Loups dans le Doubs : une expérimentation de tir de défense prévue en 2023

Publié le 23/12/2022 - 14:22
Mis à jour le 23/12/2022 - 11:17

En 2022, la prédation lupine s’est fortement développée dans le Haut-Doubs et s’est spécialisée sur les troupeaux bovins, selon la préfecture du Doubs dans un communiqué du 23 décembre. Alors qu’en 2021, on recensait dans le Doubs six attaques sur des troupeaux d’ovins pour lesquelles la responsabilité du loup n’était pas exclue, en 2022, une attaque de loup a été recensée sur troupeaux ovins, et 28 attaques concernaient des troupeaux de bovins.

À cela, se sont ajoutées des attaques sur les bovins dans le département du Jura et dans le canton de Vaud. Au total pour le seul département du Doubs, 25 bovins ont été tués, 29 ont été blessés, et un ovin a été blessé. Certains élevages ont connu deux attaques cette année, souvent à quelques jours de décalage.

Cette situation inédite a conduit le préfet du Doubs, Jean-François Colombet, à prendre des mesures réactives en vue de la protection des troupeaux d’ovins et de bovins ayant subi des attaques.

Ainsi, le préfet du Doubs a délivré 23 autorisations de tirs de défense simple pour protéger des troupeaux de bovins et 2 pour des troupeaux d’ovins, qui tout deux ont mis en place des dispositifs physiques pour la protection de leurs troupeaux (clôtures électrifiées par exemple).

Les lieutenants de louveterie, accompagnés parfois de chasseurs, ont été mobilisés et ont conduit 96 interventions qui ont permis une présence humaine dissuasive sur les pâturages dans les jours suivants les attaques. Ces opérations, mises en place dans le respect de la réglementation et des consignes de sécurité, ne pouvaient amener à des tirs qu’en cas d’attaque de loups envers le troupeau protégé.

Des analyses génétiques sur deux loups

Cinq tirs ont ainsi été effectués sur les 96 opérations, deux loups ont été prélevés : une louve sur la commune de Longevilles-Mont-d’Or le 20 septembre et un loup sur la commune de Frasne le 26 octobre.

Ces loups font l’objet d’analyse génétique afin d’identifier leurs origines et améliorer le suivi des meutes. Les résultats de la première analyse génétique indiquent que la louve prélevée, alors qu’elle attaquait un troupeau de bovins dans un élevage détenant une autorisation de tir de défense sur la commune de Longevilles-Mont-d’Or, était la louve "alpha" de la meute du Risoux (louve dominante de la meute et seule reproductrice). La seconde analyse est en cours, les résultats ne sont pas encore disponibles.

Une expérimentation de tir de défense en 2023

Face à cette augmentation du nombre de prédation d’origine lupine dans le département du Doubs et au vu du contexte spécifique de l’élevage jurassien, le préfet coordonnateur du Plan national d’actions sur le loup et les activités d’élevage a autorisé la mise en place d’une expérimentation de tir de défense contigu en 2023. Pour mettre en œuvre cette expérimentation, un protocole sera établi en collaboration avec l’ensemble des acteurs, en particulier les associations de protection de la nature et les représentants agricoles. Il définira le cadre et les conditions de cette expérimentation.

Afin de réduire la vulnérabilité des troupeaux de bovins, plusieurs pistes sont ou vont être testées en 2023, comme :

  • le développement d’opérations d’effarouchement qui sera permis en 2023 grâce aux formations au permis de chasse des éleveurs ;
  • la mise en place de chiens de protection de troupeau. Trois éleveurs bovins du Doubs ont d'ores et déjà été retenus pour bénéficier d'aides à l'acquisition de chiens de protection et d'accompagnement pour l'intégration du chien dans le troupeau dans le cadre d'un dispositif expérimental financé par le préfet coordonnateur ; d'autres éleveurs ont manifesté leur intérêt pour intégrer l'expérimentation.

Enfin, sur proposition de la présidente du conseil régional de Bourgogne Franche-Comté et avec le soutien de l’État qui participera à son financement, un poste a été créé à l’Agence régionale de biodiversité afin d'expérimenter les dispositifs de protection des bovins et transférer des connaissances vers le monde de l’élevage.

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