans la journée aux Etats-Unis pour le deuxième trimestre.
Les places boursières chinoises, qui ont rebondi jeudi, traversent depuis plusieurs jours de fortes turbulences en raison de craintes très vives sur le ralentissement en cours dans le pays. Les Bourses du monde entier ont dans la foulée été sous pression, signe que les investisseurs redoutent l'impact de ces secousses sur les économies européennes et américaines.
M. Moscovici a indiqué ne pas être inquiet, "d'autant qu'on voit que les autorités monétaires chinoises mais aussi dans les autres pays ont réagi ou sont prêtes à réagir".
Le Commissaire a fait part d'un "sentiment confiant qui n'exclut pas pour autant la vigilance, les précautions nécessaires et les ripostes de politique économique éventuelle, pas seulement monétaire".
"Pour l'essentiel, ce sont les banques centrales qui doivent agir là. Elles l'ont fait, elles le font", a-t-il dit, alors que la banque centrale chinoise a annoncé plusieurs mesures et que des responsables de la Fed (Réserve fédérale américaine) et de la BCE (Banque centrale européenne) ont tenu des discours rassurants.
(Avec AFP)