Assemblée nationale et néonicotinoïdes : discordes dans le groupe LREM...

Publié le 07/10/2020 - 11:22
Mis à jour le 07/10/2020 - 11:22

Coup de semonce pour la majorité: l’Assemblée nationale a adopté ce mardi 6 octobre 2020 le projet de loi controversé permettant la réintroduction temporaire des néonicotinoïdes tueurs d’abeilles pour sauver la filière betterave, mais LREM a enregistré une contestation record dans ses rangs. Dans le Doubs, Fannette Charvier et Éric Alauzet se sont clairement opposés sur la question. La tendance écolo l’a emportée chez le député ex-EELV…

Résultats du vote à l'Assemblée Nationale © Facebook E. Alauzet ©
Résultats du vote à l'Assemblée Nationale © Facebook E. Alauzet ©

Au total, le texte a recueilli 313 voix pour, 158 contre et 56 abstentions. Il doit désormais être examiné au Sénat en première lecture.  Chez LREM, 32 députés ont voté contre et 36 se sont abstenus, un record inattendu, tandis que seuls 175 du groupe macroniste dirigé depuis septembre par Christophe Castaner ont voté en faveur de ce texte prévoyant la réintroduction de ces insecticides tueurs d’abeilles.

Cette contestation est le signe que ce "texte difficile, important", n'a pas pu réconcilier tous les tenants de l'écologie et de l'économie, y compris et surtout chez les "marcheurs", comme l'espérait pourtant Julien Denormandie, le ministre de l'Agriculture.

"Ma position n'a pas été difficile à tenir dans le groupe. Tout le monde la comprenait", a déclaré à l'AFP Sandrine Le Feur, députée LREM agricultrice de profession. Éric Alauzet, député du Doubs, a pris la même décision et à voté contre le projet. Il a réagit sur les réseaux sociaux :  

Voici le détail des votes des députés de Franche-Comté :

Doubs :

  • Fannette Charvier (LREM) : Pour la réintroduction temporaire des néonicotinoïdes tueurs d'abeilles pour sauver la filière betterave
  • Éric Alauzet (LREM) : Contre la réintroduction temporaire des néonicotinoïdes tueurs d'abeilles pour sauver la filière betterave
  • Denis Sommer (LREM) : Contre
  • Frédéric Barbier (LREM) : Contre
  • Annie Genevard ( LR) : Pour

Jura

  • Danielle Brulebois (LREM) : Pour Marie-Christine Dalloz (LR) : Abstention
  • Jean-Marie Sermier (LR) : Pour

Territoire-de-Belfort

  • Ian Boucard (LR) : Contre
  • Michel Zumkeller (UDI) : Pour

Haute-Saône

  • Barbara Bessot-Ballot (LREM) : Abstention
  • Christophe Lejeune (LREM) : Pour

"Le groupe majoritaire "a envie d'exprimer ses convictions", S. Guerini.

Le précédent record de "fronde" avait été atteint en juillet 2019 sur un sujet également agroécologique, la ratification du traité de libre-échange entre l'UE et le Canada (Ceta): 9 députés LREM avaient voté contre et 52 s'étaient abstenus. Le groupe majoritaire aujourd'hui "s'affirme, a envie d'exprimer ses convictions", avait observé plus tôt le numéro un du parti LREM Stanislas Guerini, alors que plusieurs votes sensibles arrivent (IVG, bien-être animal...)

L'ensemble de la gauche a voté contre le projet de loi sur les néonicotinoïdes, une majorité des LR et MoDem pour, mais la plupart des groupes se sont partagés.

"Il y a des votes qui échappent à la logique partisane car ils participent à des choix éthiques", avait fait valoir l'ex-ministre de l'Environnement Delphine Batho (EDS), farouche opposante au retour des néonicotinoïdes.

La nocivité de ces substances avait cependant fait consensus, de LFI au RN, lors de l'examen du projet de loi lundi soir. Mais l'élu LREM de la Creuse Jean-Baptiste Moreau a encore fait valoir mardi que le projet de loi était une "réponse pragmatique à la situation catastrophique dans laquelle se trouve la filière de la betterave française".

"Bien embêtés"

En raison de la prolifération d'un puceron vert vecteur de la maladie qui affaiblit les plantes dans de nombreuses régions, les betteraves issues de semences non enrobées d'insecticide sont atteintes de "jaunisse".

La réintroduction de semences enrobées avec des néonicotinoïdes doit permettre de protéger les rendements sucriers. Le hic est que ce type de pesticides a été interdit en 2018. Et voilà le gouvernement obligé de rétro-pédaler, en s'appuyant sur le règlement européen sur les phytosanitaires qui permet de déroger à l'interdiction, potentiellement jusqu'en 2023.

