Pétitions et mémoire courte

Publié le 07/04/2016 - 11:36
Mis à jour le 07/04/2016 - 19:41

La pétition contre la loi travail El Khomri serait la plus populaire que la France ait jamais connue peut-on lire en substance dans les médias. « Erreur ! » explique l’historien de Besançon Joseph Pinard qui se remémore la pétition contre la loi Debré de 1960. A l’époque, elle avait recueilli  10.812.697 signatures… sans internet !   

Billet

  • "Aucune pétition auparavant n’avait connu en France un tel succès : lancée le 19 février, la pétition en ligne ‘Loi travail : non merci !’ dépassait deux semaines plus tard le million de signatures".  Le Monde, première phrase d’une enquête sur "La pression des pétitions" du 2 avril 2016

 Nous sommes dans une société de l’immédiateté. On veut nous faire croire que ce qui se passe est sans précédent. Erreur : en 1960, le Comité national d’action laïque (CNAL) a organisé une pétition nationale contre la Loi DEBRÉ qui venait d’être adoptée et concernait le financement de l’enseignement privé par voie de contrat. Le CNAL, avec la participation notamment de très nombreux instituteurs (et sans réseaux sociaux ! et pour cause...) organisa méthodiquement un quadrillage du territoire, village par village, quartier par quartier de ville.

Les soutiens étaient recueillis exclusivement en porte-à-porte. Ils étaient collectés sur des cahiers, avec signature manuelle et indication de l’adresse, de façon à ce que des huissiers puissent contrôler la régularité des opérations. Résultat ? 10.812.697 signatures !

En juin 1960, une grande journée nationale réunit à Paris 25.000 artisans de ce succès. Le bilan fut dressé département par département. La palme revenant à la Creuse, où la pétition avait obtenu l’accord de 93% des électeurs ( ! ). Par rapport au nombre de votants aux législatives de 1958, la pétition avait dépassé les 50% dans 65 départements. Cela avait été le cas en Franche-Comté pour le Jura, la Haute-Saône, le Territoire de Belfort et le Doubs (82.584 signatures sur 155.721 électeurs). Les organisateurs soulignaient notamment le cas de Pontarlier (4.428 signatures sur 8.020 électeurs inscrits soit 55,2%).

Commentaire : comparaison n’est pas raison. Il n’y avait pas internet. Il y avait eu des contacts personnels, des échanges, sur la base d’un argumentaire, et contrôle sérieux pour éviter les signatures multiples. Aujourd’hui, on se contente d’un « clic », tandis que se multiplient les pétitions sur tous les sujets. Il est beaucoup fait appel aux émotions, au détriment de la raison.

Les signatures par écran déshumanisent : ça ne remplace pas les dialogues entre personnes ayant recours à la parole, il n’est pas besoin d’avoir lu LEVINAS ou RICOEUR pour avoir conscience d’un risque de régression à l’heure où tout le monde s’autorise à avoir un avis sur tout, sans prendre le temps d’étudier les sujets traités tant les sollicitations des réseaux sociaux sont multiples, les fièvres médiatiques se succédant à un rythme accéléré.

Nous sommes au temps du buzz.

Joseph Pinard

Agrégé d’Histoire, ancien Député du Doubs

Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

Politique

Élection de Trump : Allenbach invite à “faire une pause” en matière de politique environnementale et climatique à Besançon

Dans un communiqué publié à la suite de la réélection de Donald Trump comme 47e président des États-Unis le 6 novembre 2024, le président du Mouvement Franche-Comté, Jean-Philippe Allenbach, a fait le parallèle avec la politique environnementale menée actuellement par la Ville de Besançon.

Rencontre avec Rachel, expatriée américaine à Besançon : ”Que Trump gagne ou non, j’ai peur”

Élections US • Bisontine depuis 2010, Rachel Boyette est née au États-Unis et plus précisément à Raleigh, en Caroline du Nord. À moins de 24 heures des résultats des élections présidentielles aux États Unis dans la nuit de mardi 5 à mercredi 6 novembre 2024, nous l’avons rencontrée pour connaître son point de vue sur cette campagne particulièrement violente entre Donald Trump et Kamala Harris et son pronostic.

Municipales 2026 : le parti communiste travaille à “rassembler toute la gauche”

En réaction à la récente candidature annoncée d’Anne Vignot pour un second mandat et pour être en mesure de faire face à des "municipales qui s’annoncent plus tôt que le printemps", les élus communistes se sont rassemblés jeudi 31 octobre 2024 à Besançon pour préparer un rassemblement de la gauche dans le but d’éviter que la Ville ne "tombe à droite".

Budget : vers la suppression d’un deuxième jour férié en France ?

Y aura-t-il bientôt un jour férié en moins ? Le ministre du Budget s’est dit ouvert "au débat" mardi 29 octobre 2024 et prêt à engager une discussion parlementaire sur la suppression d'un deuxième jour férié, jugeant, de manière générale, que travailler davantage pour participer à l'effort de redressement allait "dans le bon sens".

Municipales 2026 : la réaction du PS du Doubs sur la candidature d’Anne Vignot

Par la voix de sa première secrétaire fédérale Myriam El Yassa et de son secrétaire national délégué aux petites entreprises Stéphane Ravacley, le Parti socialiste du Doubs a réagi dans un communiqué de presse du 28 octobre 2024 sur l’annonce "sans concertation préalable" de la déclaration d’Anne Vignot comme candidate pour les élections municipales de 2026. 

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 7
ciel dégagé
le 10/11 à 21h00
Vent
1.87 m/s
Pression
1028 hPa
Humidité
95 %