Matthias Huss, témoin vigilant de l'inexorable recul des glaciers suisses

Publié le 03/09/2021 - 14:30
Mis à jour le 22/09/2021 - 17:36

A 41 ans, M. Huss dirige Glamos (Glacier Monitoring Switzerland), le réseau de relevés glaciologiques suisses, et se trouve donc en première ligne pour documenter le recul des glaciers suisses dû au réchauffement de la planète.

 © Twitter @matthias_huss
© Twitter @matthias_huss

Sur la vaste mer gelée du glacier d'Aletsch, le plus grand des Alpes, le glaciologue Matthias Huss recueille les données de sa station de mesures. Elles lui permettent d'analyser l'impact du changement climatique sur le mastodonte: depuis dix ans, il a perdu chaque année 1,50 m d'épaisseur et au total, sur la période, c'est un kilomètre cube de glace qui a disparu.

"Les glaciers sont vraiment un thermomètre super grand et visuel", explique à l'AFP le scientifique, ajoutant: "c'est beaucoup plus parlant de voir un glacier qui perd en volume, en épaisseur, qu'une courbe de températures qui monte".

Un graphique restera toujours un graphique tandis que "le glacier, c'est beau et beaucoup de gens sont sensibles à cette beauté", d'où l'émoi suscité par leur recul et leur éventuelle disparition.

Matthias Huss n'a donc de cesse de collecter et d'analyser les milliers de mesures qu'il va chercher au cœur des masses gelées de son pays pour faire passer le message simple véhiculé par ces données : "le changement est vraiment très, très rapide".

Ce que dit notamment la vingtaine de glaciers témoins analysés chaque année par le Glamos, c'est par exemple que depuis 2010, la fréquence des années extrêmes en termes de perte de masse des glaciers suisses n'a cessé de s'accélérer. 2011, 2015 puis 2017, 2018 et 2019 ont été des années record.

Funérailles symboliques

En 2020, les glaciers ont encore perdu 2% de leur volume total et 2021 devrait aussi être une année négative, malgré de bonnes chutes de neige en hiver et un été relativement froid, explique le scientifique.

Le réchauffement global va tellement vite que certains petits glaciers ont même déjà disparu. En septembre 2019, Matthias Huss a ainsi participé, avec différentes ONG, aux funérailles symboliques du glacier du Pizol, à 2.700 m d'altitude non loin des frontières du Liechtenstein et de l'Autriche.

"Depuis, on a arrêté la surveillance active du Pizol, ça n'a plus de sens, il y a toujours deux balises que je vais aller collecter dans quelques semaines et après ce sera vraiment fini", dit le glaciologue.

"Dans les dix à vingt prochaines années, il y aura sûrement plus de glaciers connus qui vont disparaître", complète-t-il.

Depuis l'enfance et ce jour où il posa pour la première fois le pied sur le sol blanc et craquant du glacier du Gorner, près de Zermatt, 3e plus grand glacier de Suisse, Matthias Huss est fasciné par ces géants.

Plaisir d'enfant

"A chaque fois que je reviens sur un glacier, j'ai ce sentiment spécial et je repense à cette première fois", raconte-t-il.

A voir sa silhouette longiligne mais athlétique se jouer des crevasses bleutées qui jalonnent son chemin dans l'immensité des 80 km2 de glace et de rocaille d'Aletsch (20% du volume total de glace de l'ensemble des glaciers suisses), ce plaisir d'enfant est encore bien perceptible.

Documenter le recul inexorable de ces merveilles de la nature devrait donc le rendre triste. "C'est vrai qu'en tant qu'être humain, ça me déprime de voir ça", concède-t-il. "Mais d'un autre point de vue, en tant que scientifique, c'est aussi très intéressant de voir et d'analyser des changements aussi rapides".

Il espère en tout cas que la communication scientifique sur l'état des glaciers pourra faire avancer la discussion sur le réchauffement climatique. "Depuis quelques temps, j'ai l'impression qu'il y a vraiment un changement dans la manière de penser des politiques", constate-t-il. "Beaucoup se disent maintenant qu'il faut agir, il y a des plans d'action. Après, il faut qu'à un moment donné, ils se transforment en quelque chose de réel".

(AFP)

Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

Nature

Dermatose nodulaire : expertises, échanges et éléments de réponses apportés ce lundi à Besançon

VIDÉOS • Environ 200 éleveurs se sont rendus à Micropolis Besançon pour assister à la première des deux réunions publiques organisée lundi 8 décembre 2025 par la préfecture edu Doubs concernant la dermatose nodulaire contagieuse. Pendant près de 3h, le préfet du Doubs Rémi Bastille, entouré du directeur de crise au ministère de l’Agriculture pour la DNC, Olivier Debaere et l’épidémiologiste Guillaume Gerbier ont répondu aux questions soulevées par les éleveurs et exposés leurs conclusions concernant le cas de Pouilley-Français. 

