La lettre de Marie-Guite Dufay:
« De nombreuses classes verront leurs effectifs augmenter dans les filières générales et des suppressions de filières et options sont annoncées dans les filières technologiques et professionnelles, ce qui ne manque pas de nous interroger en ce qui concerne leur pertinence territoriale et économique. La question de l’orientation se pose également, d’une part du fait de l’amenuisement de l’offre de formation dans certains territoires et d’autre part du fait de la disponibilité des places dans certaines filières.
Il en résulte donc une grave mise en cause du service public de l’Education, tant d’un point de vue qualitatif que quantitatif. Vous n’êtes pas sans savoir que cette réduction drastique des moyens dans l’Education Nationale depuis maintenant près de 10 ans engendre des conséquences concrètes, relevées dans des études internationales comme l’étude PISA menée dans les pays de l’OCDE : la position de la France ne cesse de s’y dégrader, avec des données de plus en plus alarmantes, notamment quand à la maîtrise des savoirs fondamentaux ou l’accroissement des sorties du système scolaire sans qualification.
De plus, je ne peux que regretter une fois encore que la collectivité régionale ne soit pas consultée plus en amont dans le mécanisme de prise de décision. Elle en a cependant la légitimité, notamment en raison de l’importance des moyens qu’elle consacre au lycée, en particulier en ce qui concerne des investissements souvent en lien direct avec les filières enseignées. Le travail réalisé lors de l’établissement de la Stratégie Education Formation et de la carte prospective des formations 2009-2014, à l’issue d’une large consultation des territoires et acteurs économiques, témoigne également de la responsabilité de la collectivité régionale en matière de réflexion sur l’offre de formation.
Je tiens à attirer votre attention sur un certain nombre d’exemples, qui illustrent ces observations :
- Aire du Grand Besançon : La fermeture de deux demies divisions de BTS industriels au lycée Jules Haag (pour lesquelles la Région a investit 18 000 euros d’équipement en 2010) et d’une demi division de CAP « conduite de systèmes industriels » au Lycée Montjoux marquent une réelle régression des formations industrielles sous statut scolaire dans le bassin de Besançon, malgré des besoins réels du monde économique. La vocation « mécanique, électrotechnique et électronique » clairement affichée dans les axes de développement économique du secteur doivent trouver des réponses concrètes dans l’offre de formation sous statut scolaire.
- La fermeture de la mention complémentaire de Cuisinier en desserts de restaurant au lycée Condé pose également un problème. Cette formation est reconnue par les professionnels du secteur et obtient certains succès au niveau national. Vous en avez vous-même souligné les mérites l’an dernier, en valorisant le Champion de France junior de dessert issu de cette formation.
(...) De manière plus générale, les suppressions de postes dans les filières d'enseignement général imposent aux élèves et enseignants des contraintes de plus en plus fortes en terme d'effectifs dans les classes, de disparitions d'options ou de travaux en demi sections. Tous les établissements sont concernés, mais cela est d'autant plus inquiétant dans les lycées classés en ZEP et préjudiciable aux élèves les plus en difficulté.
Je suis convaincue que nous partageons l’objectif de renforcer la cohérence entre les mesures de rentrée pour 2011, les attentes du monde économique et l’aspiration des jeunes Francs-Comtois à étudier dans les meilleures conditions possibles. C’est pourquoi il m’est apparu indispensable de partager avec vous mes préoccupations sur des décisions qui me semblent porteuses de tensions et d’inquiétude dans les familles, au sein du personnel enseignant mais aussi dans les PME-TPE des territoires concernés.
Je souhaite enfin vous rappeler que si les voies de formation en temps plein scolaire et en apprentissage sont complémentaires, l’apprentissage n’a pas vocation à se substituer aux formations temps plein. L’équilibre entre les différentes voies de formations est et doit rester une préoccupation de tous ».