Quatre axes, treize objectifs, 31 actions… Le PRSE (plan régional santé environnement), qui va courir jusqu’en 2015, constitue un véritable catalogue de bonnes intentions étalées sur une centaine de pages dans un ordre minutieux. Ce deuxième plan a été présenté ce matin à Besançon par le préfet de région, Christian Decharrière, et la directrice de l’Agence régionale de santé, Sylvie Mansion, à la station de traitement de l’eau de La Malate.
1292 sites de captage d’eau
C’est d’ailleurs l’eau qui mobilise le plus d’actions dans ce PRSE 2 consacré à « tous les facteurs qui ont une incidence sur la santé des Francs-Comtois ». « L’eau se taille la part du lion », a insisté Sylvie Mansion en rappelant que la région compte 5350 km rivières et 80 lacs. Sans compter le nombre important de gestionnaires de captages qui sont au nombre de 895 pour l’exploitation de 1292 sites.
De plus, 80% des lieux de captage se trouvent en milieu karstique ce qui rend les eaux souterraines très sensibles aux pollutions du fait de la rapidité de la circulation de l’eau dans le karst et de son faible pouvoir filtrant.
Alors que le PRSE 1 n’a de loin pas tenu ses promesses en matière de protection des captages, l’objectif de 100% de captages protégés en 2015 est donc réitéré. A la fin de cette année, seulement 46% des 1292 sites ont été préservés, ce qui correspond à 70% de la population.
Le problème des collectivités locales…
Interpellé sur ce résultat très décevant, le préfet a souligné qu’il fallait « une volonté partagée » pour avancer et qu’il ne suffisait pas de « prescrire ». « C’est le problème des collectivités locales, chacun aime bien son petit pré carré. Interpellez tous ceux qui ont un rôle là-dedans ! », a-t-il lancé aux journalistes dont certains ont évoqué le lobby des agriculteurs. « La décision publique n’est pas toujours parfaite. Ce n’est pas aussi simple que l’on pourrait le souhaiter », a quand même reconnu Christian Decharrière. « La pédagogie, c’est long », a complété Sylvie Mansion.
Outre l’eau, le plan comporte trois autres axes de travail. La réduction des expositions aux polluants en milieux clos, la réduction aux expositions aux polluants de l’air et la réduction des risques de maladies chroniques en agissant sur l’alimentation.
Toutes ces actions vont mobiliser 3,35 millions d’euros jusqu’en 2015. « Le PRSE est un document stratégique. Il s’agit de décliner une véritable action de façon collective et dans une logique opérationnelle », a conclu le préfet.
www.ars.franche-comte.sante.fr
www.franche-comte.developpement-durable.gouv.fr
www.eaupotable.sante.gouv.fr
Réduire les risques sanitaires liés aux usages de l’eau
Une mauvaise qualité de l’eau du robinet peut être à l’origine d’épidémies de gastroentérites ou conduire le consommateur à être exposé à des substances chimiques. Le plan préconise :
- Améliorer la qualité bactériologique de l’eau du robinet
- Améliorer la qualité de l’eau potable en protégeant les captages contre les pollutions ponctuelles et accidentelles
- Réduire les micropolluants
- Assurer la disponibilité de la ressource
- Prévenir l’exposition humaine aux légionnelles
Habitat : le radon, spécificité franc-comtoise
Les Français passent 67% de leur temps à l’intérieur de leur logement. La qualité de l’air intérieur de l’habitat est aujourd’hui reconnue comme un facteur déterminant dans l’accroissement de la fréquence de diverse pathologies chroniques et allergies respiratoires.
La Franche-Comté présente un risque spécifique d’accumulation du radon dans les bâtiments. L’air intérieur des logements de la région concentre en moyenne 2,5 fois plus de radon qu’ailleurs. Entre 72 et 139 décès annuels par cancer du poumon lui sont attribués.
Le Plan régional santé environnement préconise deux objectifs : sensibiliser et communiquer sur la problématique de la pollution intérieure et améliorer le diagnostic environnemental de l’habitat à risque pour la santé ;
Pollution de l’air : l’invasion de l’ambroisie
« Comparée à l’exposition au tabac ou à l’amiante, la pollution atmosphérique chimique ne présente pas un risque élevé », selon le document du PRSE. Reste que « la forte proportion de la population exposée et l’absence de seuil d’innocuité des polluants en font un important problème de santé publique ».
Le PRSE a pour ambition de réduire les expositions aux polluants de l’air à fort impact sur la santé en développant notamment la diffusion de l’information lors de pics de pollution. Il s’agit également de réduire l’impact sanitaire des pollens sur les populations sensibles alors que 42% de la population présente au moins un symptôme de fragilité respiratoire ou cardio-vasculaire.
L’ambroisie, plante envahissante et très allergisante, est particulièrement visée par le plan. Déjà très développée dans le Jura, il est préconisé de rendre obligatoire la lutte contre l’ambroisie dans les départements du Doubs, de Haute-Saône et du Territoire de Belfort.
Alimentation : inciter les jardiniers aux bonnes pratiques
Intervenir sur l’alimentation permet d’agir sur le risque ou la prévention de pathologies très répandues comme le diabète, l’obésité, l’ostéoporose, le cancer… Le plan prévoit d’améliorer l’accès des personnes allergiques à certains aliments aux structures de restauration collective.
Un autre objectif consiste à favoriser l’autoproduction d’aliments sains par la création de « jardins nourriciers biologique et pédagogique » et inciter les jardiniers aux bonnes pratiques de jardinage.
Sera également mis en place un dispositif de veille documentaire sur la question de l’alimentation-santé-environnement.