À sa création en 1985 sur une "petite idée" de l'humoriste, l'association avait accueilli 70.000 personnes. Un chiffre qui a explosé avec les années : l'hiver dernier, les Restos ont distribué 130 millions de repas à 860.000 bénéficiaires.
900 000 personnes attendues cette année
"Les inscriptions sont en cours, mais on s'attend à en recevoir autant cette année, voire même un peu plus, peut-être 900.000", explique à l'AFP le président de l'association, Patrice Blanc. "L'accueil est inconditionnel" dans les 2.000 centres en France, rappelle-t-il.
Mères seules, retraités en difficulté, étudiants précaires, étrangers sans ressources... "Toute personne, quelle que soit sa situation administrative peut frapper à la porte des Restos. Les gens ne doivent avoir aucune honte, aucune crainte."
Pour recevoir l'aide alimentaire tout l'hiver, il faut toutefois justifier de ses ressources et de ses dépenses.
Les différentes aides des Restos
Indépendamment des repas, les Restos aident aussi à l'hébergement et au logement, offrent des cours de français, de l'accompagnement aux devoirs ou à la recherche d'emploi, etc.
Les bénéficiaires sont de plus en plus jeunes, s'alarme l'association: l'hiver dernier, 38% étaient mineurs et 50% avaient moins de 25 ans.
"Ça représente une augmentation de 10 à 15% par rapport à il y a deux ans", détaille M. Blanc. "Ce phénomène est inquiétant et montre bien les problèmes rencontrés par les familles monoparentales: la situation des mères célibataires avec enfants est extrêmement difficile".
Il s'alarme également de la "mauvaise prise en charge des mineurs isolés" étrangers, qui doivent normalement être accompagnés par les services d'aide sociale à l'enfance. Mais certains départements sont débordés : "l'équipe des Restos de Marseille m'a raconté la semaine dernière que leurs signalements tombaient dans le vide".
L'aide alimentaire "menacée"
Face à l'ampleur des besoins, les Restos cherchent toujours de nouvelles sources d'approvisionnement. L'an dernier, les dons de nourriture engrangés auprès du public lors de la collecte nationale dans les magasins, auprès des entreprises et des producteurs agricoles ont représenté 35% des 105 millions de tonnes de denrées alimentaires distribuées.
Depuis 2016, la loi Garot contre le gaspillage alimentaire oblige les supermarchés de plus de 400m2 à donner leurs invendus à des associations.
"Globalement la qualité des dons suit, mais certains gérants ne jouent pas le jeu. Notre rôle n'est pas de faire le tri d'aliments pour les jeter à la poubelle", rappelle M. Blanc, en soulignant que la grande distribution bénéficie de déductions fiscales sur ses dons.
La loi agriculture et alimentation votée en novembre étend la lutte contre le gaspillage à la restauration collective. Mais les Restos en attendent des résultats "très modestes": "il y a évidemment des problèmes d'hygiène qui se posent".
Une enveloppe divisée par deux au niveau européen ?
L'association s'inquiète en revanche du devenir d'un autre pilier de son fonctionnement: le Fonds européen aux plus démunis (FEAD), qui finance 1 repas distribué sur 4.
Son budget est actuellement en pleine renégociation pour la période 2021-2025. "Les premières indications sont catastrophiques puisqu'on envisage de diviser l'enveloppe par deux au niveau européen", avertit M. Blanc.
"C'est une vraie menace pour l'aide alimentaire, on n'arrivera pas à compenser" en cas de victoire de ce scénario à Bruxelles, selon lui. "C'est vrai pour nous comme pour les autres" bénéficiaires: le Secours populaire, la Croix-Rouge et la Fédération française des banques alimentaires.
Les Restos comptent enfin sur la générosité publique : le montant des dons financiers a atteint 90 millions d'euros en 2017-2018, soit presque la moitié des ressources de l'association. A eux seuls, le traditionnel concert des Enfoirés et ses ventes de CD et DVD ont permis de récolter 18 millions d'euros.
(Source AFP)