Le cas de Jean-Claude Gandon arrive le 20 janvier. 2017. Il est admis à la clinique Saint-Vincent pour une opération de la prostate. Son cœur s’arrêtera durant l’intervention avant d’être stabilisé par le docteur Péchier et un collègue cardiologue.
Salle d’opération du patient Gandon : tout doit rester en l’état
"J’entends que quelqu’un se manifeste à la tête du patient en expliquant que des poches sont percées. Je lève la tête de la console et demande à en savoir plus. Frédéric Péchier constate par lui-même ce fait. Et le premier trouble du rythme cardiaque arrive. Je pose la question de la continuité de l’intervention", explique le chirurgien Vincent Bailly.
Au bout d’un moment, l’intervention est arrêtée. Le chef de bloc arrive après que le patient soit sorti et "demande de conserver la salle en état, de ne rien sortir et ne rien rentrer", précise le chirurgien qui poursuit : "J’ai le souvenir que Frédéric Péchier était dans l’attente de ces résultats, car pour lui, c’était malveillant, quelque chose que j’avais du mal à entendre. La piste criminelle était pour lui évidente", précise le chirurgien Bailly.
Les résultats des analyses des poches démontreront la présence d’anesthésiques locaux - lidocaïne et mépivacaïne.
L’avocate générale Christine Goulard de Curraize demande : "La mépivacaïne est utilisé normalement ?"
-"Nous n’utilisons pas de mépivacaïne en urologie", répond monsieur Bailly
-"Vous ne maîtrisez pas la mépivacaïne ?"
-"Je confirme. C’est plus du domaine de l’anesthésiste", ajoute le chirurgien.
Une porte qui pose problème…
Une porte dessinée sur le plan de la salle d’opération dessinée par Dr Bailly. Toute la question porte désormais sur le rôle d’une porte qui est "condamnée" selon le chirurgien, et cela, bien avant son entrée en exercice. Porte qui "n’a plus de poignée", a-t-il indiqué.
Porte qui, selon l’avocat de la défense, est fonctionnelle, sur les dires de son client Péchier. Me Schwerdorffer, lui, souhaite que la cour visionne à nouveau une photographie du bloc opératoire (dossier datant de 2017). Une poignée y figure…
La question est posée sur la possibilité d’une entrée tierce, notamment entre 8h15 et 9h00, heure supposée du crime ? Ou est-elle plus tardive ? Frédéric Péchier, lui, est sorti peu après 8h15, rappelle son avocat. Le suspect a été vu sur les vidéosurveillances de l’hôpital vers 8h17. Il reviendra vers 8h45, selon la défense.
Une poche suspecte de paracétamol posée en début d’intervention
Une sortie confirmée par Ludivine Gladoux, infirmière anesthésiste en formation, présente dans la salle d’opération. Une chose l’a toutefois surprise : la demande du Dr Péchier d’administrer du paracétamol au patient Gandon. "Il y a un pic d’action d’une heure et on en pose souvent en fin d’intervention. Là, on me demandait ça sur intervention longue. Et pour moi, ça n’avait pas d’intérêt de lui en mettre", précise l’infirmière. Il m’a répondu :"c’est pour éviter de mettre trop de morphinique".
Le docteur Péchier prendra une pause (de 8h15 à 8h45 environ selon la défense). À son retour, Ludivine lui explique avoir trouvé une première poche percée. Il lui demandera par la suite si elle souhaite prendre une pause, Ludivine accepte, le patient est stable (vers 9h00 selon l’avocat de la défense). Elle reviendra en trouvant monsieur Gandon avec un trouble...
Une intervention qui tournera mal avec l’arrêt cardiaque du patient. Le docteur Péchier a commencé la réanimation puis "plusieurs personnes sont arrivées dans le bloc", souligne Ludivine.
Après avoir résumé les faits, l’avocate générale Christine Goulard de Curraize, tient à rassurer Ludivine Gladoux : "Vous avez bien dit votre travail en amont. La poche a été polluée durant l’intervention madame". S'en est trop pour Ludivine Gladoux qui ne tient plus et fond en larmes. "Je ne fais pas ce travail pour cela", indique-t-elle devant la cour.
Une sacoche qui pose problème près du bloc ?
Quant à la sacoche de monsieur Péchier, elle a été vue à proximité du bloc opératoire par Ludivine Gladoux… Que contenait-elle ?
Interrogé sur ce point lors d’une pause d’audience ce mardi, Frédéric Péchier répond à notre micro : "J’ai ma sacoche comme d’habitude. Dedans, il y a mes livres, mon ordinateur. Il n’y a jamais eu autre chose. Ils l’ont saisie, certainement analysée". Il attend également de pouvoir s’exprimer : "J’attends 20 jours de procès avant de pouvoir commencer à m’expliquer".
Le verdict, quant à lui, est attendu pour le 19 décembre 2025.