Les grands festivals et rassemblements restent bannis au moins jusqu’à mi-juillet, une lourde menace notamment pour Cannes et le Tour de France, qui ne pourront de toute façon plus se dérouler à leurs dates prévues. Lundi soir, le président de la République a annoncé le prolongement du confinement jusqu’au 11 mai et l’interdiction des grands festivals et rassemblements au moins jusqu’à mi-juillet. Le festival de théâtre d’Avignon a annoncé dans la foulée son annulation. Les Francofolies de La Rochelle et les Vieilles Charrues, autres festivals de musique incontournables, ont aussi lieu chaque année en juillet.
À Belfort, on sentait le vent venir. Lundi soir, le couperet est tombé en une phrase. Les grands festivals et événements avec un public nombreux "ne pourront se tenir au moins jusqu'à mi-juillet prochain."
Prévues du 2 au 4 juillet 2020, "Les Eurockéennes n'auront pas lieu en 2020", ont donc indiqué les organisateurs ce mardi 14 avril dans la matinée. Lomepal , Massive Attack, Simple Minds, DJ Snake étaient les têtes d'affiche annoncées en décembre 2019 aux côtés d'UltraVomit, Lumineers ou encore Foals et Niska."Pour tous les détenteurs de billets 2020, les modalités de remboursement de billets seront précisées lundi 20 avril". La billetterie représentait déjà plusieurs centaines de milliers
Une annulation qui pose de "lourdes questions sur l'avenir du festival."
Les Eurockéennes de Belfort, récompensées en mars comme meilleur festival international, avait rassemblé, pour son édition 2019, 128.000 festivaliers sur trois jours. Organisé par une association à but non lucratif, le festival est présidé par Matthieu Pigasse. "Malheureusement, cette annulation pose aujourd'hui de lourdes questions sur l'avenir du festival et de l'association Territoire de Musiques. Soumises à une équation financière complexe, les Eurockéennes souffriront durablement de cette année noire", ont estimé les organisateurs, qui affirment néanmoins "tout mettre en oeuvre pour le relever".
Contacté par France Bleu Belfort Montbéliard, le sénateur Cédric Perrin et vice-président de Territoire de musiques, l'association qui organise les Eurocks avait confirmé l'annulation dès lundi soir. "Les Eurockéennes ayant lieu traditionnellement depuis plus de 30 ans le premier week-end de juillet", le festival sera "effectivement annulé cette année"
Le 7 avril 2020, les organisateurs du Fimu de Belfort avaient déjà annoncé l'annulation du Festival International de Musiques Universitaire qui devait se tenir du 28 mai au 1er juin 2020.
Les références du genre à l'étranger pour les musiques actuelles avaient donné le ton: Coachella, en Californie, est reporté en octobre, The Great Escape et Glastonbury n'auront pas lieu en 2020 au Royaume-Uni.
Depuis, les incontournables français - Eurockéennes (2-4 juillet, 128.000 spectateurs en 2019), Francofolies (10-14 juillet, 150.000), Vieilles Charrues (16-19 juillet, 270.000) ou Rock en Seine (29 août-1er septembre, 100.000) - tremblaient.
Les premiers à prendre la décision d'une année blanche furent le Printemps de Bourges (200.000 spectateurs en 2019), qui devait se tenir fin avril, puis le Hellfest (juin, 180.000 spectateurs), le Lollapalooza (juillet, 95.000 spectateurs) et Solidays (juin, 228.000 spectateurs).
Les autres festivals de juillet peuvent-ils reporter ? Et ceux d'août ou septembre ont-ils des garanties? Rien n'est moins sûr. "Il y a les artistes américains, qui construisent leur tournée européenne en bloc de six semaines: vont-ils venir alors que leur nombre de dates s'est déjà réduit avec les premières annulations ? Sans nos têtes d'affiches, la situation devient intenable", déclarait début avril Arnaud Meersseman, à la tête de AEG Presents France, qui a dans son portefeuille Rock en Seine.
"La crise économique nous pend au nez: les gens vont-ils dépenser 80 à 100 euros pour un festival ?", s'interrogeait-il en conclusion.
(Avec AFP)