Sabine Weiss, la dernière photographe "humaniste" est décédée

Publié le 29/12/2021 - 17:20
Mis à jour le 29/12/2021 - 16:38

Sabine Weiss aimait capturer les « morveux », les « mendiants » et les « petits narquois » croisés dans la rue : cette photographe, espiègle et rigoureuse, connue également pour ses photos de mode parues dans Vogue était la dernière disciple de l’école française humaniste. Comme Doisneau, Boubat, Willy Ronis ou encore Izis, Sabine Weiss, décédée mardi à 97 ans, a immortalisé la vie simple des gens, sans toutefois revendiquer une quelconque influence.

 © Instagram - Sabine Weiss
© Instagram - Sabine Weiss

"Je n'ai jamais pensé faire de la photo humaniste. Une bonne photo doit toucher, être bien composée et dépouillée. La sensibilité des personnes doit sauter aux yeux", affirmait-elle dans La Croix.

Lauréate du Prix Women in Motion in 2020 de la photographie, Sabine Weiss a fait l'objet de quelque 160 expositions à travers le monde.

Pionnière de la photo d'après-guerre, cette technicienne hors pair, au parcours éclectique, en couleur comme en noir et blanc, était née en Suisse avant d'être naturalisée française en 1995.

Personnalité discrète et moins connue du grand public que d'autres photographes de son époque, cette femme pétillante d'1m 55 qui niait avoir souffert d'une quelconque "ségrégation" comme femme, voulait établir "un dialogue constant" avec son sujet, considérant la photographie comme "une amitié".

"Les gens qui me connaissent sont ceux qui aiment mon regard", disait-elle sur France Inter. Je suis compatissante".

"J'attends jamais"

Le Paris de l'après-guerre a lancé sa carrière. Là, autour des années 50, elle arpente, souvent de nuit, la capitale avec son mari, le peintre américain Hugh Weiss (le couple adoptera une fille) pour figer des instants fugaces: ouvriers en action, baisers furtifs, allées et venues dans les bouches de métro. "La capitale, à l'époque, baignait la nuit, dans de beaux brouillards".

Sur ces clichés, les enfants sont très présents, comme cette rayonnante petite Égyptienne immortalisée au débotté. "C'est un défi, il faut aller vite et moi j'attends jamais !".

Dans ce qu'elle nommait "mes images de morveux", elle accroche les sourires, les jeux ou les singeries de bouilles crasseuses aux vêtements déchirés. "C'est amusant de jouer avec les enfants de la rue", disait-elle, avec le désir d'avoir été le témoin de son époque et de dénoncer les injustices.

Née Weber le 23 juillet 1924 à Saint-Gingolph au bord du lac Léman, Sabine Weiss acquiert à 12 ans son premier appareil avec son argent de poche. Pas scolaire, elle apprend à 16 ans le métier dans un célèbre studio genevois.

Arrivée à Paris en 1946, elle travaille pour le photographe de mode Willy Maywald. L'année de son mariage, en 1950, elle ouvre son studio dans le 16e arrondissement tandis que Doisneau l'introduit à Vogue et au sein de l'agence Rapho (devenue Gamma-Rapho).

Elle fréquente les milieux artistiques, fait des portraits de Stravinski, Britten, Dubuffet, Léger ou Giacometti. Elle va travailler, et réussir, dans plusieurs registres : reportage (elle voyage beaucoup), publicité, mode, spectacle, architecture.

"J'ai fait de tout dans la photo", confiait-elle à l'AFP en 2020. "Je suis allée dans des morgues, dans des usines, j'ai photographié des gens riches, j'ai fait des photos de mode... Mais ce qui reste, ce sont uniquement des photos que j'ai prises pour moi, à la sauvette".

"Photographiez !"

Préférant en toutes choses la sobriété aux "choses très éclatantes", elle répond aux commandes des grands magazines (Newsweek, Time, Life, Esquire, Paris-Match etc).

