Congé après le deuil d'un enfant  : zizanie en macronie, Fannette Charvier s'explique

Publié le 05/02/2020 - 09:18
Mis à jour le 05/02/2020 - 09:18

Des députés LREM « en colère », y compris contre Emmanuel Macron, une ministre qui prend « cher » et un chef de gouvernement qui « assume » sa responsabilité: la majorité a tenté ce mardi 4 février 2020  de dénouer la crise autour du congé de deuil d’un enfant qui sème la zizanie au sein de la macronie. La députée du Doubs Fannette Charvier a voté contre l’amendement qui proposait de passer de cinq à  12 jours le congé légal pour la perte d’un enfant mineur. Elle s’en explique…

 ©
©

Le rejet jeudi à l'Assemblée d'une proposition UDI-Agir qui visait à porter de cinq à douze jours ce congé, n'en finit pas de jeter le trouble. Sur "ce sujet devenu une espèce de boule de feu", "probablement, sûrement, une part de responsabilité vient du gouvernement. Je l'assume", a déclaré Édouard Philippe lors d'une réunion du groupe majoritaire tendue, selon des propos rapportés.

Le chef du gouvernement a résolument pris la défense de la ministre du Travail Muriel Pénicaud, au centre des critiques: "Tous ceux qui iront chercher la responsabilité ailleurs, sur Muriel, en interne ou en externe, je leur dis merde !".

"Nous n'avons pas su collectivement expliquer notre position ni nous adapter. Les critiques nous font très mal", a encore reconnu le Premier ministre, venu éteindre le feu chez les "marcheurs".

Car l'épisode a laissé des traces au sein de la majorité, déjà secouée par une succession de crises, des "gilets jaunes" aux grèves contre la réforme des retraites, certains souffrant de passer pour de simples "godillots".

Des élus présents lors du vote litigieux jeudi ont ainsi refusé qu'on dise "qu'ils ont voté par loyauté" et rejeté l'idée d'une "erreur", estimant que le texte était "mal ficelé" et plaidant pour "aller plus loin" que ce que proposait l'UDI-Agir.

Certains ont dit leur "colère" et leur impression "d'avoir été envoyés au front et lâchés". Pour un député, l'"emballement médiatique" a été créé par Emmanuel Macron lui-même, par son intervention samedi dans ce dossier, où le chef de l'Etat a demandé de "l'humanité".

"Ce vote ne signifie pas que je sois insensible à la situation douloureuse des familles qui perdent un enfant ; ni que je considère que cinq jours suffisent à faire son deuil". Fannette Charvier, députée du Doubs

La députée du Doubs Fannette Charvier explique qu'elle a voté une proposition dans une version modifiée qui n’inclut plus ce rallongement de 5 à 12 jours. Selon elle, la question n’est pas de savoir si le congé légal doit être rallongé, mais de savoir comment mieux prendre en charge les familles durant cette période. "Je suis favorable à l’idée d’allonger le congé pour le deuil d’un enfant"  explique-t-elle, "mais je plaide en faveur d’un congé construit sur le modèle du congé paternité constitué de jours de congé légaux auxquels sont directement adossés des jours pris en charge par la sécurité sociale" .

La députée propose également un accompagnement psychologique « qu’il s’agisse des parents, mais également de la fratrie » et un dispositif d’aide financière pour les familles plus modestes. Ces propositions n'ont toutefois pas  été intégrée dans la discussion du 30 janvier. "Nous avons cependant pu intégrer d'autres dispositions" précise-t-elle, comme celui d'étendre le dispositif de la loi Mathys de 2014, permettant aux salariés de donner des jours de congés ou de RTT aux parents d’un enfant gravement malade. " Nous avons également proposé que le décès d’un enfant soit reconnu dans le Code du travail comme un deuil spécifique : il sera discuté de manière systématique dans les accords d’entreprise" indique la députée du Doubs qui souhaite 'aller plus loin sur le sujet" et de prendre le temps de construire un texte  "solide et complet qui concerne l’ensemble des Français et pas uniquement les salariés du privé"

Leur "seule connerie a été d'être loyal". Aurore Bergé, députée et porte-parole LREM

Reste que la polémique laisse des stigmates. "Ça me touche dans mon honneur", a déploré une députée, la voix tremblante. Des propos attribués dans la presse à un ténor de la majorité, traitant les "marcheurs" de "cons", ont aussi fait des remous, Aurore Bergé estimant notamment que leur "seule connerie a été d'être loyal".

Lors de ce moment vécu comme "cathartique", plusieurs responsables ont mis en avant la nécessité de "sortir vite" de cette crise. Évoquant un "épisode douloureux", le président de l'Assemblée Richard Ferrand a aussi plaidé pour "se serrer les coudes".

Lors des questions au gouvernement, les accusations de "faute morale" et "d'indécence" sont revenues dans la bouche de Pierre Cordier (apparenté LR).

