TGV Rhin-Rhône : « Les Francs-Comtois ne sont pas encore dans le film qui se tourne… »

Publié le 18/10/2011 - 13:39
Mis à jour le 17/04/2019 - 13:58

Les 4e rencontres de la grande vitesse ont été l’occasion, récemment à Besançon, de tracer des perspectives de développement liées à l’arrivée du TGV en décembre. Parmi les intervenants, le sociologue Jean Viard qui ne pratique pas la langue de bois.

 ©
©

« Avoir un TGV, c’est un plus, la toile TGV c’est comme la toile numérique, il faut l’avoir sinon on est en dehors du film, mais ça ne suffit pas. Les Francs-Comtois doivent se dire qu’ils ont des atouts, mais qu’ils ne sont pas encore dans le film qui se tourne avec le TGV ». Le constat du sociologue et enseignant, que nous avons interrogé en marge du colloque, se veut porteur d’espoir même s’il est dérangeant.

« Pour l’instant, Besançon n’est pas au niveau des autres métropoles. Elle ne doit évidemment pas se contenter de rester comme elle est. Sinon le TGV ne fera que passer dans la région avec un effet tunnel assuré. La capitale régionale a des cartes à jouer, ce n’est pas trop tard, mais elle doit s’inscrire dans un imaginaire qui peut se raconter aux autres, ce qui compte c’est comment l’autre vous voit », explique Jean Viard, persuadé que Besançon, et la Franche-Comté avec elle, se complait dans une confortable culture provinciale.

« Il ne suffit pas de dire qu’on est bien »

D’où la mise en garde de l’universitaire : « Il ne suffit pas de dire qu’on est bien. Attention, car le TGV accentue la concurrence. Il peut habiller une région comme il peut la déshabiller. Avoir le TGV, c’est aussi aller plus vite ailleurs, voir plus facilement un cardiologue à Lyon ou à Strasbourg, par exemple ».

Mais Jean Viard est également force de proposition. Il incite Besançon et sa région à trouver des « totems » bien visibles de l’extérieur. « Pourquoi Besançon ne deviendrait-elle pas la capitale du temps ? Si j’étais aménageur je ferai une université du temps…», préconise-t-il.

« Il faut trouver quelque chose dans l’art de vivre et l’art d’éduquer, il faut rechercher une école d’excellence. Quelle est l’université attire aujourd’hui les jeunes à Besançon ? Il faut trouver des totems qu’on voit de loin. Comme Metz l’a fait avec son nouveau musée. Aujourd’hui je ne vois pas de totems en Franche-Comté. Pourquoi pas un truc décalé comme le premier musée chinois de France. Je dis n’importe quoi, mais quelque chose dans cet ordre d’idée », poursuit le sociologue.

« Là où se développe le tourisme se développe l’économie »

Le futur FRAC de Besançon conçu par le Japonais Kengo Kuma ne remplit-il pas cette fonction ? « C’est bien, mais tout le monde fait la même chose aujourd’hui », rétorque Jean Viard.

« Marie-Guite Dufay est dynamique, mais elle ne doit pas se contenter de dire on est au centre. C’est une vision du temps passé car il n’y a rien au milieu d’un rond-point. Les gens ne viendront pas en Franche-Comté parce qu’il y a un TGV. La proximité du travail est un enjeu secondaire, c’est la carte du tourisme qui restructure l’économie. C’est la clé du développement, là où se développe le tourisme se développe l’économie. Un train ça déplace d’abord des promeneurs. Seulement 20 % des emplois fabriquent des objets, il faut arrêter de voir la société par la production, les entreprises sont mobiles, on se développe grâce au mode de vie », martèle Jean Viard, également impliqué dans la vie politique marseillaise.

