Retraites : compromis en vue avec les réformistes, mais pas d'arrêt immédiat de la grève

Publié le 13/01/2020 - 14:02
Mis à jour le 13/01/2020 - 12:05

Le retrait par le gouvernement du fameux « âge pivot » de la réforme des retraites ouvre la voie à une sortie de crise avec le retour à la négociation des syndicats réformistes, mais les opposants ne désarment pas face au Premier ministre qui les a invités dimanche à « prendre leurs responsabilités ».

Manifestation du 9 janvier 2020 © Alexane Alfaro ©
Manifestation du 9 janvier 2020 © Alexane Alfaro ©

L'intersyndicale (CGT, FO, CFE-CGC, FSU, Solidaires et organisations de jeunesse) appelle à poursuivre le mouvement et à défiler le 16 janvier pour la sixième fois depuis le début du conflit le 5 décembre. Mais, a averti Edouard Philippe sur France 2 dimanche soir, "nous allons aller au bout" de la réforme "et, au fond, tout ceux qui incitent (les grévistes) à poursuivre la grève les envoient peut-être dans une impasse (...), je pense qu'ils devraient prendre leurs responsabilités".

La ministre des Transports, Elisabeth Borne, était allée plus loin dans la journée sur BFMTV, jugeant qu'il n'y avait "plus aucune raison que ce mouvement de grève se poursuive".

Certes, les "réformistes", favorables au nouveau système à points (CFDT, Unsa et CFTC) mais réfractaires à l'âge pivot à 64 ans, ont saisi la main tendue par le Premier ministre, qui a proposé samedi le retrait de cette mesure à condition que des solutions soient trouvées pour équilibrer financièrement le régime en 2027, mais les "contestataires", fers de lance des grèves, CGT, FO et Solidaires, ne cèdent pas un pouce pour l'instant, même si l'arrivée des feuilles de paie de janvier risque bien de refroidir certains salariés.

La SNCF a annoncé un trafic encore perturbé mais "en amélioration" pour lundi, avec en moyenne 8 TGV sur 10 sur la France, 7 Intercités sur 10.

"Ça va être compliqué de continuer sur le plan financier"

"On voit bien que des collègues veulent reprendre le travail", constatait, désabusé, un agent de la ligne 2 rencontré par l'AFP dans la manifestation de samedi. "Ça va être compliqué de continuer sur le plan financier". "Ça pourrait continuer s'il y avait un engagement national, mais on voit bien que le privé n'a pas suivi".

Les assemblées générales de lundi donneront une indication sur la poursuite du mouvement à la SNCF. Les manifestations du 16 seront aussi un test, alors que l'affluence décroit dans la rue : samedi, les manifestants étaient 149.000 selon le ministère de l'Intérieur, 500.000 d'après la CGT, soit un tiers de la participation de jeudi 9 (452.000 à 1,7 million).

La "conférence de financement", qui doit se mettre en place fin janvier pour trouver un accord d'ici fin avril sur l'équilibre financier du système, sera déterminante. "J'ai toujours dit et je pense toujours à titre personnel que l'âge pivot est la meilleure façon de garantir le retour à l'équilibre du système actuel et la pérennité et l'équilibre financier du système futur", a rappelé M. Philippe dimanche soir, mais "ce qui compte, ce n'est pas l'instrument, c'est l'objectif, c'est l'équilibre".

"Le gouvernement a fait un geste, et nul ne peut le contester. Mais ce retrait n'est pas un chèque en blanc", a reconnu le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger, premier syndicat, dans le JDD.

Car gouvernement et patronat s'opposent à toute hausse des cotisations. Le gouvernement a également écarté une baisse des pensions, ce qui laisse une marge de manoeuvre étroite aux négociateurs.

"Qu'est-ce qu'on va aller faire dans une conférence où on ne va pas discuter de tout?"

Le leader de la CGT, Philippe Martinez, a d'ailleurs jugé inutile de participer à la future conférence de financement dimanche sur BFMTV: "Qu'est-ce qu'on va aller faire dans une conférence où on ne va pas discuter de tout?" a-t-il interrogé. "C'est mon point de vue personnel", a-t-il dit, précisant que la centrale "allait en discuter".

En cas d'échec de cette conférence, le Premier ministre a promis qu'il "prendrait ses responsabilités", sans se prononcer toutefois sur une possible réintroduction de l'âge pivot dans le projet de loi.

Le spectre de la négociation avortée de l'assurance chômage est dans toutes les têtes : faute d'accord entre partenaires sociaux, le gouvernement avait repris la main et changé les règles au grand dam des syndicats.

Il aura fort à faire pour convaincre la droite de voter le texte: dimanche, le président du Sénat Gérard Larcher (LR) a souligné que les électeurs de droite "ne peuvent plus soutenir une réforme où il n'y a plus d'âge pivot". Bruno Retailleau, président du groupe LR de la Haute assemblée a, lui, prédit "un naufrage" du projet.

Deux ministres, Muriel Pénicaud (Travail) et Elisabeth Borne, ont exclu en tout cas un recours au 49-3, permettant l'adoption sans vote d'une loi. Une idée "saugrenue" pour la première, une "fausse information", selon la seconde.

(AFP)

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