Arthur Martin exerce un métier peu exaltant et semble s’ennuyer un peu. Bahia Ben Mahmoud va de petits boulots en petit boulots et préfère consacrer sa vie à convertir en parfait gauchiste des irréductibles de droite, en couchant avec eux. Ces deux là, que bien des choses opposent, se rencontrent par hasard dans les locaux de France Inter, alors qu’il intervient pour prévenir du risque de grippe aviaire et qu’elle fait irruption dans le studio pour l’invectiver. « Tu pourrais être son père », souffle le souvenir de l’ado qu’il était à Arthur. Tant pis. Quitte à ce que cette union remue les choses enfouies du passé.
La déportation des grands parents d’Arthur à Auschwitz. Le massacre d’une partie de la famille du père de Bahia pendant la guerre d’Algérie. Le film évite le mélodrame, en contournant la caricature des générations persécutées.
L’humour féroce est à l’honneur et sied particulièrement aux deux acteurs, Gamblin et Forestier. Le duo haut en couleur fusille les clichés droite/gauche, se fait le héraut de l’amour avec un grand A qui s’affranchit de toutes sortes de clivages, et régale par une prestation commune drôle et touchante.
Quelques scènes savoureuses à relever : le dîner et ses lapsus à répétition puis la confrontation entre les deux couples parentaux et Lionel Jospin dans son propre rôle qui s’essaie pour notre plus grand plaisir à une petite scène d’autodérision. «
Un jospiniste aujourd'hui, c'est aussi rare qu'un canard mandarin dans l'île de Ré.». Bravo !Prochaine rubrique cinéma le 11 décembre 2010