Procès de Valérie Bacot : les conclusions glaçantes des experts

Publié le 24/06/2021 - 17:28
Mis à jour le 24/06/2021 - 17:28

Valérie Bacot, jugée pour avoir assassiné son mari violent et proxénète, n’avait « aucune échappatoire » si ce n’est de le tuer pour échapper à son emprise et l’empêcher de s’en prendre à leur fille, selon des experts.

illustration © maCommune
illustration © maCommune

"Aucune échappatoire n'est laissée au sujet aliéné. La seule possibilité est de détruire le sujet aliénant", a déclaré devant la cour d'assises de Saône-et-Loire Denis Prieur, expert psychiatre qui a entendu l'accusée après l'assassinat de son mari Daniel Polette, le 13 mars 2016, alors âgé de 61 ans. Valérie Bacot, 35 ans à l'époque, encourt la perpétuité.

Décrivant un "syndrome de la femme battue", le médecin a souligné qu'elle était une "marionnette dans les mains de son mari".

Elle était "soumise à l'emprise totalitaire de ce tyran domestique" qui l'a violée dès l'âge de 12-13 ans, quand il était encore son beau-père. Elle s'est "trouvée enfermée, emprisonnée dans l'emprise de son mari totalitaire". Une emprise "dominante" et surtout "permanente", explique l'expert.

"Elle n'avait plus réellement de libre arbitre : elle a peur, car son mari était toujours dans sa tête. Elle était toujours terrorisée et restait avec les diktats de son mari. L'emprise est permanente, pas seulement quand il est présent", indique-t-il. De ce fait, "elle n'avait pas la possibilité du recours à la loi" : "Il n'y a plus d'autre possibilité que de le faire disparaître", ajoute le psychiatre. Mardi 22 juin, durant les débats, l'avocat général, Éric Jallet, avait considéré au contraire qu'il y avait "d'autres solutions que de tuer un homme", comme de porter plainte.

Syndrome de Stockholm

"Elle sait très bien ce qui va se passer" si elle porte plainte, a estimé, jeudi, Denis Prieur, qui rappelle les menaces de mort que Valérie Bacot a subies de son mari. "Il est tout le temps présent, même quand il n'est pas là", ce qui pousse Valérie Bacot dans une "impuissance acquise". Porter plainte n'était "pas possible", renchérit Laurence François, psychologue qui a également rencontré à plusieurs reprises Valérie Bacot "Elle était surveillée en permanence. […] C'était le règne de la terreur", rappelle-t-elle, évoquant un "syndrome de Stockholm", où on "finit par tolérer et même s'attacher" à son bourreau.

"C'est une peur gelée, une forme d'autodéfense pour ne pas s'effondrer", explique la psychologue.

Évoquant le premier viol de Valérie Bacot par Daniel Polette, alors qu'elle n'était qu'une jeune adolescente, l'experte rappelle qu'elle s'était "débattue et avait eu mal : elle a donc compris que, si elle ne se débattait pas, elle aurait moins mal". "C'est le syndrome victimaire : on trouve un compromis d'acceptation pour ne pas avoir encore pire", explique Laurence François.

"La loi n'a servi à rien"

La défaillance de la justice a pu également décourager Valérie Bacot à porter plainte. "C'est une faille de notre société", s'est offusqué Denis Prieur en commentant l'étonnant retour de Daniel Polette au foyer familial où vivait Valérie Bacot, en 1997 dès sa sortie de prison, où il avait pourtant été incarcéré pour l'avoir violée à l'âge de 12-13 ans. "La loi n'a servi à rien", a estimé Laurence François.

"Il est puni et il revient !" La défense de Valérie Bacot a porté plainte pour "faute lourde" contre l'État à ce sujet, et pointe également du doigt deux signalements à la gendarmerie qu'ont tenté de faire le fils et le gendre de Valérie Bacot, restés sans effet.

Selon Denis Prieur, pour que Valérie Bacot tue son mari, il aura fallu "le déclic" intervenu quand sa fille Karline, à 14 ans, lui a confessé que son père (Daniel Polette) lui avait demandé comment elle était "sexuellement". Selon Laurence François, Valérie Bacot s'est alors dit "qu'il allait s'attaquer à elle" et "cela a été un électrochoc". Le procès, à Chalon-sur-Saône, est prévu jusqu'à vendredi.