« Le pluralisme oblige à discuter »

Le caractère politiquement « monocolore » des collectivités franc-comtoises ne facilite pas les choses. « Ce n’est pas forcément un atout. Le pluralisme oblige à discuter », estime-t-il en invitant les décideurs comtois à prendre une décision claire non sans suggérer des pistes. « Il faudra bien convenir un jour ce qu’on veut faire de cette région. Soit on joue une carte Besançon-Jura avec la vieille chaîne des compétences de l’axe alpin jurassien avec une population extrêmement compétente, soit on joue l’alliance avec Belfort-Montbéliard mais là il faut aller jusqu’à Mulhouse, soit on joue Besançon-Dijon avec, pourquoi pas, la création d’un pôle métropolitain. Quant à la Haute-Saône, il faut la laisser à la nature. Pourquoi vouloir peupler un territoire dépeuplé ? L’idée qu’il doit y avoir des hommes partout n’est pas une bonne idée. Les gens vont où ils ont envie d’aller ».

 

Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

Politique

La ministre Fadila Khattabi se rendra au Breuil et à Chalon-sur-Saône ce vendredi 17 mai

Fadila Khattabi, ministre chargée des personnes âgées et des personnes handicapées, sera, ce vendredi 17 mai 2024, en visite en Saône-et-Loire, pour visiter l’ESAT du Breuil, faire une déambulation dans le centre-ville de Chalon-sur-Saône, participer à une table ronde sur le Fonds territorial d’accessibilité et assister à un match de playoff de basket fauteuil.

Européennes : le ministre Jean-Noël Barrot sera présent à Belfort ce vendredi 17 mai

Dans le cadre des élections européennes, Christophe Grudler, député européen et candidat sur la liste ''Besoin d'Europe'' a invité Jean-Noël Barrot, ministre délégué chargé de l'Europe pour une réunion publique qui se tiendra à Belfort le vendredi 17 mai 2024 à partir de 18h30 à la Maison du Peuple.

Élections européennes : les candidats invités à débattre sur les questions agricoles dans une ferme du Jura

Dans le cadre des prochaines élections européennes qui auront lieu le 9 juin 2024, les Jeunes agriculteurs de la région Bourgogne-Franche-Comté et la FRSEA invitent les candidats à débattre de leur programme autour des questions agricoles au sein d’une exploitation située à Saint-Baraing. 

Demande de protection fonctionnelle à Anne Vignot lors du prochain conseil municipal

Durant le prochain conseil municipal qui aura lieu jeudi 16 mai 2024, les élus seront amenés à délibérer sur l'octroi de la protection fonctionnelle à la Maire de Besançon suite aux propos violents et menaçants reçus personnellement sur les réseaux sociaux à la suite de son dépôt de plainte contre l’action du collectif Némésis menée durant le carnaval de Besançon le 7 avril dernier. 

Anne Vignot sur les relations entre Besançon et Dijon : ”On n’est pas des copains, mais…” 

EXCLUSIVITÉ • Lors de l’inauguration de l’exposition Made in Germany au musée des Beaux-Arts de Besançon le 3 mai dernier, c’était la première fois que l’on voyait les maires de Besançon et Dijon réunis dans un même projet, voire complices, avec des discours positifs et élogieux l’un envers l’autre. On le sait, les relations entre les maires de Besançon et de Dijon n’ont jamais été particulièrement au beau fixe, alors qu’en est-il dans les coulisses ? Les élu(e)s d'une région doivent-ils forcément s'entendre et collaborer ? On a rencontré Anne Vignot pour en parler...

Remplacer la place de la Révolution par la place Charles Quint : la proposition du MFC rejetée

Fin 2023, la Ville de Besançon a mis en place des ”Ateliers citoyens” permettant aux Bisontin(e)s de faire des propositions sur tout sujet concernant la vie locale. Celles ayant obtenu le plus de suffrages, lors d'un vote en ligne du 15 mai au 5 juin, feront alors l'objet d'un vote en conseil municipal. Mais la proposition du Mouvement Franche-Comté est jugée irrecevable.

La revue " Besançon Maintenant " printemps 2024 bientôt dans vos boîtes aux lettres…

La deuxième édition de la revue ''Besançon Maintenant'' est disponible. Plus de 40 000 exemplaires, financés par le groupe Besançon Maintenant, vont être distribuées dans les boîtes aux lettres des Bisontines et Bisontins pour les informer des actions et propositions du groupe présidé par Ludovic Fagaut.

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 8.74
ciel dégagé
le 19/05 à 6h00
Vent
1.25 m/s
Pression
1014 hPa
Humidité
99 %