Crise du Coronavirus : des intermittents du spectacle frappés de plein fouet en Franche-Comté

Publié le 12/03/2020 - 11:39
Mis à jour le 12/03/2020 - 14:08

En raison des mesures de protection préconisées par les autorités sanitaires pour lutter contre la propagation du Coronavirus covid19, de nombreux concerts, spectacles, salons, foires… sont annulés en France, y compris en Franche-Comté. D’un côté, les intermittents du spectacle voient leurs heures diminuer d’un seul coup, de l’autre, les producteurs et autres organisateurs s’arrachent les cheveux pour trouver des solutions. Deux intermittents du spectacle à Besançon nous livrent leur vision et leurs craintes…

A l'Axone à Montbéliard ©MS ©
A l'Axone à Montbéliard ©MS ©

Si les organisateurs d'évènements voient leur chiffre d'affaires baisser en flèche, les intermittents ne savent pas tous de quoi sera fait demain.

Amandine, une intermittente du spectacle bisontine depuis 13 ans, voit son agenda s'alléger de jour en jour, des concerts ponctuels et des tournées d'artistes sont annulés, notamment celle de Frédéric François. Cela représente "100 heures annulées" pour elle.

Pour Mathieu, intermittent du spectacle bisontin depuis 14 ans, tous les évènements sur lesquels il devait travailler jusqu'au 15 avril s'annulent les uns après les autres, exceptés à La Rodia sur les concerts dont la jauge est inférieure à 1000 personnes. "Pour ma part, les concerts de Roméo Elvis à l'Accorhotel Arena, Vitaa et Slimane à Micropolis sont reportés en octobre", nous précise-t-il.

Les craintes des intermittents

Selon Mathieu, ce qui est craint par les intermittents en cette période d'épidémie de covid-19, "c'est que la période de restriction s'allonge et touche les festivals qui débutent fin avril, de même que les jauges autorisées aujourd'hui deviennent plus faibles, voire nulles", nous confie-t-il. "Si cela devient le cas, cela sera une véritable catastrophe pour l’ensemble de la profession qui est déjà très impactée. De nombreux spectacles vont être reportés sur l’automne, mais on ne peut malheureusement pas déplacer un festival en claquant des doigts. Pour la majorité des collègues, l’été est la période de travail la plus intense…"

Amandine ajoute que "depuis une semaine, le sujet est récurrent et déjà beaucoup parlent de difficultés et pertes financières de plusieurs milliers d'euros dont ils ne se relèveront pas."

En exemple, elle cite les détails de la tournée de Frédéric François sur laquelle elle devait travailler :

  • "Ce sont 10 intermittents du spectacle qui perdent 50 heures de travail (uniquement pour le mois mars)" ;
  • "un prestataire technique son et lumière qui s’assoit sur 6500€ par date de location" ;
  • "un prestataire de tour bus : 4500€ par date" ;
  • "un prestataire de transport semi-remorque : 1200 € par date".

"Et cela juste du point de vue du producteur de l’artiste. Je ne parle pas du côté de l’organisateur qui a lui aussi de grosses pertes et du personnel sur le carreau aussi (roads, catering, promotion pour l’évènement, frais sur la billetterie, etc.)" précise-t-elle.

"Je trouve que ces mesures sont trop extrêmes"

Mathieu estime que "l'on ne peut pas remettre en question le principe de précaution. Cependant, à titre personnel, je trouve que ces mesures sont trop extrêmes par rapport à la menace qui, pour le moment, n'est que relative". Mathieu ajoute que "cette pathologie est désormais observée depuis quelques mois, on en connaît le taux de mortalité, on sait que cela présente un réel un danger pour les personnes âgées et ceux à la santé fragile, mais on sait également que l'impact chez les enfants et les adultes en bonne santé n'est que très faible donc pourquoi ne pas protéger les personnes fragiles plutôt que de plonger tout un pays dans l'effroi et le confinement ?" se demande-t-il.

"Le secteur du spectacle est passé  du stade vivant à mort - en 10 jours"

De son côté, Amandine comprend d'un côté les mesures pour limiter la propagation du virus, mais de l'autre, elle suppose également que "pour vraiment la limiter, il faudrait arrêter toutes les industries, le métro, les parcs d'attractions, les centres commerciaux." L'intermittente bisontine affirme que "le secteur du spectacle évènementiel s'effondre. Le gouvernement n'a rien fait au départ pour empêcher ce virus d'arriver ou pas grand-chose et la première et la seule mesure prise est d'interdire les concerts et les salons… sans interdire les matchs de foot, les accès aux centres commerciaux, train, métro, fac, lycées… Qu'en est-il de tout ça ?" se demande-t-elle. "Le secteur du spectacle est passé du stade - vivant- à - mort - en 10 jours". 

"Le manque à gagner est réel pour nous" 

Pour Mathieu, "certaines heures non travaillées sur cette période sont déjà reportées sur juin et l'automne. Mais beaucoup sont purement et simplement annulées. Le manque à gagner est réel pour nous intermittents."

Pour Amandine, "c'est le flou total". Elle nous explique que l'"on ne peut se reporter sur rien, si pas de spectacle ni d'évènements, pas de travail… et tout est annulé jour après jour… les futurs festivals du printemps et du début été ne savent pas s'ils doivent continuer à signer des devis ou tout mettre en pause…" L'intermittente ajoute que "nous n'avons rien pour nous retourner puisque le reste de l'économie ne travaille pas sur le même régime que nous. On ne peut pas travailler sous le régime général sinon on prend le risque de perdre nos droits au statut de l'intermittence. Difficile de changer de métier en 2 jours."

À l'automne prochain, pour une grande partie des techniciens, il y a une date anniversaire de calcul d'heures. Ces spectacles reportés les empêcheront de faire d'autres contrats à l'automne "donc il y a un manque à gagner de toute façon."

Dans le cas d'Amandine, sa date anniversaire du calcul de ses heures est le 10 mai. À cette date, elle devra avoir effectué 507 heures de travail pour renouveler son statut d'intermittence. "Si toutes mes dates sont annulées, je perds 150 heures que je n’arriverai jamais à retrouver avant mi-mai vu la conjoncture. Je ne suis donc pas sure de pouvoir renouveler mon statut ce qui engendrera la perte d’un revenu stable pour une période indéterminée et donc de grosses difficultés financières pour moi", explique-t-elle.

"D’autres collègues perdent beaucoup plus de plans que moi, c’est vraiment terrible ce qui nous tombent dessus", conclut-elle.

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