l’enterrement du cinéma ?
Lors d’une conférence de presse organisée mercredi au petit Kursaal, plusieurs réalisateurs ont fait part de leur soutien à l’Association des producteurs audiovisuels Rhin-Rhône (APARR), qui doit d’ailleurs rencontrer un membre du cabinet de Marie-Guite Dufay en fin de semaine.
L’enterrement du cinéma
« Nous célébrons aujourd’hui un enterrement et nous discutons du défunt », a remarqué le réalisateur franc-comtois Samuel Collardey. Le défunt en l’occurrence, c’est le cinéma…
La région Franche-Comté fut l’une des premières a instauré ce fonds il y a une vingtaine d’année. 356 films ont été soutenus depuis sa création. Considérablement réduit ces dernières années, il attribuait dernièrement un total de 300 000 à 450 000 € à diverses productions cinématographiques (long, court métrages mais aussi documentaires…). "Ces sommes allaient à 50% à des productions régionales », précise Catherine Siméon, présidente de l’APARR. « Nous craignons les retombées économiques et les répercutions pour la centaine de techniciens locaux de la filière. Si la région supprime ce fonds d’aide, il y aura forcément moins d’attractivité pour les producteurs extérieurs, qui venaient en nombre filmer en région".
"Nous ne sommes pas un secteur sinistré"
La raison invoquée par le Conseil régional est l’insuffisante visibilité de ce fonds auprès des professionnels. Une erreur selon Catherine Siméon, qui évoque les dernières récompenses obtenues par des films aidés en 2009, 2010 ou 2011. Le film « Louise Wimmer » de Cyril Mennegun, réalisateur régional, a ainsi reçu le prix Louis Delluc. Il est aussi doublement nominé pour les Césars.
Trois courts-métrages ont également été sélectionnés à l’édition 2013 du festival international de Clermont-Ferrand. « L’apprenti » de Samuel Collardey a par ailleurs enregistré 25 000 entrées. « Est-ce que le spectacle vivant en fait autant ? », interroge Catherine Siméon.
Côté rentabilité, le doute ne paraît également pas permis. « Il est clair que nous ne sommes pas un secteur sinistré », explique la présidente de l’APARR, précisant qu’un film peut générer des recettes au niveau local et par ricochet sur d’autres secteurs (hôtellerie, restauration…) « Les élus du Conseil régional ont sans doute été mal informés ou n’ont pas conscience des retombées économiques de la filière. »
Pour Antoine Page, jeune réalisateur bisontin à la tête de la Maison du directeur : « ce qui paraît aberrant, c’est de changer du jour au lendemain sa politique culturelle et dire que là , on ne soutient plus le cinéma. » Une pétition a été lancée sur Internet et a déjà recueilli environ 2000 signatures.
Affaire à suivre…