Après quatre mois de travail, comprenant plus de 24 auditions et tables rondes, lui et son co-rapporteur Arnaud Bonnet ont remis un rapport à la commission des Affaires culturelles et de l’Éducation, contenant 45 recommandations destinées à améliorer ce processus. Pour Laurent Croizier, qui aussi enseignant de formation, "l’accompagnement des élèves dans leur orientation et la découverte des métiers est un enjeu majeur pour l’avenir de nos jeunes et pour l’avenir de notre Nation."
Un continuum pédagogique et un accompagnement individualisé
Les députés insistent sur la nécessité d’inscrire l’orientation scolaire dans "un véritable continuum pédagogique, allant du primaire jusqu’à la fin de la scolarité afin de rendre l’élève acteur de ses choix d’avenir". Ils soulignent que "l’orientation ne peut se résumer à une succession d’actions ponctuelles menées à l’approche des moments clés."
Ils recommandent notamment de "renforcer le dialogue avec les familles par des temps d’échange plus réguliers dès la classe de cinquième" et de simplifier l’information sur les diplômes et formations, pour permettre "aux élèves et à leurs familles de prendre des décisions éclairées". La révision de la répartition territoriale des Centres d’Information et d’Orientation (CIO) est aussi préconisée, afin d’assurer un accès équitable à tous, indépendamment du lieu de résidence.
Lutte contre les inégalités et accompagnement spécifique
Le rapport met un accent particulier sur l’orientation des élèves en situation de handicap, recommandant "un accès prioritaire à l’internat" et "de renforcer l’accompagnement en secteur rural". Il est aussi proposé d’"automatiser la transmission vers les établissements d’accueil des besoins spécifiques et des aménagements de scolarité nécessaires".
De façon plus générale, la découverte des métiers est envisagée comme un levier contre les inégalités sociales et de genre. Les députés avertissent de l’importance d’"anticiper la découverte des métiers dès l’école primaire" afin d’élargir les horizons des élèves, sans chercher à les orienter prématurément.
Favoriser la réorientation et valoriser toutes les compétences
Les parlementaires regrettent que "les possibilités de réorientation soient trop limitées" et soulignent que "la réorientation ne doit pas être assimilée à un échec". Ils appellent à "mieux identifier et valoriser toutes les compétences, scolaires comme extra-scolaires".
Ils dénoncent également la perception défavorable de la voie professionnelle : "elle reste, trop souvent une orientation subie". Parmi les propositions figure la création de "passerelles" entre voies professionnelles, générales et technologiques, et l’expérimentation de "classes mixtes réunissant secondes professionnelles et secondes générales ou technologiques".
Le rapport insiste sur la nécessité de "renforcer la formation des professeurs sur l’orientation scolaire", d’"insérer la notion de découverte des métiers dans tous les programmes scolaires" et d’améliorer "l’efficacité et la coordination entre les acteurs de l’orientation".
Quelques recommandations clés du rapport
- "Anticiper la découverte des métiers dès le cycle 2 afin de déconstruire les stéréotypes sociaux et de genre."
- "Instaurer dès la classe de cinquième des temps d’échange réguliers réunissant enseignants, parents et élèves."
- "Rendre plus lisibles et pédagogiques les intitulés des formations et des diplômes."
- "Proposer des places en internat via l’outil Affelnet."
- "Transformer l’appellation de « droit à l’erreur » en « droit à la réorientation »."
- "Nommer dans chaque collège et lycée un référent ‘orientation – découverte des métiers’."
- "Expérimenter des classes mixtes entre voies professionnelles et générales ou technologiques."
- "Garantir un accès prioritaire à l’internat pour les élèves en situation de handicap."
- "Créer une certification attestant d’une qualification en matière d’orientation scolaire."
- "Rendre obligatoire dans chaque établissement l’élaboration d’un programme annuel ou pluriannuel d’orientation."
Laurent Croizier conclut sur la nécessité d’un engagement collectif pour offrir aux élèves un parcours "plus cohérent, plus lisible et mieux coordonné", gage d’un meilleur avenir pour les jeunes et pour la société.