Dans un premier temps, les enquêteurs avaient envisagé l’hypothèse d’un transport d’explosifs, ce qui avait conduit le parquet de Besançon à ouvrir une enquête pour «transport et détention de produits explosifs».

Mais les analyses effectuées tout au long de la journée de jeudi à la frontière franco-suisse ont permis d’écarter tout risque d’explosion. Et finalement, «le produit a réagi positivement aux tests du GHB», a déclaré le procureur de Besançon Alain Saffar. Le GHB est une drogue de synthèse surnommée la «drogue du violeur», interdite en France.

Tout a commencé par un banal contrôle douanier. Une équipe de la douane française était montée en gare de Dijon dans le Paris-Venise, dans la nuit de mercredi à jeudi. Mercredi vers 23H45, l’attention des douaniers a été attirée par une bouteille que ce passager transportait, logée dans un emballage d’aluminium et de plâtre.

D’après le secrétaire général de la préfecture, Joël Mathurin, lorsque les douaniers ont interrogé le passager, il a donné «des réponses pas très claires», mais «n’a opposé aucune résistance».

Pendant son audition, l’homme a «affirmé ne pas connaître la nature des produits qu’il transportait», a déclaré le procureur. Il transportait une bouteille avec la mention «Nitro», ce «qui laissait penser à quelque chose d’explosif», a souligné Alain Saffar.

Un laboratoire mobile sur place

L’homme a dû descendre sous contrôle douanier en gare de Ferrières-sous-Jougne (Doubs) et a été transféré à la douane de Vallorbe, à la frontière franco-suisse, pendant que le train reprenait sa route. A ce poste-frontière situé à quelques kilomètres du centre-ville de Vallorbe (Suisse), les douaniers ont mis en place une zone de sécurité de 70 mètres de rayon, sans toutefois couper la RN 57 qui passe de France en Suisse.

La procédure NRBC (nucléaire, radiologique, biologique et chimique) a été enclenchée et cinq douaniers et trois gendarmes ayant été en contact avec l’individu et le colis ont été pris en charge par une équipe médicale, par précaution.

Leur examen médical s’est révélé rassurant et ces personnes ont pu rentrer chez elles une fois le dispositif de sécurité levé, jeudi soir vers 21H45, a précisé la directrice de cabinet du préfet du Doubs Isabelle Epaillard-Patriat.

Une équipe de démineurs héliportée sur place avait rapidement commencé dans la matinée à procéder à des tests sur le contenu de la bouteille, à la consistance «liquide-solide», selon M. Mathurin. A la mi-journée, les démineurs ont fait appel à un laboratoire mobile. Ce véhicule de détection, d’identification et de prélèvement a été dépêché sur place pour procéder à des tests plus fins. Il est notamment équipé pour détecter et identifier les agents radiologique, biologique et chimique. Arrivé en milieu d’après-midi, le laboratoire a à son tour effectué une série de tests sur la bouteille suspecte.

«Les premiers tests aux substances explosives ont eu des réactions positives», selon le procureur de Besançon. Toutefois, les nouvelles analyses, plus affinées, ont permis en soirée d’écarter tout risque majeur (maladie du charbon, ricine, peste, choléra, tularémie), puis de lever finalement tous les risques, avant que de nouveaux tests permettent de déceler la présence de GHB.