Musée de la Résistance : dessins et écrits pour redonner leur dignité aux femmes déportées

Publié le 09/02/2012 - 07:55
Mis à jour le 16/04/2019 - 12:01

Le musée de la Déportation et de la Résistance de Besançon expose les dessins et les écrits clandestins de deux déportées du camp de concentration de Ravensbrück (Allemagne), réalisés pour résister, témoigner et redonner aux femmes du camp leur dignité volée. 

Jeannette L'Herminier, ancienne étudiante en histoire de l'art, et Germaine Tillion, ethnologue, ont été déportées pour faits de résistance. Leurs œuvres, une soixantaine de dessins et une quinzaine de manuscrits, dialoguent jusqu'au 8 mai dans l'exposition baptisée «Les robes grises».

Les deux femmes se sont croisées début 1944, sans nouer une amitié particulière. Mais toutes deux ont résisté à l'intérieur même du camp, la première en dessinant ses camarades de détention, la seconde en consignant le maximum d'informations sur ce qu'il se passait et en écrivant une pièce de théâtre.

«Il était interdit de témoigner sur la vie dans les camps, aucune information ne devait en sortir. Dessiner ou écrire était une sorte de résistance, une manière de s'évader de conditions de vie épouvantables et de remonter le moral des autres femmes», explique Gaby Sonnabend, conservatrice du musée de Besançon.

Les manuscrits de Germaine Tillion, décédée en 2008, fourmillent d'informations sur la vie concentrationnaire. Son opérette «Verfügbar (disponible) aux enfers», que les femmes jouaient dans leur block, raconte, plein d'humour noir, le quotidien du camp.

Jeannette L'Herminier, disparue en 2007, a fait une soixantaine de portraits de détenues. «Elle leur redonnait la dignité qu'essayaient d'enlever les nazis. Ces dessins étaient un miroir qui disait: +regarde, c'est toi, une femme avec une identité, pas juste un numéro+», ajoute Mme Sonnabend.

Les silhouettes croquées au crayon, sur des papiers de fortune, montrent des femmes bien coiffées et arrondies, pour combattre la réalité des corps sales et amaigris. Parfois, le modèle a signé son portrait. L'artiste ne dessinait jamais les visages, faute de temps et d'expérience.

Pour Claire Audhuy, commissaire de l'exposition, «il y avait Jeannette L'Herminier et Germaine Tillion, mais aussi toutes les autres qui essayaient de trouver du matériel (crayon, papier) et surtout, qui conservaient les oeuvres à même la peau. Ces femmes ont toutes risqué leur vie, ensemble».

L'oeuvre des deux déportées a été retrouvée par Mme Audhuy dans le fonds d'archives du musée de Besançon, qui l'a prêté pour une première exposition à Strasbourg en 2011.

Le musée, en partenariat avec l'association Rodéo d'âme, la médiathèque André-Malraux et la bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg, expose ces manuscrits et de ces dessins d'une grande fragilité à titre exceptionnel.

Toutes les femmes portraitisées ont été identifiées. «L'une d'elles, qui n'avait pas eu le courage d'écrire ses mémoires, m'a demandé le catalogue de l'exposition, m'expliquant: c'est un portrait de famille avec mes camarades de détention. Notre lien de vie et de mort est presque aussi important qu'un lien de sang», dit Claire Audhuy.

(source: AFP)

  

Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

Société

Terres de Jim 2024 : une édition sous le signe de la bonne humeur

Le plus grand événement agricole plein air d’Europe a lancé les festivités ce vendredi et se poursuit jusqu’au dimanche 8 septembre 2024 à Mamirolle-Le Gratteris. Les Jeunes agriculteurs du Doubs ont pu compter sur les nombreux bénévoles afin de préparer le site, qui a subi les aléas météo de la journée de jeudi. Justine Drezet, responsable du pôle communication de l’événement, nous en parle…

L’Abbé Pierre visé par 17 nouvelles accusations de violences sexuelles, la Fondation va changer de nom

L'Abbé Pierre est visé par 17 nouveaux témoignages l'accusant de violences sexuelles qui auraient été commises entre les années 1950 et les années 2000. Sa fondation va changer d'appellation, selon un communiqué, qui annonce également la fermeture définitive du lieu de mémoire dédié au religieux en Normandie.

Adolescent mort d’une balle perdue à Planoise en 2022 : la mère demande que “justice soit rendue”

Hayette Ben Messaï, la mère du jeune Abdel Malek Ben Messaï, tué à 15 ans d’une balle perdue suite à un échange de tirs rue de Fribourg à Planoise en 2022, a tenu à rappeler son histoire et notamment son attente de la tenue d'un procès. Pour mémoire, elle avait adressé une lettre ouverte au ministre de l’Intérieur lors de sa venue à Planoise en février dernier.

Accidents graves dans le Doubs : le préfet appelle à la vigilance

En réaction aux deux graves accidents de la circulation survenus mardi 3 septembre 2024 à Besançon et Vercel-Villedieu-le-Camp, et impliquant des piétons, le préfet du Doubs Rémi Bastille appelle les automobilistes "à la plus grande vigilance" notamment à l’égard "des usagers de la route les plus vulnérables". 

Quel est le programme des festivités pour les 80 ans de la Libération de Besançon ?

À l’occasion des 80 ans de la Libération de Besançon le 8 septembre 2024, la Ville a donné une conférence de presse au cours de laquelle, elle a annoncé de nombreux événements pour célébrer ce jour marquant. Au programme : des cérémonies commémoratives, des expositions, des concerts et bien d’autres...

La LPO lance un appel à bénévoles pour la restauration d’une mare à Velesmes-Essarts

Le samedi 7 septembre, la LPO de Bourgogne-Franche-Comté organise un chantier nature participatif d’ampleur qui sera d’après-elle "sûrement le plus gros de cette année 2024". Afin de restaurer une mare de 1.000 m2, l’association lance un grand appel à bénévoles auprès des habitants du territoire. 

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 14.67
légère pluie
le 09/09 à 00h00
Vent
3.3 m/s
Pression
1011 hPa
Humidité
85 %