Au procès Péchier, l'amertume d'une infirmière soupçonnée à tort

Publié le 24/10/2025 - 12:12
Mis à jour le 24/10/2025 - 16:52

"À l'époque, c'était moi la coupable", "mes collègues ne me faisaient plus confiance": deux infirmières qui travaillaient à Besançon avec l'anesthésiste Frédéric Péchier ont raconté vendredi 24 octobre 2025 à la cour leur souffrance d'avoir été soupçonnées à tort d'une erreur médicale.

 © Élodie R.
© Élodie R.

Ces deux soignantes étaient en poste à la clinique Saint-Vincent à l'été 2012, au moment où l'établissement a dû faire face, en l'espace de quelques semaines, à deux hémorragies massives sur des patients, dues à des injections inexpliquées d'héparine, un anticoagulant. Ces cas font aujourd'hui partie des 30 empoisonnements présumés, dont 12 mortels, que l'accusation impute à Frédéric Péchier entre 2008 et 2017. 

Les deux patients ont été sauvés, grâce à un antidote et une transfusion. Pour chacun, l'infirmière de nuit qui les avait pris en charge quelques heures avant l'opération a été soupçonnée a posteriori de leur avoir injecté de l'héparine par erreur. Une accusation qui a eu de lourdes conséquences, à long terme, pour les deux professionnelles. "Mes collègues ne me faisaient plus confiance", a raconté à la barre Marie-Christine T., "en colère" car cette affaire lui a "pourri" sa fin de carrière.

Dépression et crises d'angoisse

"Quand on faisait des relèves, on me disait: +Tu sauras faire ça, ça ne sera pas trop pour toi?+", a ajouté la soignante, qui a été arrêtée six mois pour dépression et souffre encore de crises d'angoisse. Elle a dû attendre six ans après les faits pour qu'un policier lui confirme qu'elle était "lavée de tout soupçon". "Ca m'a transformée".

Pour des raisons similaires, l'autre infirmière, Carelle T., a dû arrêter de travailler en chirurgie et traverser deux ans de dépression. Elle aussi a attendu plusieurs années pour être "innocentée" par la police, lorsque celle-ci a commencé à suivre la piste d'un acte malveillant. Cette piste, Mme T. dit pourtant en avoir parlé à ses supérieurs dès septembre 2012, après la deuxième hémorragie. "Vous avez un fou au bloc qui injecte vos patients !", avait-elle lancé à un anesthésiste, selon son récit. Pourtant, "on ne m'a pas crue", se désole la témoin, précisant même que ce médecin, face à ses avertissements, était "mort de rire".

"Un médecin, c'est inimaginable qu'il fasse ça..."

La présidente rappelle à l'infirmière que, devant les policiers en 2018, elle avait dit du Dr Péchier: "Lui aussi, on l'accuse alors qu'il n'a rien fait". "Je n'accepterai jamais sa culpabilité", confirme-t-elle à la barre. "Un médecin, c'est inimaginable qu'il fasse ça... Il avait entière confiance en moi, j'avais entière confiance en lui".

Une autre soignante, infirmière anesthésiste, a en revanche lourdement chargé l'accusé. "Je m'adressais toujours à M. Péchier parce qu'il était toujours zen. Mais après, j'ai réalisé pendant l'enquête qu'en fait, il nous manipulait. C'est cruel, monstrueux et diabolique".

L'accusé de 53 ans, qui clame son innocence, comparaît libre, mais encourt la réclusion à perpétuité. Le verdict est attendu le 19 décembre au terme d'un procès de trois mois et demi.

(Source AFP)

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