Prolifique et généreuse, Sabine Weiss lègue en 2017, 200.000 négatifs et 7.000 planches-contacts au Musée de l'Élysée à Lausanne. "Je ne sais pas combien j'ai fait de photos, disait-elle à l'AFP en 2014, de toute façon, ça ne veut pas dire grand chose". Au cours de cette même interview, elle s'émerveillait - sans nostalgie - de la révolution numérique : "c'est formidable, ça fait de la netteté, le temps de pose, les objectifs sont merveilleux".

Actuellement, "les gens ne photographient pas tellement autour d'eux, mais plutôt eux-mêmes", constatait-elle auprès de l'AFP en 2020, en allusion aux selfies.

Pour elle, ce sont toutes les traces de vie qu'il faudrait conserver au fil du temps. "Il faut dire aux gens: photographiez, photographiez les gens, les choses autour de vous. Dites-le !"

(AFP)

Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

Culture

Campus des Eurocks 2025 : Une chambre étudiante géante au milieu du festival

Pour la troisième année le campus des Eurocks s’installe au cœur des Eurockéennes de Belfort, du 3 au 6 juillet 2025. Un espace de créativité et d’échange ancrée dans la vie étudiante, à l’initiative du Crous de Bourgogne Franche-Comté s'installe durant trois jours au Malsaucy. Pour cette édition, le campus se déguise en chambre étudiante géante.

Monument préféré des Français 2025 : la Citadelle de Besançon représentera la région Bourgogne-Franche-Comté

La Citadelle de Besançon a passé le premier tour qualificatif pour la finale de l’émission de France Télévision, le Monument préféré des Français 2025. Les votes sont désormais ouverts jusqu’au 18 juillet 2025 pour permettre au monument bisontin de décrocher le titre. 

Le marché de Noël de Pontarlier 2025 recherche ses exposants

Alors que l’été bat son plein en Bourgogne Franche-Comté, les préparatifs pour le marché de Noël 2025 à Pontarlier sont déjà en cours. Les inscriptions sont désormais ouvertes pour les artisans, producteurs et artistes souhaitant mettre en avant leur savoir-faire lors de cet événement festif. 

La Région Bourgogne-Franche-Comté présente au Festival d’Avignon 2025

À l’occasion de la 79e édition du Festival d’Avignon, qui se déroule du 5 au 26 juillet 2025, la collectivité régionale met en avant son engagement envers la production artistique locale. Cet événement phare constitue une plateforme idéale pour favoriser la diffusion des œuvres auprès d’un large public et donner une visibilité accrue aux compagnies chorégraphiques du territoire.

Eurockéennes : le préfet interdit le concert de Freeze Corleone

Le préfet du Territoire de Belfort, Alain Charrier, a annoncé ce mardi 1er juillet l’interdiction du concert du rappeur controversé Freeze Corleone, prévu le dimanche 6 juillet dans le cadre du festival des Eurockéennes de Belfort. Selon le représentant de l’État, la présence de l’artiste pourrait entraîner des troubles à l’ordre public.

Citadelle assiégée ! Le nouvel escape game de la Citadelle de Besançon

Depuis 2019, la Citadelle de Besançon propose, chaque été, son escape game, un jeu de réflexion et de coopération qui plonge les joueurs au cœur du patrimoine bisontin. Après 6 saisons de "l’Affaire des Poisons", ayant attiré pas moins de 4500 participants, la forteresse de Vauban revient avec une toute nouvelle intrigue, captivant les passionnés d’énigmes comme les aventuriers d’un jour.

Grandfontaine : un orgue tombé du ciel

Heureux paroissiens de Grandfontaine ce dimanche 29 juin, dont les célébrations seront dorénavant agrémentées de l’accompagnement d’un orgue à tuyau de 11  jeux répartis sur deux claviers manuels et un pédalier. Un instrument tombé du ciel, qui appartenait à un musicien suisse, que ses enfants ont légué à l’association de Amis de l’orgue de Besançon.

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 22.9
couvert
le 05/07 à 21h00
Vent
1.73 m/s
Pression
1015 hPa
Humidité
83 %