Besançon : souffrant d’un cancer, un artiste intermittent du spectacle se retrouve dans une faille juridique, sans aucun revenu

Publié le 27/07/2022 - 18:01
Mis à jour le 28/07/2022 - 17:02

Stéphane M., un Bisontin de 47 ans, père de famille, artiste musicien au régime de l’intermittence du spectacle, vit depuis le mois d’avril dernier avec 0€ de revenu. En octobre 2021, les médecins lui diagnostiquent un cancer ce qui l’empêche d’exercer sa profession. Suite aux mesures sanitaires contre la Covid-19, une faille juridique ne lui permet plus de bénéficier d’indemnité. Nous l’avons rencontré dans sa chambre d’hôpital à Besançon mardi 26 juillet.

Assis dans un fauteuil, une sonde dans le nez pour le nourrir parce que son intestin s’est mis à l’arrêt, Stéphane nous accueille malgré tout avec le sourire. Lui qui, pendant plus de 20 ans, a joué en concert avec sa basse ou sa contrebasse devant des milliers de gens, orchestré des spectacles pour des milliers d’enfants… Si sa santé est aujourd’hui vacillante, il trouve la force de se battre pour ses droits, mais aussi ceux des autres qui pourraient se retrouver un jour dans la même situation que lui.

6 mois et plus rien

L’histoire de Stéphane commence le 4 octobre 2021. Il apprend qu’il a un cancer du côlon à un stade avancé au péritoine, soit une carcinose péritonéale. Il stoppe donc net son activité d’artiste musicien pour suivre un traitement. Son médecin lui donne un arrêt de travail de longue durée.

Sous le régime de l’intermittence du spectacle, Stéphane bénéficie pendant les 6 premiers mois d’arrêt, d’indemnités de la part de la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM). Il vit alors en se préoccupant uniquement de sa santé, mais pas pour longtemps.

Le 2 avril 2022, la CPAM recalcule ses droits d’indemnités journalières en se basant sur les heures travaillées des 12 mois précédents son arrêt de travail. Problème : l’épidémie de Covid-19 a bloqué le pays et particulièrement le monde de la culture et du spectacle dans les 12 mois précédents l’arrêt de Stéphane qui a pu travailler seulement 4 mois. "Je n’ai pas pu travailler plus suite à ces mesures", commente Stéphane. Résultat, ses indemnités tombent à zéro.

"Le gouvernement n’a pas pensé qu’on pouvait tomber malade"

Depuis deux mois, il doit se battre contre le cancer, mais aussi contre un système qui n’a pas pensé à tous les cas de figure. "Le gouvernement avait mis en place certains aménagements pour permettre un calcul plus juste des droits des salariés, année blanche, neutralisation des périodes de confinement, etc. Moi-même si au lieu de tomber malade j’avais renouvelé mes droits à l’assurance chômage, la période de recherche de 12 mois aurait été allongée de 11 mois", nous explique Stéphane, "mais le gouvernement n’a pas pensé qu’on pouvait tomber malade, il n’y a pas eu de directives données à l’Assurance maladie pour le calcul des indemnités journalières en cas de maladie, de longue maladie."

Il poursuit : "Il y a donc un trou dans la raquette, qui me révolte… Des erreurs, tout le monde en fait, mais celle-là, il faut la réparer et si c’est pas pour moi, ce sera pour le suivant ; si dans 5 ans il y a un confinement à cause d’un virus et que quelqu’un se retrouve dans le même position que moi, il ne peut pas se retrouver dans cette situation, c’est pas possible. Je suis malade, en situation palliative et depuis le début de mon arrêt de travail, j’ai déjà dû lutter pour mes droits !"

En effet, Stéphane s’est déjà fait accompagné d’un "collectif précieux" selon lui, qu’est Les Matermittentes, dans lequel des mères intermittentes du spectacle sont regroupées pour défendre les droits des intermittents et précaires en situation de congé maladie ou maternité.  "Pendant 4 mois, j’ai perçu 7 euros brut d’indemnité journalière alors que je devais en percevoir 47 euros, c’est l’association qui a expliqué le calcul à faire à la CPAM, qui s’est par la suite excusée", se remémore Stéphane, "sans Les Matermittentes, la sécu n’aurait pas été fichue de calculer mon indemnité".

"Si je devais m’en aller, je veux que ce soit réglé, c’est une erreur à réparer"

Convaincu qu’il n’est pas le seul dans cette situation et que d’autres pourraient vivre la même situation que lui à l’avenir, Stéphane a pour objectif de faire connaître son problème jusque dans les plus hautes sphères politiques. "Je veux que l’info remonte à l’Assemblée nationale, c’est une affaire politique, il faut que les gens soient au courant", affirme-t-il.

Jusqu’à présent, Stéphane, épaulé d’Alice, une amie à lui, a déjà contacté le cabinet d’Eric Alauzet, député de la circonscription de Stéphane : "J’ai eu son adjoint au téléphone qui m’a dit que le député allait se pencher sur la question, mais je sais que ça va prendre du temps avec les vacances, etc."

Stéphane a également envoyé un courrier au président de la République le 9 juin. La réponse de l’Elysée en date du 15 juin - transmise à notre rédaction - lui informe qu’Emmanuel Macron "a bien pris connaissance" de sa situation qui a d’ailleurs été "rappelée" au préfet du Doubs.

"Je n’ai pas encore eu de retour du préfet, mais mon nom est dans les tuyaux", nous dit Stéphane qui souhaite contacter d’autres politiques en espérant "qu’ils fassent leur travail". Il ajoute que "Si je devais m’en aller, je veux que ce soit réglé, c’est une erreur à réparer."

Après 10 jours au service de cancérologie du CHU de Besançon, Stéphane est sorti ce mardi après-midi. Aujourd’hui, "pour avoir accès à l’eau et à l’électricité", il vit chez son amie, adulte handicapée à 80% à cause d’une maladie orpheline.

Bien entouré par ses amis et sa famille, Stéphane reçoit des dons directs de leur part et bénéficie de quelques aides de ci de là.

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