Dermatose nodulaire : à Besançon, Genevard appelle à un strict respect du protocole sanitaire

La dermatose nodulaire contagieuse (DNC) pourrait tuer 10% des bovins en France si le strict protocole sanitaire en vigueur n'était pas respecté, a mis en garde samedi 6 décembre 2025 la ministre de l'Agriculture, venue défendre à Besançon le récent abattage d'un troupeau de 83 vaches dans le Doubs.

Dermatose nodulaire : la ministre de l’Agriculture Annie Genevard se rendra ce samedi à Besançon

Pour rappel, un premier cas de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) a été détecté dans le Doubs le 28 novembre 2025 dans une exploitation de Pouilley-Français. La ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire est attendue ce samedi 6 décembre 2025 à Besançon pour faire un point sur la situation sanitaire dans le département à la préfecture du Doubs.

Dermatose nodulaire à Pouilley-Français : trois bovins étaient infectés depuis trois semaines

A l'issue des opérations de dépeuplement qui se sont déroulées le 2 décembre 2025 dans une ferme à Pouiley-Français, les services de la préfecture du Doubs ont constaté la présence de nodules typiques de DNC sur quatre autres bovins. Explications.

La LPO Bourgogne-Franche-Comté lance une campagne pour financer 420 nichoirs à effraies des clochers

À l’occasion du Giving Tuesday et à l’approche des fêtes de fin d’année, la Ligue de protection des oiseaux de Bourgogne-Franche-Comté (LPO BFC) a annoncé ce mois de décembre 2025 le lancement de sa première campagne de financement participatif. Objectif : récolter 15.000 € afin de protéger l’effraie des clochers, rapace nocturne emblématique mais aujourd’hui fragilisée. Selon la LPO, cette somme permettra de fabriquer et poser 420 nichoirs dans toute la région, planter 1.349 mètres de haies et organiser plus de 50 animations de sensibilisation.

Dermatose nodulaire : les 83 vaches du cheptel de Pouilley-Français abattues. La préfecture du Doubs explique.

La secrétaire générale de la préfecture du Doubs, Nathalie Valleix, entourée de la Direction départementale de l’emploi, du travail, des solidarités et de la protection des populations ainsi que de la Direction départementale des territoires, a réuni la presse mardi 2 octobre 2025 à 17 h. Cette prise de parole intervenait après une journée de mobilisation d’agriculteurs au Gaec de Pouilley-Français, où 83 vaches ont été abattues en raison d’un cas confirmé de dermatose nodulaire contagieuse.

Dermatose nodulaire : Grangier interpelle Genevard sur la menace d’abattage à Pouilley-Français

Dans un courrier daté de ce mardi 2 décembre, la députée du Doubs Géraldine Grangier s’adresse à la ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Annie Genevard, pour dénoncer la ”situation extrêmement préoccupante” que traverse une famille d’exploitants agricoles à Pouilley-Français, et demander un traitement plus mesuré du dossier sanitaire.

Dermatose nodulaire à Pouilley-Français : les Écologistes de Franche-Comté s’opposent à l’abattage de masse

Les Écologistes de Franche-Comté ont lancé hier soir un appel à la mobilisation ce mardi 2 décembre 2025 à 8h à la ferme EARL Lhomme de Pouilley-Français où a été découvert le premier cas de dermatose nodulaire contagieuse bovine du Doubs vendredi dernier. Le rassemblement a pour objectif de s’opposer à la décision préfectorale d’abattage de la totalité du troupeau. 

Un foyer de dermatose nodulaire contagieuse bovine confirmé à Pouilley-Français

La préfecture du Doubs a confirmé, vendredi 28 novembre 2025, la présence d’un foyer de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) au sein d’une exploitation bovine située sur la commune de Pouilley-Français. Il s’agit du premier cas détecté dans le département depuis l’apparition initiale de la maladie en France, en Savoie, le 29 juin 2025.

Hiver plutôt froid ou chaud ? Météo-France privilégie un scénario plus chaud que la normale…

Météo-France a publié son bulletin saisonnier concernant les tendances pour les mois de décembre 2025, janvier et février 2026, ce jeudi 27 novembre. Comme toujours, il s’agit d’une prévision probabiliste portant sur les moyennes du trimestre, et non d’une projection détaillée semaine par semaine.

Une association alerte sur la baisse de la faune sauvage dans le Doubs

Dans un communiqué de ce mois de novembre 2025, l’Aspas Doubs s’inquiète d’une "multiplication des destructions de biodiversité" dans le département, particulièrement concernant les chevreuils. L’association affirme que "sur les 5 dernières années 29.000 chevreuils ont été abattus, et les effectifs actuels sont en baisse avérée de 50%".

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 7.1
couvert
le 11/12 à 18h00
Vent
0.8 m/s
Pression
1021 hPa
Humidité
92 %