Sur les 600 à 700 AESH que compte le département du Doubs, elles sont pourtant peu nombreuses à avoir répondu à l’appel des syndicats ce mardi 13 juin 2023, non pas par choix, mais parce que pour Marjorie Breney, professeur des écoles membre de la FSU SNUipp25, "perdre une journée de salaire quand on ne gagne que 600€ par mois, ce n’est pas possible".
L’usage du pronom "elle" n’est pas anodin et fait référence à l’écrasante majorité de femmes qui exercent la profession d’AESH et représente 90% (en 2021) de la profession. Marjorie Breney parle donc en leur nom et déplore leurs conditions de travail, "rien n’est fait pour qu’elles puissent être bien dans leur travail".
Un sentiment de culpabilité omniprésent
Travail précaire, payé au smic à temps partiel auquel s’ajoute "une charge mentale énorme", les AESH font également face à "un gros sentiment de culpabilité qui les isole". Parce que leur fonction est considérée comme "indispensable" par l’ensemble de l’éducation, bien souvent "elles ne s’autorisent pas à se mettre en arrêt maladie car l’enfant va alors se retrouver sans accompagnement, et l’enseignant sera en mauvaise posture en son absence" rappelle Marjorie Breney.
Parmi les présents, Jérôme, AESH également, déplore l’absence de reconnaissance à tout point de vue "au niveau administratif, salariale, des statuts… ce qui me porte c’est la reconnaissance des enfants. Mais je ne peux pas me nourrir qu’avec leur reconnaissance". "Tout le monde est usé" déplore Manon* qui vient quant à elle de démissionner. Cécile* quant à elle explique que sa paie de 900€ "n'a pas bougé depuis 16 ans" et qu'elle est obligée de cumuler deux emplois pour "vivre décemment" atteignant péniblement les 1.300€ par mois.
L'école inclusive ? De la "poudre aux yeux"
L’incompréhension est totale pour ces professionnels devant un gouvernement qui prône pourtant haut et fort l’importance du rôle de l’école inclusive. De la "poudre aux yeux" nous explique Marjorie Breney puisque "l’on ne met pas les moyens suffisant pour le permettre". L’annonce de la création d’un nouvel emploi regroupant les AESH et les Assistants d’éducation (AED) est d’ailleurs perçu comme "la goutte d’eau qui fait déborder le vase" pour Manon qui n'envisage pas de faire à la fois son métier et celui d'un surveillant durant ses temps de pause ou en plus de sa journée de travail.
C’est pourquoi l’intersyndicale nationale réclame un "meilleur statut, de meilleurs salaires et davantage de formation" pour les AESH qui ne disposent actuellement que d’une formation de 60 heures après leur recrutement.
*le prénom a été changé