Tribune - "Pour une métropole plus agréable et plus responsable, renforçons notre Règlement local de publicité intercommunal"

Publié le 22/05/2025 - 07:59
Mis à jour le 22/05/2025 - 08:33

TRIBUNE • Huit associations, collectifs, syndicats et entreprises signent une tribune ”Pour une métropole plus agréable et plus responsable : renforçons notre Règlement Local de Publicité intercommunal” alors que le conseil communautaire de Grand Besançon Métropole va voter pour ou contre le nouveau règlement ce jeudi 22 mai.

À l’heure où la Métropole de Besançon élabore son Règlement Local de Publicité intercommunal (RLPi), nous avons une occasion de réaffirmer nos priorités collectives : l’urgence environnementale, le bien-être des habitants et notamment des enfants, une économie équitable et une société libérée des stéréotypes. Cette tribune est portée par plusieurs associations environnementales et commerces. Ensemble, nous appelons à une politique plus responsable en matière de publicité physique dans l’espace public.

Il est important de préciser les limites du RLPi. Ce règlement n’a pas le pouvoir d’agir sur la publicité en ligne (qui relève du niveau national), sur le contenu même des annonces (protégé par le Code de la Consommation) ou sur le choix des annonceurs ou afficheurs (encadré par la libre concurrence). Mais il peut – et doit – agir sur la place que prend la publicité dans notre quotidien. 

Une pollution mentale trop souvent sous-estimée 

Les impacts environnementaux de la publicité extérieure sont déjà conséquents : extraction minière polluante, consommation d’énergie pour les supports numérique, consommation d'eau et de bois pour les panneaux classiques. Mais le problème posé par la publicité n’est pas que le support qui enlaidit notre cadre de vie : c’est aussi et surtout le récit qu’elle impose et la standardisation qu’elle génère. 

La publicité fabrique des désirs, dicte des normes, rend enviable un mode de vie basé sur la surconsommation et les apparences. Elle nous éloigne de la sobriété, de la simplicité choisie, de la liberté de penser par nous-mêmes1. 

Comment éduquer nos enfants aux mécanismes trompeurs de la publicité, alors qu’ils y sont exposés dès le plus jeune âge, parfois avant même de savoir parler ? Comment leur faire comprendre que la respectabilité d’une femme ne se mesure pas à l’aune de sa silhouette et celle d’un homme à la valeur de sa voiture ? Comment, même en tant qu’adultes, pouvons-nous résister aux injonctions contradictoires qui nous crient en gros caractères de consommer toujours plus, et murmurent en petit : "à consommer avec modération" ? 

Une économie qui fragilise plus qu’elle ne soutient 

Réduire la place de la publicité dans l’espace public, ce n’est pas nuire à l’économie. C’est en questionner les effets réels. 

La publicité agit de trois manières : 

  • elle pousse à produire et vendre toujours plus, au mépris des limites planétaires et de la santé
    des vivants, humains compris2,3. Cette logique a des répercussions négatives sur les finances
    publiques4,5; 
  • elle oriente l’attention – donc les achats – vers les marques les plus visibles, au détriment des
    commerces de proximité et des initiatives locales, moins dotées, mais plus vertueuses3,6; 
  • elle alourdit les dépenses des ménages pour soutenir son modèle économique2,3.
    Dans tous les cas, elle renforce les inégalités et rend notre économie dépendante d’un modèle insoutenable.

Donner moins d’espace à la publicité, c’est favoriser une économie plus enracinée, plus résiliente, plus diversifiée. Nous ne voulons pas d’une économie des "fleurons" qui brillent en façade, mais d’une économie des chardons : robuste, modeste, ancrée dans les réalités du territoire.

Une écologie des liens 

L’écologie, au fond, c’est l’étude des interfaces dans les écosystèmes. L’étude des liens entre les humains et ce qui les entoure, entre les adultes et les enfants, entre les genres, entre les territoires et leurs acteurs économiques. Restreindre la publicité dans l’espace public, c’est protéger ces liens contre les récits toxiques, contre les injonctions qui formatent, divisent, stigmatisent. 