(AFP)

Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

Justice

Procès Péchier : un enfant empoisonné pour “régler des comptes”, selon son père

L'empoisonneur "s'est servi de notre petit garçon pour régler des comptes", a regretté lundi 24 novembre 2025 devant la cour d'assises du Doubs le père de Tedy, victime à quatre ans d'un arrêt cardiaque suspect, l'un des trente empoisonnements imputé à l'ex-anesthésiste Frédéric Péchier.

Au procès Péchier, l’arrêt cardiaque de Tedy, 4 ans, opéré des amygdales

C'est la plus jeune des 30 victimes attribuées par l'accusation à l'ex-anesthésiste Frédéric Péchier: la cour d'assises du Doubs a commencé jeudi 20 novembre 2025 à se pencher sur le cas de Tedy, 4 ans, qui a subi un arrêt cardiaque en 2016 lors d'une banale opération des amygdales. L'enfant a survécu après deux jours de coma et cinq jours en réanimation.

Statue de Jenny d’Héricourt à Besançon : le procureur de la République ouvre une enquête

Le Mouvement Franche-Comté a annoncé le 18 novembre 2025 par voie de communiqué, que le procureur de la République a décidé d’ouvrir une enquête à la suite d’une plainte déposée pour des faits de favoritisme concernant la statue de Jenny d’Héricourt installée place de la Révolution à Besançon depuis le 5 mars dernier.

Affaire Fousseret-Cordier : Anne Vignot se joint à la demande d’appel du parquet

Le 5 novembre dernier, le tribunal correctionnel avait prononcé la relaxe de l’ancien maire Jean-Louis Fousseret et Alexandra Cordier pour prises illégales d’intérêt et détournement de fonds publics. Le parquet avait aussitôt déposé une demande d’appel du jugement le 7 novembre 2025. Représentée par Anne Vignot, la Ville de Besançon a suivi le parquet dans la demande d’appel. 

“Absence systématique” : Péchier mis en cause pour son désengagement lors des réunions sur les cas suspects

"L'absence systématique" de Frédéric Péchier aux réunions organisées pour discuter des arrêts cardiaques suspects dans une clinique de Besançon où il travaillait était vendredi 14 novembre 2025 l'objet du douzième interrogatoire de l'accusé, jugé pour 30 empoisonnements, dont 12 mortels, par la cour d'assises du Doubs.

Procès Péchier : l’accusé conteste le récit d’une patiente

"Elle a pu se tromper" : le Dr Frédéric Péchier, jugé à Besançon pour avoir empoisonné 30 patients dont 12 sont morts, a fermement contesté lundi 10 noveùbre 2025 devant la cour le récit d'une patiente victime en 2015 d'un arrêt cardiaque au bloc, et qui a raconté qu'il était venu à son chevet juste avant son anesthésie.

Le parquet de Besançon fait appel après la relaxe de Jean-Louis Fousseret et d’Alexandra Cordier

Le parquet de Besançon a annoncé, ce vendredi 7 novembre, sa décision de faire appel du jugement ayant conduit à la relaxe de l’ancien maire de Besançon, Jean-Louis Fousseret, et de son ex-collaboratrice, Alexandra Cordier. Tous deux étaient poursuivis pour prise illégale d’intérêts et détournement de fonds publics dans une affaire datant de 2019.

Jean-Louis Fousseret et Alexandra Cordier relaxés par le tribunal correctionnel de Besançon

Le parquet de Besançon avait été saisi en juillet 2024 d’un signalement de la procureure financière de la Chambre régionale des comptes de Bourgogne-Franche Comté. Ce signalement a été effectué à l’issue du contrôle des comptes et de la gestion de la commune de Besançon, qui a révélé des faits susceptibles, selon la procureure, de constituer une prise illégale d’intérêt et un détournement de fonds publics. Le tribunal correctionnel de Besançon a relaxé Alexandra Cordier et Jean-Louis Fousseret ce 5 novembre 2025.

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 3.77
légère pluie
le 25/11 à 18h00
Vent
2.93 m/s
Pression
1009 hPa
Humidité
93 %