"Pour être un de ceux qui a vécu" un tel drame de perte d'un enfant, le "marcheur" Bruno Bonnell a récusé en retour appartenir à une "majorité cynique et bornée", sous les applaudissements de ses collègues.

Ce sujet "n'est pas un problème d'argent" Muriel Pénicaud, ministre du Travail

Le Premier ministre a lui parlé avec l'"humilité d'un père de trois enfants dont la seule véritable angoisse est d'en perdre un", jugeant qu'il faut "probablement" étendre le congé, mais qu'aucun délai ne sera "à la hauteur" de la douleur vécue. Il a plaidé, lui aussi,  pour une vaste amélioration du "dispositif".

La ministre du Travail a promis après une réunion avec des associations, un "plan d'action" allant "de l'accompagnement psychologique aux frais d'obsèques" et assuré que ce sujet "n'est pas un problème d'argent".

Elle recevra mercredi syndicats et patronat afin de "trouver une solution" en vue de l'examen du texte au Sénat le 3 mars 2020, qu'elle espère voir "voté à l'unanimité".

(Avec AFP)

Soyez le premier à commenter...

Un commentaire

Laisser un commentaire

Politique

La ministre Fadila Khattabi se rendra au Breuil et à Chalon-sur-Saône ce vendredi 17 mai

Fadila Khattabi, ministre chargée des personnes âgées et des personnes handicapées, sera, ce vendredi 17 mai 2024, en visite en Saône-et-Loire, pour visiter l’ESAT du Breuil, faire une déambulation dans le centre-ville de Chalon-sur-Saône, participer à une table ronde sur le Fonds territorial d’accessibilité et assister à un match de playoff de basket fauteuil.

Européennes : le ministre Jean-Noël Barrot sera présent à Belfort ce vendredi 17 mai

Dans le cadre des élections européennes, Christophe Grudler, député européen et candidat sur la liste ''Besoin d'Europe'' a invité Jean-Noël Barrot, ministre délégué chargé de l'Europe pour une réunion publique qui se tiendra à Belfort le vendredi 17 mai 2024 à partir de 18h30 à la Maison du Peuple.

Élections européennes : les candidats invités à débattre sur les questions agricoles dans une ferme du Jura

Dans le cadre des prochaines élections européennes qui auront lieu le 9 juin 2024, les Jeunes agriculteurs de la région Bourgogne-Franche-Comté et la FRSEA invitent les candidats à débattre de leur programme autour des questions agricoles au sein d’une exploitation située à Saint-Baraing. 

Demande de protection fonctionnelle à Anne Vignot lors du prochain conseil municipal

Durant le prochain conseil municipal qui aura lieu jeudi 16 mai 2024, les élus seront amenés à délibérer sur l'octroi de la protection fonctionnelle à la Maire de Besançon suite aux propos violents et menaçants reçus personnellement sur les réseaux sociaux à la suite de son dépôt de plainte contre l’action du collectif Némésis menée durant le carnaval de Besançon le 7 avril dernier. 

Anne Vignot sur les relations entre Besançon et Dijon : ”On n’est pas des copains, mais…” 

EXCLUSIVITÉ • Lors de l’inauguration de l’exposition Made in Germany au musée des Beaux-Arts de Besançon le 3 mai dernier, c’était la première fois que l’on voyait les maires de Besançon et Dijon réunis dans un même projet, voire complices, avec des discours positifs et élogieux l’un envers l’autre. On le sait, les relations entre les maires de Besançon et de Dijon n’ont jamais été particulièrement au beau fixe, alors qu’en est-il dans les coulisses ? Les élu(e)s d'une région doivent-ils forcément s'entendre et collaborer ? On a rencontré Anne Vignot pour en parler...

Remplacer la place de la Révolution par la place Charles Quint : la proposition du MFC rejetée

Fin 2023, la Ville de Besançon a mis en place des ”Ateliers citoyens” permettant aux Bisontin(e)s de faire des propositions sur tout sujet concernant la vie locale. Celles ayant obtenu le plus de suffrages, lors d'un vote en ligne du 15 mai au 5 juin, feront alors l'objet d'un vote en conseil municipal. Mais la proposition du Mouvement Franche-Comté est jugée irrecevable.

La revue " Besançon Maintenant " printemps 2024 bientôt dans vos boîtes aux lettres…

La deuxième édition de la revue ''Besançon Maintenant'' est disponible. Plus de 40 000 exemplaires, financés par le groupe Besançon Maintenant, vont être distribuées dans les boîtes aux lettres des Bisontines et Bisontins pour les informer des actions et propositions du groupe présidé par Ludovic Fagaut.

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 8.18
partiellement nuageux
le 19/05 à 0h00
Vent
1.92 m/s
Pression
1014 hPa
Humidité
98 %