La ville de Besançon compte aujourd’hui 274 ralentisseurs ou dispositifs assimilés sur son territoire, un chiffre qui monte à 804 à l’échelle du Grand Besançon, dont 530 répartis dans les autres communes de l’agglomération. Ce chiffre n’a rien d’exceptionnel selon Marie Zéhaf, conseillère municipale déléguée à la Voirie de proximité et vice-présidente du Grand Besançon en charge des mobilités, ”puisqu’il correspond au nombre de kilomètres de voirie.” Besançon possède en effet 477 kilomètres de voirie, mais les demandes sont nombreuses.
Le ralentisseur est perçu par de nombreux riverains comme la solution immédiate à la vitesse excessive dans les quartiers. ”C’est la première chose à laquelle les gens pensent quand les véhicules circulent vite près de chez eux, c’est une demande systématique”, constate Marie Zéhaf. Chaque année, la Ville reçoit entre 120 et 150 sollicitations, soit trois à quatre courriers par semaine.
Les motivations sont variées, mais tournent souvent autour d’un sentiment d’insécurité. ”Par exemple, rue Denis Papin, près de l’école des Beaux-Arts, on nous a demandé une installation parce que les riverains ne pouvaient pas sortir de leur copropriété, les gens sont lancés dans la descente et roulent vite. Installer des dos d’âne donne un sentiment d’une rue apaisée”, explique l’élue.

Jusqu'à 30.000 euros pour un ralentisseur
Malgré leur popularité, les ralentisseurs ne règlent pas tous les problèmes. "Ça calme les gens comme vous et moi, mais pour celles et ceux qui se croient tout permis, ça calme pas forcément, et ils passent sur les trottoirs pour éviter les installations”, prévient Marie Zéhaf. Elle insiste sur la nécessité d’un ensemble de mesures : ”Ce qui calme aussi, c’est le réaménagement de la route et les contrôles police. Les coussins berlinois et les ralentisseurs ne font pas tout.”
Installer un ralentisseur représente un investissement significatif pour la Ville. Un coussin berlinois en enrobé coûte entre 3.000 et 4.000 euros pièce, sachant qu’ils sont souvent installés par paire, donc compter le double. Quant aux plateaux ralentisseurs, leur coût s’élève entre 20.000 et 30.000 euros. Entre 7 et 10 dispositifs seront mis en place en 2024.
Des critères techniques et réglementaires stricts
Toutes les rues ne sont pas éligibles à ces aménagements. ”En exemples, il ne doit pas y avoir de pente à plus de 4 % pour des questions de sécurité”, précise l’élue. Les rues trop larges sont également exclues, les coussins berlinois pouvant être contournés. D’autres contraintes sont aussi prises en compte : la présence de lignes de bus ou des travaux prévus dans le secteur.
Chaque demande est étudiée au cas par cas. ”Rue de la Rotonde, on a longtemps refusé parce que les ralentisseurs sont aussi des nuisances : des voitures qui ralentissent et qui ré-accélèrent, ça fait du bruit. Il est arrivé qu’on nous demande d’installer des ralentisseurs, de le faire, et qu’on revienne vers nous pour le retirer à cause de ces nuisances”, confie Marie Zéhaf.

Des alternatives testées, mais limitées
Si la requalification de rue est une solution plus durable (avec pistes cyclables, végétalisation, circulation alternée), elle reste coûteuse. ”La rue Saint-Martin a été revégétalisée, on y a mis des écluses pour une circulation alternée, une piste cyclable, mais ça a un coût énorme. On ne peut pas se le permettre partout”, reconnaît l’élue.
D’autres expérimentations sont menées comme dans le quartier nord-est (chemin de Vieilley), où la vitesse a été limitée à 30 km/h. Mais les résultats sont mesurés : ”Ce n’est pas magique. On constate une petite diminution de la vitesse mais ce n’est pas spectaculaire : ceux qui étaient à 80 km/h sont toujours à 80.”

La complémentarité des actions
Face à ces constats, Marie Zéhaf insiste sur la nécessité d’une approche globale. ”Il faut le concours de plusieurs choses : l’aménagement de la chaussée, et je ne suis pas pour le tout police, mais les contrôles de police sont efficaces. Il est important aussi de rappeler les règles et quand on tape le porte-monnaie des gens, ça fonctionne, mais la police a d’autres missions…”

Les ralentisseurs ne peuvent donc être vus que comme une réponse partielle à la problématique de la vitesse en ville, selon l'élue.