Le modèle actuel de la publicité est aveugle à ses effets délétères. Puisque nous n’avons ni la possibilité de choisir les messages qu’elle diffuse, ni celle d’influer sur comment les messagers la propagent, nous demandons qu’il y ait tout simplement moins de publicité. 

Nos demandes concrètes 

  • Pas de publicité numérique dans l’espace public, ni sur panneaux ni derrière les vitrines
  • Maintien de la taille maximale des panneaux à 4,7 m2 sur l’ensemble de la métropole
  • Extension de l’interdiction du recto-verso à l’ensemble du territoire intercommunal 
  • D’autres métropoles comme celle de Lyon, de Grenoble ou de Rennes ont déjà renforcé leur règlement : c’est possible, à nous de leur emboîter le pas. 

Dans la continuité de nos actions, nous appelons également les député.es élu.es sur notre territoire, Mme Voynet et M. Croizier, à porter notre voix au Parlement. Nous leur demandons de soutenir toute initiative visant à réduire la publicité, comme cela avait été proposé – puis retiré – dans le projet de Stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat afin de "réduire efficacement l’exposition des enfants et des adolescents aux publicités et parrainages pour des produits trop gras, sucrés, salés, sur les différents médias (traditionnels et numériques) par un renforcement à terme du cadre réglementaire"7, projet qui sera bientôt débattu à l’Assemblée Nationale. 

Pour un espace public libéré, pour une société plus saine 

L’espace public est notre bien commun. Il doit servir à éduquer, à relier, à respirer, à vivre bien – pas à vendre. Il est temps que la métropole du Grand Besançon fasse un choix courageux : celui d’une société qui mise sur la conscience plutôt que sur la consommation, sur les liens plutôt que sur les biens. 

©

Sources : 

  1. Didier Courbet. The economic unconscious and non-conscious influences of advertising. Deleterious effects on freedom, happiness, and health? In Analysis, 2024, 8 (3), pp.1-11
  2. Institut Veblen & Communication et Démocratie. (2021). Publicité et consommation : pour une régulation au service de la transition écologique. Rapport complet. https://www.veblen-institute.org/IMG/pdf/rapport_pub_et_conso_version_longue.pdf
  3. Rapport interministériel. Contribution et régulation de la publicité pour une consommation plus durable (2024). https://antipub.org/rapport-sgpe/ 
  4. Sénat. Mmes Élisabeth DOINEAU, rapporteure générale, et Cathy APOURCEAU-POLY (2023). Rapport r23-
    638.
  5. Anderson P, de Bruijn A, Angus K, Gordon R, Hastings G. Impact of alcohol advertising and media exposure on adolescent alcohol use: a systematic review of longitudinal studies. Alcohol Alcoholism 2009 ; 44 : 229-43.
  6. Du, R. Y., Joo, M., & Wilbur, K. C. (2018). Advertising and brand attitudes: Evidence from 575 brands over five years. https://arxiv.org/abs/1810.07783
  7. https://reseauactionclimat.org/lettre-ouverte-des-organisations-a-elisabeth-borne-pour-une-veritable-strategie-nationale-pour-lalimentation-la-nutrition-et-le-climat/ 
Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

Société

Sondage – La Fête nationale du 14 juillet, a-t-elle encore une importance pour vous ?

Chaque année, le 14 Juillet marque la fête nationale française, symbole fort de la République. Elle commémore à la fois la prise de la Bastille en 1789 et la fête de la Fédération en 1790, deux événements emblématiques des valeurs révolutionnaires et de l’unité nationale. Défilé militaire, bals populaires, feux d’artifice… sont organisés pour le grand public. Aujourd’hui, le 14 Juillet est-il toujours un important pour vous ? C'est notre sondage de la semaine...

La Ville de Besançon lance une campagne pour une vie nocturne plus sûre et responsable

La Ville de Besançon a lancé le 4 juillet 2025 une nouvelle campagne de sensibilisation à destination des jeunes de 12 à 30 ans, dans le cadre de son plan d’actions contre les addictions. Objectif : "renforcer la sécurité et encourager des comportements bienveillants lors des sorties festives", annonce la municipalité dans un communiqué.

