Attentats du Bataclan : quatre ans après, des victimes sur le chemin de la reconstruction

Publié le 13/11/2019 - 08:47
Mis à jour le 13/11/2019 - 09:01

Quatre ans plus tard, ils sont nombreux à se dire sur la voie de la reconstruction. Mais pour beaucoup de victimes, blessées ou témoins des attentats du 13 novembre 2015, le procès qui se profile pourrait être une nouvelle épreuve.

Commmoration des un an  de l'attentat à Besançon © dr ©
Commmoration des un an de l'attentat à Besançon © dr ©

Chaque cas est différent, répètent les spécialistes. Mais, "toute personne qui a une stabilité psychologique sans aucun antécédent traumatique, notamment dans son enfance, s'en sortira ou s'en est déjà sortie, soit 70% des victimes", assure Gérard Lopez, président d'honneur de l'Institut de victimologie, qui a accueilli 180 personnes depuis l'attentat.

Présent au Bataclan le soir du 13 novembre, Fabrice en fait partie: "Il m'a fallu un ou deux ans pour digérer les choses et n'être plus à vif". Aujourd'hui, ce Parisien de 47 ans, qui a "repris une vie normale" est toujours en lien avec d'autres victimes, mais avec "parcimonie". Camille, aussi, "se sent beaucoup mieux": "J'ai changé de vie de façon positive, je suis une personne plus forte", raconte-t-elle, tout en précisant qu'elle "y pense tous les jours".

Selon le président de l'association de victimes Life for Paris, Arthur Dénouveaux, cette année la "grande majorité" des personnes a passé un "cap": "Quand elles se retrouvent c'est pour parler de leurs projets futurs, notamment de reconversions professionnelles. Et non plus pour évoquer le présent et se demander où elles en sont dans leur reconstruction", raconte cet entrepreneur.

A contrario, de "nouvelles victimes se sont rapprochées de l'association encore cette année", indique-t-il. Une cinquantaine de nouvelles demandes ont également été adressées au Fonds de garantie (FGTI) en 2019 pour une indemnisation. Les attaques ont tué 130 personnes à Paris et à Saint-Denis en 2015 et fait plus de 350 blessés.

"Il s'agit de victimes qui pendant longtemps ne se considéraient pas comme victimes - syndrome du survivant - et qui, au bout de trois ans, se rendent compte qu'elles ne peuvent plus faire face seules", a précisé le directeur général du FGTI, Julien Rencki. Jean-Baptiste, 26 ans, a longtemps eu "du mal à se considérer comme victime, étant "sorti au bout de 15 minutes du Bataclan", confie-t-il, "je n'arrivais à me plaindre".

Un sentiment assez répandu chez les victimes. Comme le confirme la victimologue Géraldine Million: "Certaines personnes essayent de s'en sortir seules, font l'autruche, colmatent les brèches, mais ce genre de traumatisme resurgit forcément à un moment". Le procès, qui devrait se tenir en 2021, sera une "étape difficile" pour la plupart des victimes.

Après le procès, encore des victimes ?

"La plupart attendent beaucoup d'un procès car c'est à ce moment-là que la société dira publiquement +ce n'est pas normal ce qu'il s'est passé+, il y aura une réparation judiciaire", explique la psychologue clinicienne. Pour les victimes, le procès peut être "un point final", le moment où elles pourront sortir "d'un système de victime".

C'est ce que pense Stéphane, blessé le 13 novembre, selon qui, la fin du procès sera la fin de sa reconstruction. Avant cela, la clôture du dossier d'indemnisation sera une autre étape. Après, "l'attentat deviendra un événement historique, cela ne sera plus dans l'actualité immédiate", indique quant à lui Alexis, journaliste de 30 ans, présent au Bataclan. "Les victimes aspirent à vivre sans diminution, non pas en niant leur traumatisme mais en le dépassant, en refusant de se laisser enfermer par lui… et peut-être par nous", expliquent Arthur Dénouveaux, dans un livre coécrit avec le magistrat Antoine Garapon, "Victime et après ?" publié en novembre chez Gallimard.

