"Tout augmente": en Alsace, des jardins ouvriers face à la hausse du coût de la vie

Publié le 18/01/2022 - 17:15
Mis à jour le 18/01/2022 - 16:19

Navets, poireaux ou pommes de terre. À Sélestat, dans le Bas-Rhin, les jardins ouvriers sont bien plus qu’une occupation bucolique. Ils sont devenus un moyen de subsistance pour des maraîchers amateurs aux revenus très modestes qui voudraient que les questions du coût de la vie et des inégalités sociales figurent au coeur des débats de la présidentielle.

 © AJOS - Jardins Ouvriers de Sélestat
© AJOS - Jardins Ouvriers de Sélestat

"Aujourd'hui, il y a les très riches, il y a les très pauvres, mais la classe moyenne est en train de disparaître", s'inquiète Christiane Dantzer, énergique retraitée de 69 ans.

Après une carrière complète, 186 trimestres cotisés soit 46,5 années de travail au cours desquelles cette titulaire d'un CAP menuiserie a "touché à tout", elle perçoit "moins de 1.000 euros par mois". Et le constat est vite fait: "Tout augmente, le pain, l'électricité, l'essence"... Mais sa pension, elle, "ne bouge pas".

Très attentive au débat politique, elle nourrit néanmoins peu d'espoir. "La campagne, c'est beaucoup de belles promesses", déplore-t-elle, un brin fataliste. "Je ne demande pas forcément à gagner plus d'argent, mais je voudrais plus de justice, plus d'équité". Christiane s'indigne du sort des plus démunis: "Il y a encore des sans-abri en 2022, on ne devrait plus voir ça".

Alors elle compense, notamment avec son potager. Sur des terrains loués à la mairie, l'Association des jardins ouvriers de Sélestat (Ajos) permet à plus de 200 adhérents de disposer d'un terrain à cultiver, selon une tradition assez présente dans le nord-est de la France, comme en Allemagne voisine.

Autosuffisante

Sur sa parcelle d'environ 25 mètres sur 20, Christiane a délimité plusieurs espaces. A droite, les légumes, avec des poireaux et des blettes qui résistent au froid de l'hiver. A gauche les fruits - melons et pastèques pourraient s'ajouter l'été prochain à la cueillette des fraises et des cerises. Au fond, une serre, pour accueillir les semis, juste à côté du cabanon, où sont rangés les outils.

Grâce à sa production, la sexagénaire est quasiment devenue autosuffisante en fruits et légumes. Après la récolte, "je cuisine et je stérilise, je fais mes ratatouilles, mes sauces tomates, mes bocaux de haricots verts", qu'elle consomme ensuite toute l'année. "L'an dernier, j'ai fait 10 kilos de confiture de fraise", se réjouit-elle. Il lui en reste plusieurs pots, qu'elle partage volontiers avec sa fille ou ses voisins.

Au-delà de l'aspect alimentaire, cet espace vert est une véritable source d'évasion pour cette retraitée qui vit seule dans un petit deux pièces, "sans balcon". "Avoir un jardin ça me permet beaucoup de choses. Je ne peux pas partir en vacances, alors ici c'est ma résidence secondaire. Je sors, je suis bien. Si je devais lâcher mon jardin, j'en pleurerais. J'y suis très attachée, c'est très convivial".

"Au centime près"

Car ces jardins ouvriers sont aussi l'occasion de se retrouver pour les membres de l'association. "Dans mon immeuble, je ne vois jamais trop les autres locataires, je rencontre beaucoup plus de monde quand je viens ici finalement", convient Fabrice Uttard, 52 ans, qui occupe la parcelle 137, près de la ligne de chemin de fer.

Cet ancien salarié du bâtiment, qui a commencé à travailler à 14 ans, connaît aussi les "budgets serrés". Depuis qu'un cancer du rein et des "problèmes pulmonaires" l'ont laissé invalide, il vit d'une pension versée par la Sécurité sociale. Son potager est une source d'économies indispensable dans les comptes familiaux, tenus "au centime près". "Ca nous soulage, ça me permet d'acheter de la viande pour ma fille", explique-t-il dans sa veste en cuir.

Bénévole, il s'investit aussi auprès de l'association, entretient les allées, remet en état les jardins quand ils se libèrent. "Comme ça je me sens encore actif, j'ai une utilité", expose-t-il.

Pour la prochaine élection présidentielle, il est certain d'aller voter, "par devoir" mais sans enthousiasme: son choix n'est pas encore fait. Il s'interroge sur la pertinence des aides publiques aux grandes entreprises, et aimerait que cet argent aille davantage "aux personnes qui en ont besoin".

(AFP)

Allez + loin

Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

Economie

Une épicerie de quartier de 250 m2 arrive dès le mois d’octobre au centre Saint-Pierre à Besançon

VIDEO • Sur l’initiative de deux cousins Vincent Morel, entrepreneur bisontin et Baptiste Jeanbourquin, responsable d’une structure touristique, cinq cellules longtemps laissées à l’abandon du centre Saint-Pierre se refont une beauté et accueillir bientôt les passants au sein d’une épicerie fine de quartier. L’ouverture est prévue au mois d’octobre 2025. Nous sommes allés sur place.

Été 2025 : une saison touristique contrastée en Bourgogne-Franche-Comté

La Bourgogne-Franche-Comté a connu un été 2025 marqué par une baisse modérée de sa fréquentation touristique, dans un contexte de ralentissement général au niveau national et européen. Selon les données de Flux Vision Tourisme d’Orange, le nombre total de nuitées en région a diminué de 3,2 % en juillet-août 2025. Malgré ce recul, la saison reste au-dessus des niveaux enregistrés en 2022.

En France, la voiture considérée comme un luxe… indispensable

Selon une étude menée par Leocare en partenariat avec Discurv, 62 % des habitants de Bourgogne-Franche-Comté estiment que la voiture est devenue un bien de luxe. Un paradoxe, car dans le même temps, 68 % la jugent indispensable et 63 % déclarent ne pas pouvoir s’en passer au quotidien.

Nouveau à Besançon – Piano Bar– Du côté de chez Souad

QUOI DE 9 • Pousser la porte du piano bar Du Côté de Chez Souad, c’est faire un pas dans un univers où le temps semble suspendu. Ici, la musique se savoure avec élégance, et avec cœur. Dans une atmosphère feutrée, les notes de JAZZ et de SOUL s’élèvent et créent ce parfum d’intimité d’un lieu authentique qu’on croyait réservé aux grandes villes… Désormais, Besançon a son adresse.

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 17.22
couvert
le 04/09 à 00h00
Vent
1.72 m/s
Pression
1013 hPa
Humidité
89 %