Le magnétisme à distance sur photo, Didier Gendraud prend un nouveau virage…

Didier Gendraud, magnétiseur installé depuis plus de 10 ans à Besançon, annonce un changement majeur dans sa pratique : "exit le magnétisme en cabinet", il opte désormais exclusivement pour des séances à distance sur photo. Pour expliquer sa démarche, il a publié un livre en juin 2025, Magnétiseur – Ce que je vois, ce que j’entends, ce que je soulage, son ouvrage entend partager son expérience.

“Illégal en élevage, vendu chez E.Leclerc” : une mobilisation de L214 à Dole et Pontarlier le 5 juillet

Ce samedi 5 juillet, l’association L214 organise une action de sensibilisation devant les magasins E.Leclerc de Pontarlier et Dole en Franche-Comté, dans le cadre d’une journée de mobilisation nationale dans 31 villes. Objectif : dénoncer la commercialisation, par l’enseigne, de produits issus d’élevages porcins ne respectant pas la réglementation en vigueur.

Direction l’Ukraine pour l’un des minibus de Grand Besançon Métropole

Dans le cadre de son engagement en faveur de la solidarité internationale, Grand Besançon Métropole fait don d’un minibus 9 places adapté aux personnes à mobilité réduite (PMR) à l’association bisontine Convois Solidaires. Ce véhicule partira pour la région d’Odessa, en Ukraine, le 31 juillet 2025 et permettra le transport d’enfants atteints de troubles psychomoteurs.

Besançon : le bilan de l’opération d’envergure pour restaurer la sécurité au quotidien

Dans le cadre du Plan d’Action Départemental pour la Restauration de la Sécurité au Quotidien (PADRSQ), la Direction Interdépartementale de la Police Nationale du Doubs (DIPN 25) a organisé, du 1er au 3 juillet 2025, une opération de grande envergure pour sécuriser Besançon et son agglomération. Retour sur ces trois jours de mobilisation et d'action. 

Parler du don d’organes en famille : l’appel de Philippe Patton, nouveau président de France ADOT

Philippe Patton, président de ADOT 25 à Pontarlier depuis 2014, a été élu président de France ADOT lors de l’assemblée générale annuelle de la fédération, qui s’est tenue à Paris samedi 28 juin 2025. Ce militant engagé dans la cause du don d’organes depuis 16 ans succède à la présidence de cette fédération nationale qui regroupe 63 associations départementales. Avec lui, on fait le point sur le don d’organe en France et la loi.

Accessibilité : Grand Besançon Métropole valorise le Ginko Guide devant la déléguée interministérielle

VIDÉO • À l’occasion d’une visite de la déléguée interministérielle à l’accessibilité à Besançon ce jeudi 3 juillet, Isabelle Saurat a assisté à une démonstration de Ginko Guide, une application conçue pour accompagner les personnes malvoyantes dans leurs déplacements sur le réseau de transport public Ginko. Lauréate du premier prix des Trophées Accessibilité 2025, cette solution technologique a été présentée sur le pôle d’échanges intermodal de Chamars, à Besançon.
 

Saint-Germain : des problèmes sanitaires entraînent une restriction d’activité pour une boulangerie haut-saônoise

Suite à plusieurs manquements graves concernant l'hygiène, le préfet de la Haute-Saône a prononcé un arrêté visant à restreindre l’activité de la boulangerie "Caput" située à Saint-Germain. Cette restriction d'activité a été prononcée suite à une visite de contrôle sanitaire réalisée le 2 juillet 2025.

Campus des Eurocks 2025 : Une chambre étudiante géante au milieu du festival

Pour la troisième année le campus des Eurocks s’installe au cœur des Eurockéennes de Belfort, du 3 au 6 juillet 2025. Un espace de créativité et d’échange ancrée dans la vie étudiante, à l’initiative du Crous de Bourgogne Franche-Comté s'installe durant trois jours au Malsaucy. Pour cette édition, le campus se déguise en chambre étudiante géante.

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 15.08
légère pluie
le 07/07 à 21h00
Vent
1.65 m/s
Pression
1012 hPa
Humidité
92 %