Selon lui, le statut de victime est "assez aliénant" et "marque au fer rouge" une personne, qui n'est "réduite" qu'à cela par la société. Une "double peine". "Je ne veux pas être perçue comme victime, je ne veux pas être la victime du Bataclan qu'on connait", confirme Alexis, même s'il reconnait qu'il n'aura plus jamais la même personnalité. Pour Gérard Lopez, la fin du procès ne signifie pas la fin du sentiment de victime. "C'est un mythe car un tel traumatisme c'est à vie".

Concernant l'autre partie des victimes, le procès "ne va pas changer grand chose": "Elles sont en colère contre elles-mêmes" et devront trouver "réparation en elles et non pas avec une condamnation", poursuit Géraldine Million.

(Source AFP)

Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

Société

Publicités vandalisées à Besançon : les militants écologistes en soutien à l’un des leurs

Les militants écologiques des collectifs Alternatiba, ANV-Cop 21 et Extinction Rébellion ont tenu ce vendredi 3 mai une conférence de presse sur l’esplanade des Droits de l’Homme à Besançon en amont d’une convocation de l’un d’eux par le tribunal judiciaire suite à une plainte de l’entreprise JC Decaux. 

Cimetière Saint-Claude à Besançon : le nouveau carré musulman boueux, une famille en colère ne peut pas se recueillir…

Depuis 4 mois, une famille déplore les conditions dans lesquelles leur maman est enterrée, dans le nouveau carré confessionnel musulman du cimetière Saint-Claude à Besançon. Gadoue, flaques d’eau… l’accès aux tombes est difficile et accidenté pour les personnes qui souhaitent venir s’y recueillir.

10.000 élèves à la découverte des parcs éoliens en Bourgogne – Franche-Comté

Le 21 mai et jusqu’au 5 juin 2024, l’association France Renouvelables lance son évènement "Génération Transition". Pour la deuxième année consécutive, quelque 10.000 élèves, collégiens et lycéens de France pourront découvrir les coulisses de l’énergie éolienne notamment en Bourgogne – Franche-Comté.

Attaques contre les droits trans et reproductifs : une manifestation le 5 mai à Besançon

Nouvel esprit, association LGBTQIA+ née en 2007 à Besançon, a signé la tribune publiée mardi 30 avril 2024 dans Politis suite à l’initiative de plus de 800 autres organisations et collectifs de s’unir pour faire face ensemble aux attaques contre les droits trans et reproductifs. Une manifestation est prévue le 5 mai à Besançon.

“Résurrection” le nouveau jardin du musée de la résistance de Besançon rend hommage aux déportés

À l’occasion de la Journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la déportation, le Musée de la Résistance et de la Déportation de Besançon a inauguré dimanche 28 avril 2024 à 14h son nouveau jardin baptisé "Résurrection" en hommage à tous les déportés de la Seconde Guerre mondiale. 

Expo, marche et films à l’occasion de la Journée internationale contre l’homophobie à Besançon

Le 17 mai 2024, à l’occasion de la Journée internationale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie, Amnesty International inaugure à l’Hôtel de ville de Besançon une exposition militante et musicale pour défendre et promouvoir les droits des personnes LGBTI+. D'autres événements auront également lieu dans la ville dans le cadre de cette même journée.

L’armée présente son quotidien à travers trois régiments à la Foire comtoise

PUBLI-INFO • Comme chaque année, l’armée de terre participe à la Foire Comtoise du 4 au 12 mai 2024 à Micropolis. À cette occasion, trois régiments viennent vous présenter leur quotidien, leur matériel, leur équipement et échanger avec vous sur toutes les opportunités qu’offre l’institution. Des chasseurs alpins, en passant par l’arme blindée et l’infanterie, découvrez les 117 spécialités, dans 16 domaines d’activité, de l’armée de terre.

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 11.76
légère pluie
le 05/05 à 0h00
Vent
4.25 m/s
Pression
1014 hPa
Humidité
91 %