Assassinat de Narumi Kurosaki : "M. Zepeda, vous mentez !"

Publié le 19/12/2023 - 14:55
Mis à jour le 19/12/2023 - 14:35

"Du blabla ou des inventions" : Nicolas Zepeda a été mis sous pression ce mardi 19 décembre 2023 par les avocats des parties civiles qui ont mis face à ses contradictions le Chilien, jugé en appel par les assises de la Haute-Saône pour l'assassinat, qu'il continue de nier, de Narumi Kurosaki, son ex-petite amie japonaise.

 © Alexane Alfaro
© Alexane Alfaro

Trois heures durant, dans une salle des assises bondée, Mes Sylvie Galley et Randall Schwerdorffer ont soumis le jeune homme de 33 ans, vêtu d'une polaire noire, à un feu nourri de questions, le poussant systématiquement dans ses retranchements sur les éléments clés du dossier sur lesquels il a peiné à apporter des réponses convaincantes.

A Me Schwerdorffer qui lui demande pourquoi il n'a, entre décembre 2016 et juillet 2020, date de son extradition, "jamais rappelé" la jeune femme, disparue le 5 décembre 2016 et avec laquelle il dit notamment avoir passé une nuit d'amour après des retrouvailles émouvantes, Nicolas Zepeda jure que c'est "faux", il l'a appelée une fois, mais l'étudiante n'a pas répondu.

"Disneylandisée"

"Il n'y aucune trace de cet appel dans le dossier. M. Zepeda, vous mentez", s'agace l'avocat du dernier petit ami de Narumi, Arthur Del Piccolo.

L'achat d'un pack de trois boîtes d'allumettes et d'un bidon d'essence près de Dijon, juste après son arrivée du Chili en France le 1er décembre pour, selon la nouvelle version du Chilien, retrouver Narumi et la reconquérir ? "Un esprit mal intentionné pourrait faire le lien entre ces allumettes, ce bidon et le corps de Narumi", jamais retrouvé et qui aurait pu être brûlé, lui lance Me Schwerdorffer.

Pour l'accusation, Nicolas Zepeda n'a jamais supporté que Narumi le quitte : il est venu exprès du Chili à Besançon, où Narumi prenait des cours de français avant d'entamer un cursus en économie, et l'a tuée, sans doute en l'étouffant ou en l'étranglant. Il s'est ensuite débarrassé du corps dans une zone boisée près de Dole. C'est "un réflexe ridicule que je paye très cher aujourd'hui. Et pourtant j'ai fait cet achat", tente M. Zepeda qui avait expliqué lundi avoir acheté ce bidon afin de le remplir de carburant pour son véhicule de location.

Lors de ce premier jour d'interrogatoire sur les faits, il était déjà apparu sur la défensive, souvent acculé par les questions du président François Arnaud et livrant des réponses souvent longues et brouillonnes. Il avait concédé de nouveaux "mensonges" et apporté quelques éléments nouveaux, notamment sur ses retrouvailles avec Narumi.

Une version "disneylandisée", a estimé mardi Me Schwerdorffer devant les journalistes. "Il ose tout, il n'a pas de limites" parce qu'il "essaie de sauver sa peau".

Voix douce et questions affûtées, Me Galley a elle aussi mis l'accusé en grande difficulté. L'avocate avait notamment exhumé des messages adressés par le Chilien à la jeune étudiante, dévoilant la relation de domination que souhaitait manifestement imprimer M. Zepeda, qui s'en défend, à leur couple.

Commandements

Celui qui a été le premier petit ami de Narumi lui intime d'être "une bonne femme", une "bonne fille", et dresse plusieurs commandements : "Tu ne causeras jamais un problème, tu ne seras jamais fâchée, tu ne seras jamais méchante, tu n'auras jamais un mauvais mot, tu ne négocieras jamais quoi que ce soit".

Me Galley insiste : "Dans votre histoire de couple, Narumi est tombée enceinte". Et l'avocate de lire un message, terrible, adressé au Chilien: "Je n'oublierai jamais que tu m'as mise enceinte", "tu as fait du mal à mon corps", "tu as pris mon futur enfant", "tu m'as pris beaucoup d'argent". "Elle a dû payer pour une IVG ?", demande l'avocate.

L'accusé nie, Narumi n'était pas enceinte. Sylvie Galley repart à la charge, cette fois avec un mail de Nicolas Zepeda : "Tu es tombée enceinte Narumi parce que tu as fait l'amour avec moi et que personne ne t'a forcée". Un échange qui se produit "à un moment où je suis en train d'aller à l'aéroport, je veux l'exprimer au conditionnel mais j'y arrive pas", bredouille l'ancien étudiant en économie.

Souvent acculé, Nicolas Zepeda, qui s'exprime en français depuis le début du procès, finit par lâcher : "Je suis là pour vous raconter des choses" même si elles "semblent invraisemblables..."

L'avocat général Etienne Manteaux puis la défense doivent interroger Nicolas Zepeda dans l'après-midi.

Condamné en première instance à 28 ans de réclusion, il encourt la perpétuité. Le verdict devrait être prononcé jeudi.

(Source AFP)

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Justice

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