Dérives sectaires : une hausse 33% des signalements en un an

Publié le 03/11/2022 - 14:37
Mis à jour le 03/11/2022 - 16:29

La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) a publié jeudi 3 novembre 2022 son rapport d’activité pour l’année 2021. Il démontre une forte augmentation des signalements soit plus de 86 % entre 2015 et 2021.

 © CC0 Pixabay
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Ce rapport répertorie les actions de la Miviludes au cours de l’année passée et analyse les signalements de dérives sectaires dont elle a été l’objet.

"Les phénomènes sectaires portent délibérément atteinte à la liberté de conscience et à l’intégrité des individus. Leurs effets sur les familles, les proches, et plus largement sur la cohésion nationale sont délétères", rappelle la Miviludes. Elle explique que "la crise sanitaire a assurément constitué un terreau fertile pour ces mouvements : marquée par plusieurs confinements et des situations économiques et sociales difficiles, cette période a favorisé l’émergence de discours exploitant l’isolement."

Hausse des signalements

L’enseignement principal du rapport annuel 2020-2021 est l’augmentation continue, d’une année sur l’autre, du nombre des signalements à la Miviludes : plus de 33 % entre 2020 et 2021, plus de 44 % entre 2018 et 2021 et plus de 86 % entre 2015 et 2021.

Les 4.020 signalements comptabilisés pour l’année 2021 représentent un record. "Ces chiffres alarment d’autant plus les pouvoirs publics qu’ils ne constituent que la seule part visible d’un phénomène plus large", indique la Mission ministérielle.

Sur les 4.020 signalement comptabilisés en 2021, environ 20 % concernent le champ de la santé, soit 744 dossiers dont 70 % relèvent de pratiques de thérapies non conventionnelles (520 dossiers). 10 % des saisines concernent des mineurs, directement ou indirectement (soit 396 dossiers).

Enfin, presque 4 % des saisines concernent le complotisme et le mouvement antivax (soit 148 dossiers). Ces saisines ont déjà donné lieu à une vingtaine de signalements au procureur de la République au titre de l’article 40 du code de procédure pénale.

Thérapies non conventionnelles, réseaux sociaux et complotisme

Le rapport note la permanence des "multinationales de la spiritualité" que sont la scientologie et les témoins de Jéhovah. Ces organismes – bien identifiés par les institutions – continuent de faire l’objet de nombreux signalements.

Le rapport souligne "une évolution générale du phénomène sectaire, mettant en exergue la multiplication de petites structures dans les domaines de la santé, du bien-être et de l’alimentation". Les thérapies non conventionnelles se sont développées dans le cadre de la crise sanitaire et portent un risque important en matière de santé publique.

  • Des "gourou 2.0"

Le rapport constate aussi la multiplication des "gourou 2.0". Il s’agit de manipulateurs isolés et autonomes qui propagent leur doctrine sur les réseaux sociaux. "Ces nouvelles touchent fortement les plus jeunes – notamment les mineurs, très vulnérables – qui sont d’importants utilisateurs des réseaux sociaux", indique le rapport.

Enfin, la Miviludes dresse un lien clair entre les phénomènes sectaires et les thèses complotistes. "La porosité entre les deux phénomènes et leur interdépendance tend à s’accroître, les théories du complot nourrissant largement les mouvements sectaires", souligne le rapport.

Assises des dérives sectaires et du complotisme

Face à ces constats, Sonia Backès, secrétaire d’État chargée de la Citoyenneté, tiendra au début de l’année 2023, les premières assises des dérives sectaires et du complotisme.

Ces assises réuniront les services de l’État, des responsables politiques, des scientifiques, des experts ainsi que les associations engagées dans la lutte contre les dérives sectaires et le complotisme.

Cet événement poursuivra trois objectifs :

  1. Sensibiliser l’opinion publique aux dérives sectaires ;
  2. Créer des modalités de coopération renouvelées favorisant l’identification et le signalement des dérives sectaires ;
  3. Élaborer un plan d’action pluriannuel permettant d’adapter notre organisation ainsi que notre arsenal juridique à l’évolution du phénomène.

Pour Sonia Backès, secrétaire d’État en charge de la Citoyenneté, "La problématique des dérives sectaires, en plus d’être un sujet qui me touche personnellement, représente un danger majeur de séparatisme et de santé publique. Le rapport de la Miviludes nous montre que le phénomène sectaire s’accroît en France et se renforce par la modification de sa structure. La réponse de l’État se doit de changer d’échelle si nous voulons proposer des solutions efficaces. J’entends donc adapter l’action de l’État, au sortir des assises des dérives sectaires et du complotisme, afin de pouvoir bénéficier de tous les outils nécessaires pour combattre efficacement ce fléau".

Comment effectuer un signalement ?

Tous les victimes ou témoin de dérives sectaires sont invités à aller vers le site de la Miviludes pour émettre un signalement. Les équipes de la Miviludes sont à leur écoute sur www.miviludes.interieur.gouv.fr.

(Communiqué)

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