Le drame, qui intervient après trois attentats jihadistes en quelques semaines à l'automne, mobilise à nouveau le gouvernement. Emmanuel Macron s'est déplacé samedi dans les Yvelines pour rendre visite à la famille de Stéphanie M., 49 ans, l'agente administrative - jamais armée - tuée de deux coups de couteau dans l'entrée du commissariat de Rambouillet par Jamel Gorchene, un Tunisien de 36 ans, abattu ensuite par un policier. Le président s'est rendu dans la boulangerie du veuf, pour apporter son soutien à une famille "très bouleversée et très digne", a annoncé l'Elysée.
Stéphanie M. était mère de deux filles de 13 et 18 ans. "Du combat engagé contre le terrorisme islamiste, nous ne céderons rien", avait tweeté vendredi Emmanuel Macron. En parallèle, une réunion a rassemblé pendant environ deux heures, samedi après-midi, les services et ministres concernés (Intérieur, Justice, Armées) autour du Premier ministre Jean Castex, qui avait écourté sa visite en Occitanie.
Mercredi, le ministre de l'Intérieur doit présenter en conseil des ministres un projet de loi, préparé depuis plusieurs semaines, visant à "pérenniser" des mesures contenues dans les lois renseignement et antiterroristes votées en 2015 et 2017.
Un quatrième personne en garde à vue samedi
Côté enquête, une quatrième personne a été placée en garde à vue samedi à la mi-journée, selon une source judiciaire, et son domicile perquisitionné.
Cet homme serait un membre de la famille de Jamel Gorchene, selon une source proche du dossier.
Les auditions de trois personnes, placées en garde à vue vendredi soir, se poursuivaient samedi. Il s'agit du père du meurtrier et de deux personnes qui l'ont hébergé, l'une récemment à Thiais (Val-de-Marne) et l'autre à son arrivée en France en 2009, a indiqué une source proche du dossier.
Selon une autre source proche de l'enquête, les deux personnes interrogées avec le père forment un couple qui aurait domicilié l'assaillant "au moins administrativement" dans le Val-de-Marne. Leurs domiciles avaient été perquisitionnés vendredi. Le téléphone de Jamel Gorchene contenait "des nasheeds", des chants religieux musulmans, désormais fréquemment utilisés pour la propagande jihadiste, a précisé la même source.
"On n'avait pas détecté de signes de radicalisation"
Arrivé en France en situation irrégulière, ce chauffeur-livreur, titulaire d'une carte de séjour valable jusqu'en décembre, était inconnu des services de renseignement. Il "n'avait pas été porteur de menaces, on n'avait pas détecté de signes de radicalisation" à son sujet, a déclaré sur BFMTV Laurent Nuñez, coordonnateur national de renseignement.
Jamel Gorchene fait partie de ces "individus () qui sont très isolés, n'ont pas de relations avec d'autres individus qui les rendraient détectables", a-t-il ajouté.
L'homme aurait effectué un "repérage", accréditant la préméditation, avant d'attaquer la victime, selon le procureur antiterroriste Jean-François Ricard, dont le parquet s'est saisi de l'enquête.
Des témoins ont par ailleurs rapporté qu'il aurait crié "Allah Akbar", selon une source proche de l'enquête.
Suivi par un psychiatre pour dépression
Les enquêteurs de la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) et de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) s'emploient à préciser le parcours de Jamel Gorchene, si des personnes l'ont aidé ou encouragé dans son projet ainsi que ses éventuels contacts noués en ligne avec des membres de la sphère jihadiste. Il est originaire de Msaken, ville commerciale proche de la station balnéaire de Sousse, sur la côte est de la Tunisie, où réside encore sa famille dans une maison modeste. Il aurait au moins une sœur et deux frères, dont un jumeau. Il était récemment allé passer deux semaines en Tunisie. Une cousine trentenaire, Sameh, y a assuré à l'AFP qu'il était suivi par un psychiatre en France car il souffrait d'une dépression.
(AFP)