Covid-19 : la bataille de l'air pas encore gagnée

Publié le 07/07/2022 - 15:30
Mis à jour le 07/07/2022 - 16:03

Aérer pour disperser les particules contaminées par le virus: plus de deux ans après le début de la bataille contre le Covid 19, le recours à cette arme reste encore marginal malgré son importance au-delà de cette seule pandémie.

 © D Poirier
© D Poirier

"Pour espérer endiguer la pandémie et réduire la mortalité, il faudrait diminuer le niveau de contaminations, ce qu'aujourd'hui le vaccin seul ne parvient pas à faire", constate l'épidémiologiste Antoine Flahault.

"On a besoin d'une nouvelle phase, celle de l'amélioration de la qualité de l'air intérieur", plaide le directeur de l'Institut de santé globale à la faculté de médecine de l'université de Genève.

Le Sras-Cov-2 se propage en effet principalement par les airs. Via les aérosols, ces nuages de particules qui s'échappent lorsque les humains respirent, et plus encore lorsqu'ils parlent, crient, chantent.

Dans une pièce fermée et mal aérée, ces aérosols peuvent rester longtemps dans l'air, s'accumuler, se déplacer dans tout l'espace... et augmenter grandement les risques d'infection.

S'il est généralement admis que la transmission du Covid à moins de deux mètres peut se faire à la fois par gouttelettes et par aérosols, l'importance de la transmission aérienne à longue distance en intérieur ne fait pas consensus.

La transmission à plus de deux mètres est possible dans différents intérieurs, estiment des chercheurs de l'université de Bristol et l'Agence britannique de sécurité sanitaire dans la dernière édition du British Medical Journal. Leur travail, fondé sur 18 études d'observation dans plusieurs pays, comporte cependant quelques limites méthodologiques.

"Au moins 10 minutes"

Mais une certitude demeure: si on aère suffisamment, les aérosols se dissipent comme de la fumée.

Individuellement, cela peut consister à ouvrir une fenêtre assez longtemps. Sur le plan collectif toutefois, les efforts pour assainir l'air intérieur restent insuffisants, selon des spécialistes.

L'aération fait partie des gestes barrières recommandés par les autorités. "Matin, midi, soir, durant toute la journée, l'aération de vos pièces de vie est cruciale, (...) toutes les heures, aérons au moins 10 min": ce message a encore été relayé cette semaine sur Twitter par des Agences régionales de santé en France.

Mais, "dans l'ensemble, il ne s'agit pas encore d'une problématique dont se sont emparés les gouvernements", note le Pr Flahault, défenseur de plans de ventilation du bâti moderne et des transports publics avec des investissements massifs, en commençant par exemple par les écoles, les Ehpad et hôpitaux, les bureaux, bars, restaurants, transports.

"Comme on savait filtrer l'eau de boisson et la traiter avec du permanganate dans les maisons bourgeoises du début du XXe siècle, on peut imaginer que certains foyers s'équiperont de purificateurs d'air et penseront à ouvrir leurs fenêtres. Mais ce n'est pas la solution que l'on attend au niveau des décisions collectives", lance-t-il.

Seuls quelques pays, en Asie, en Amérique ou en Europe, ont jusqu'alors annoncé des plans.

Volontarisme belge

Aux Etats-Unis, le gouvernement Biden a invité mi-mars les propriétaires et gérants d'immeubles, les établissements scolaires et d'autres organismes à "des stratégies pour améliorer la qualité de l'air intérieur dans leurs immeubles et réduire la propagation du Covid-19".

Ce plan, doté de financements via la relance post-pandémie, concerne aussi les édifices publics. Y sont prévus l'examen des systèmes de chauffage, ventilation, climatisation, et l'achat d'unités de filtration d'air portables, de filtres à air (type HEPA) et de ventilateurs.

En Europe, l'UE n'a émis aucune norme contraignante d'amélioration de la qualité de l'air intérieur.