"On est bien embêté avec votre texte", avait relevé Thierry Benoit (UDI), qui a voté contre et déplore que "la France n'a(it) pas la maturité d'organiser la transition écologique".

A l'heure où l'exécutif voulait entamer un tournant écologique dans le sillage de la Convention citoyenne pour le climat, il bute sur la sauvegarde d'une filière assurant la "souveraineté" agroalimentaire du pays, avec à la clef 46.000 emplois. Pour M. Denormandie, il n'y a pas d'"alternative" efficace. Hors de question également de "tuer une filière française pour importer des sucres polonais, allemands ou belges".

  • Face à ce "renoncement", gauche et écologistes ont pilonné la majorité, LFI promettant même une plainte devant la Cour de justice de la République "pour mise en danger de la vie d'autrui", selon Mathilde Panot.

"On n'aurait jamais dû en arriver là. C'est lié au retard et aux dysfonctionnements dans le suivi de la loi 2016. (...) Je ne peux pas donner un chèque en blanc au gouvernement", a confié le "marcheur" Guillaume Gouffier-Cha, qui s'est abstenu.

Les réactions à ce vote ont été aussitôt nombreuses: la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB) salue le "courage" et l'"ambition" du gouvernement. Une "décision responsable", également applaudie par le producteur de sucre Cristal Union.

A l'inverse, Greenpeace a fustigé une "régression écologique majeure". Une "insulte" à "la protection du vivant", s'alarme l'association nationale de l'apiculture française.

(Avec AFP)

Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

Politique

Meeting de soutien à Raphaël Glucksmann :”L’Europe est à un moment où elle doit se réveiller” (P. Jouvet)

Le Parti socialiste du Doubs et Place publique Franche-Comté ont organisé une réunion publique lundi 22 avril 2024 à 19h00 salle Proudhon à Besançon afin de soutenir Raphaël Glucksmann, candidat PS aux élections européennes. Environ 130 personnes ont répondu présentes.

Le Mouvement Franche-Comté veut “stopper” la Pive

Dans un communiqué du 20 avril 2024 intitulé "Stop Pive !", le Mouvement Franche-Comté, représenté par son président Jean-Philippe Allenbach, qualifie le rapport moral et financier 2023 de l’association La Pive (monnaie locale) de "désastreux" et souhaite l’arrêt des subventions publiques qui lui sont allouées.

Il y a 80 ans, les femmes obtenaient le droit de vote : l’hommage d’Aline Chassagne à Besançon

Il y a 80 ans, le 21 avril 1944, les femmes obtenaient le droit de vote en France. Aline Chassagne, adjointe à la maire de Besançon en charge de la culture et du patrimoine historique, a rendu hommage, samedi matin rue Gisèle Halimi, à celles qui se sont battues pour avoir ce droit. Elle a également appelé à "retourner aux urnes".

Le Sénat adopte un plan de lutte contre le frelon asiatique qui met fin à 20 ans d’inaction publique 

Le Sénat a adopté à l'unanimité, le 11 avril 2024, un plan de lutte contre le frelon asiatique qui met fin au désengagement de l’État en la matière et qui met à mal la filière apicole et les pollinisateurs sauvages. ”Une victoire importante et une avancée majeure, vingt ans après la détection de cette espèce sur le territoire national”, pour Jean-François Longeot, sénateur du Doubs. 

Haut Conseil des finances publiques : le gouvernement n’a “pas les moyens” de réaliser des baisses d’impôts sèches

Pierre Moscovici, président du Haut Conseil des finances publiques (HCFP), a estimé mercredi 17 avril 2024 que le gouvernement "n'avait pas les moyens" au vu de l'état de ses finances publiques, de faire des "baisses d'impôts sèches", contrairement aux promesses de l'exécutif.

Élections européennes du 9 juin 2024 : modalités pour s’inscrire et voter

Le 9 juin 2024, les Français en âge de voter et les ressortissants d’un État-membre de l’Union européenne résidant en France seront appelés à voter pour l’élection des représentants de la France au Parlement européen. Comment s'inscrire sur les listes électorales et voter ?

L’élu bisontin Kévin Bertagnoli dépose plainte pour “harcèlement” et “menaces de mort”

Le président du groupe Génération-s et adjoint en charge de la Démocratie participative et de la participation citoyenne à la Ville de Besançon, a décidé de porter plainte auprès du procureur de la République contre les auteurs de publications malveillantes survenues suite à son intervention lors du dernir conseil municipal de Besançon du 4 avril 2024.

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 10.25
nuageux
le 25/04 à 15h00
Vent
3.82 m/s
Pression
1008 hPa
Humidité
53 %