Fruit d’une collaboration entre la chambre régionale d’Agriculture, Cerfrance, l’État et la Région, l’observatoire prospectif de l’Agriculture de Bourgogne-Franche-Comté a souhaité explorer cette année la thématique de "la force du collectif en agriculture". Objectif : mettre en valeur les exemples de réussites régionales collectives pour préserver ces engagements afin de répondre aux enjeux de demain.
En introduction de séance, le président de la Chambre régionale d’agriculture de Bourgogne-Franche-Comté, Vincent Lavier a rappelé que cette conférence était "un moment important de la vie de notre agriculture mais aussi le moyen de pouvoir échanger entre nous". Elle permet notamment de dresser un panorama intéressant et d’avoir "une vision globale de notre agriculture", notamment sur les secteurs en souffrance, mais également ceux qui tirent leur épingle du jeu.

Vincent Lavier s’est également adressé aux jeunes et futurs agriculteurs en leur rappelant l’importance de "rentrer dans un collectif quand on prend la décision de s’installer en agriculture". Pour en illustrer l’importance, il a d’ailleurs partagé son expérience d’agriculteur en Côte d’Or où le travail collectif lui a pour sa part permis de "sécuriser mon installation, gagner en efficacité et en performances sur mon système mais aussi de porter de nombreux projets que je n’aurais jamais pu conduire seul sur mon installation".
80% des exploitations adhèrent à une CUMA
Cet engagement collectif est d’ailleurs on ne peut plus présent en Bourgogne-Franche-Comté où la région compte 80% d’exploitations adhérant à une Coopérative d’utilisation du matériel agricole (Cuma).
Concernant les données économiques de 2024, celles-ci font apparaître des résultats fort différents selon les productions ont résumé Agathe Chevalier de la Chambre régionale d’agriculture Bourgogne-Franche-Comté et Marine Le Fer (Cerfrance Alliance Comtoise). L’année a par ailleurs été émaillée de grosses difficultés météorologiques telles que la grêle, la pluie, le gel, l’excès d’eau ou encore un manque de lumière. Celles-ci ont par exemple fortement affectées le secteur des grandes cultures touché par des rendements historiquement bas. L’année pluvieuse et chaude a impacté la qualité des fourrages et la production. D’après les données Cerfrance, pour 80% des exploitations, le résultat courant par unité de travail annuel fourni (UTAF) en 2024 est négatif contre 50% en 2023. Il atteint également son niveau le plus bas depuis 2014 avec -27.700€ contre -2.700€ en 2023.
Une météo capricieuse qui complique les rendements
Après avoir été longtemps en difficulté, l’élevage allaitant se porte aujourd’hui beaucoup mieux depuis deux ans mais a été fortement perturbé en 2024 en raison d’une météo capricieuse. Les éleveurs ont été confrontés à la complexification des protocoles sanitaires en fin d'été à cause de la propagation de la Fièvre Catarrhale Ovine. Toutefois, la pénurie de viande bovine sur le marché européen entraîne une nouvelle hausse des cours pour toutes les catégories d'animaux. Mais les prix soutenus ne suffisent pas à compenser la hausse de certaines charges (mécanisation, entretien de matériel, fermages, amortissements), occasionnant une nouvelle baisse des résultats économiques dans la continuité de 2023 (résultat courant de 20.000€/UTAF, bovins+cultures : -400€).
Constat similaire pour la filière élevage ovin viande où tous les départements ont été touchés par la fièvre catarrhale ovine causant une surmortalité importante pour les ovins et affectant la fertilité des brebis. Malgré des prix plus haut en 2024, le prix de la viande ne suffit cependant pas à maîtriser un résultat courant affecté par la hausse des charges.
Une année 2024 éprouvante
L’élevage bovin lait de plaine bénéficie quant à lui d’une conjoncture économique positive en partie grâce à une baisse de charges et un prix du lait qui résiste. Les revenus restent ainsi "bons" ont commenté Agathe Chevalier et Marine Le Fer. Le secteur affiche un résultat courant de 18.300€/UTAF en 2024 mais rencontre des difficultés de renouvellement des générations. Lui aussi affecté par une pluviométrie record en 2024, l’élevage bovin lait AOP du massif jurassien affiche une productivité stagnante et une production fromagère en baisse. Le secteur affiche toutefois un résultat courant en moyenne de 58.100€ par exploitation.
Malgré une année 2024 éprouvante, la viticulture régionale se porte bien avec des exportations en hausse. La campagne 2023-2024 a également permis de retrouver des volumes normaux qui ont permis de reconstituer les stocks. De bon augure avant l’arrivée d’un millésime 2024 réduit. L’observatoire prospectif de l’Agriculture de Bourgogne-Franche-Comté émet toutefois une inquiétude sur les taxes Trump car une bouteille sur cinq de la région est exportée aux États-Unis.
Plusieurs vidéos d'exemples d'exploitations mettant en avant le travail collectif sont venues ponctuer la présentation de l'observatoire prospectif de l'agriculture. La seconde partie de la matinée a été consacrée à une conférence suivie d’échanges sur le thème "la force du collectif en agriculture" avec l’intervention d’Emmanuel Vasseneix, président de la Laiterie Saint-Denis-de-l’Hôtel, acteur clé du lait équitable et de la juste rémunération au sein des filières.