Chères colonies de vacances…
maCommune.info : Comment est née cette mission ? Quels constats le rapport fait-il ? L’augmentation du prix des colonies de vacances est-elle réellement la principale raison du déclin du nombre de jeunes qui partent en colonies ? Quelles sont les principales autres raisons ?
Annie Genevard : Cette mission parlementaire est née d'un double constat. 3 millions d'enfants et de jeunes ne partent pas en vacances, et en même temps, les séjours collectifs de mineurs appelés communément "colos" n'attirent plus. L'objet de la mission était d'en analyser les causes, d'évaluer la pertinence de ce type de séjour et de proposer, le cas échéant, des solutions pour leur redonner de l'attrait.
Les raisons du déclin des colonies de vacances sont multiples :
- crainte des parents de voir partir leurs enfants loin et longtemps
- coût des séjours (entre 500 et 800 euros par semaine)
- désaffection des enfants eux-mêmes
- préférence donnée aux mini-camps et aux centres de loisirs sans hébergement
Le coût des séjours des colonies de vacances a augmenté substantiellement en raison du changement réglementaire dans l'encadrement de l'animation (augmentation de 20 % de la masse salariale, baisse des financements CAF et augmentation du transport qui pèse pour plus de 30 % dans le coût des séjours, absence des classes moyennes qui permettaient l'équilibre économique).
mCi : Pourquoi se battre pour les colonies de vacances ? En quoi sont-elles utiles à la société ?
A.G. : Les colonies de vacances étaient autrefois des creusets de mixité sociale. Aujourd'hui, on assiste à une segmentation des publics et il serait utile de retrouver l'esprit qui prévalait au moment de la généralisation des colonies de vacances. Pour cela, il faudrait que les classes moyennes, qui sont aujourd'hui complètement négligées par les politiques publiques, puissent être incitées à ces séjours collectifs qui ont une utilité sociale. Les colos sont également utiles pour les enfants dont les familles vivent très repliées sur elles-mêmes. Cela peut être une façon de lutter contre le communautarisme.
Cela étant, les statistiques démontrent la progression des vacances familiales qui concernent aujourd'hui près de 86 % des jeunes et des enfants, ce qui est une bonne chose.
Quelles sont les nouvelles formes de la colonie de vacances imaginées pendant cette commission ?
A.G : Il serait absurde d'imaginer un retour au passé et, sans tomber dans le consumérisme, il faut que les séjours s'adaptent à une certaine modernité, qu'ils soient plus ouverts sur le monde, l'Europe, plus sensibles à l'environnement, à l'apprentissage de la vie avec les autres, tournés vers des activités innovantes...
La question du financement est déterminante. La solution proposée par le rapporteur socialiste de créer un nouvel impôt sur l'hôtellerie de luxe est une mauvaise solution. Si l'on veut impliquer les entreprises, mieux vaut réfléchir à du mécénat social.
La tribune d'Annie Genevard dans Valeurs Actuelles