Seule la Belgique a annoncé au printemps un plan pour les lieux ouverts au public (cafés, restaurants, cinémas, salles de sport, etc). Mesure du taux de CO2, analyse de risques... Les mesures, volontaires jusqu'à fin 2024, seront obligatoires ensuite.

Bien d'autres pays, dont la France, sont à la traîne, jugent par exemple des collectifs de parents d'élèves.

Or, au-delà du Covid, la bataille de l'air pourrait marquer une nouvelle étape pour la santé publique, selon des experts. Des pathogènes pourraient ainsi être exclus, mais d'autres transmissions, y compris de polluants, seraient aussi réduites.

"De telles mesures atténueraient également considérablement l'impact d'autres maladies", a observé récemment Stephen Griffin, professeur associé en médecine à l'université de Leeds, auprès du Science Media Center. "Une meilleure ventilation améliore aussi la cognition en réduisant les niveaux de dioxyde de carbone et, avec la filtration, elle peut réduire l'impact par exemple des pollens et allergies".

Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

Coronavirus COVID-19

Covid-19 : le repli de l’épidémie se confirme selon l’agence régionale de santé

Avec un taux d’incidence en population générale désormais sous la barre des 400 cas pour 100/000 habitants, l’épidémie confirme son repli en Bourgogne-Franche-Comté selon les derniers chiffres de l'ARS Bourgogne-Franche-Comté.  Le taux de positivité des tests perd 5 points mais reste cependant élevé à près de 25%.
 

Covid-19 : le nombre de patients testés a doublé en un mois en Bourgogne-Franche-Comté  

Le nombre de tests a "de nouveau franchi" la barre des trois millions en une semaine, selon des chiffres publiés jeudi par le ministère de la Santé, sur fond de septième vague de l'épidémie de Covid-19. En Bourgogne-Franche-Comté, plus de 77.000 personnes ont réalisé un test antigénique ou PCR entre le 27 juin et le 3 juillet 2022 contre 54.000 la semaine précédente et 33.000 début juin.

Santé

Plus de 150 acteurs réunis pour “attirer et fidéliser les professionnels de la santé” dans la région

Plus de 150 personnes ont échangé ce 7 novembre 2024 à Dole sur le plan d’actions et les bonnes pratiques à mettre en œuvre pour attirer et fidéliser les professionnels de la santé, du social, du médico-social en Bourgogne-Franche-Comté.

Le Mouv’ de Lou #1 – Comment se détendre le dos à son poste de travail ?

À partir de ce vendredi 8 novembre, Lou Boillon, professeure de yoga et de pilâtes, formatrice Qualité de vie au travail à Besançon, nous propose, une fois par mois, son mouvement à faire là où vous vous trouvez, au travail, à la maison, en balade… pour vous détendre, atténuer certains maux et reprendre conscience de votre corps.

Une nouvelle plateforme de guidage robotisée pour les neurochirurgiens du CHU de Besançon

Le service de neurochirurgie du CHU de Besançon utilise depuis le 12 septembre dernier la plateforme de guidage robotisée Stealth Autoguide™ de Medtronic, une assistance robotisée qui permet aux neurochirurgiens du CHU de sécuriser davantage les biopsies cérébrales, a-t-on appris dans un communiqué du 5 novembre 2024.

100% des boîtes de thon contaminées au mercure selon Bloom et Foodwatch

Les ONG Bloom et foodwatch viennent de publier ce 29 octobre le compte rendu de leur dossier intitulé "Du poison dans le poisson. Chronique d’un scandale de santé publique". Selon ce rapport, l’une des dix substances les plus préoccupantes au monde selon l’Organisation mondiale de la santé, le mercure, serait présente dans 100% des boîtes de thon achetées en France et ailleurs en Europe.

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 5.67
peu nuageux
le 12/11 à 03h00
Vent
1.02 m/s
Pression
1026 hPa
Humidité
96 %