Des historiens bisontins PS demandent au PC de balayer devant sa porte !

Publié le 05/02/2013 - 12:27
Mis à jour le 17/04/2019 - 15:23

Dans une note en réaction à un article de L’Humanité contestant des propos d’Harlem Désir, premier secrétaire du Parti Socialiste, au sujet du rôle de la France durant la Guerre d’Espagne, alors qu’il justifiait l’intervention militaire française au Mali, plusieurs historiens bisontins appartenant au PS – dont les anciens députés Joseph Pinard et Michel Bourgeois – prennent la défense de Léon Blum, président du Conseil à cette époque, et invitent le Parti communiste « à balayer devant sa porte.« 

Histoire

Dans un article publié le 29 janvier 2013 dans le journal L’Humanité, Cathy Caïbe revenait sur une déclaration d’Harlem Désir sur le plateau de l’émission télévisée "Mots croisés", par laquelle celui-ci justifiait l’intervention militaire au Mali en se référant au rôle de la France pendant la Guerre d’Espagne. "Un parallèle mensonger" selon le quotidien qui rappelait que le ministre socialiste Léon Blum avait alors "fait le choix de la non-intervention, livrant ainsi la République aux franquistes factieux".

Lire l’article de l’Humanité ICI

Des historiens bisontins* – anciens élus pour certains – appartenant au Parti Socialiste ont tenu à réagir à cet article, afin de remettre au point certaines vérités quant au rôle de Léon Blum, n’hésitant pas à affirmer au début de leur note communiquée à la presse : "Ce qui est inquiétant, c’est le retour à des procès (de Moscou ?) que l’on pouvait croire dépassés au vu des progrès de la recherche historique."

L'argumentation de ces historiens :

"L’écrivain Jorge Semprun condamné à l’exil par la guerre civile et qui fut un haut responsable du PC a déclaré : dans le contexte "d’une guerre imminente la perspective de l’alliance avec la Grande Bretagne est l’objectif majeur de Blum, persuadé, et il n’a pas tort, qu’une intervention plus massive de la France au côté de la République Espagnole mettrait cette alliance en danger." 

Serge Berstein, professeur émérite à Science Po, ancien président de la Société d’histoire moderne  et contemporaine, auteur d’une biographie de référence sur Blum, développe 4 points :  

  1. Il affirme lui aussi que la France ne pouvait pas intervenir officiellement sauf à être en désaccord avec l’Angleterre, laquelle a fait savoir que, si notre intervention provoquait un conflit généralisé, elle ne nous soutiendrait pas.
  2. En France "la violence verbale de la droite et de l’extrême droite fait clairement courir un risque de guerre civile que le climat passionnel de l’époque ne permet pas d’écarter d’un revers de main".
  3. Une intervention ouverte aurait rencontré l’hostilité du président de la République, d’une fraction importante des radicaux : "Il est clair qu’à vouloir imposer la solution de l’aide à l’Espagne, le gouvernement de Front populaire éclatera".
  4. Au sein de la CGT réunifiée, les pacifistes n’étaient pas favorables à l’aide publique armée. C’était le cas, par exemple du puissant Syndicat national des instituteurs et de la non moins puissante Union départementale du Nord. 

Lors du colloque "Léon Blum, chef de gouvernement" organisé par les historiens Pierre Renouvin et René Rémond, le fils de Léon Blum, Robert a affirmé que son père avait songé à démissionner parce qu’il ne pouvait pas intervenir publiquement. Mais le chef du gouvernement républicain lui a demandé de rester à son poste. Malgré les obstacles accumulés, c’est avec le soutien de Blum que Pierre Cot, ministre de l’Air, son chef de cabinet, un certain Jean Moulin ont fait le maximum pour aider le camp républicain notamment par la fourniture secrète d’avions. Mettre en cause Léon Blum c’est donc aussi s’en prendre à Jean Moulin qui a agi en accord total avec le chef du gouvernement."

Une pente dangereuse

Les historiens poursuivent : "L’article de L’Humanité est le signe d’une rechute dans des polémiques ressassés par le PC après l’adoption du pacte Germano soviétique, puis pendant la guerre froide. On retrouve même un vocabulaire identique puisque Harlem Désir est soupçonné de révisionnisme, terme récurrent pendant la période stalinienne. Il faut espérer que ce réquisitoire injustifié ne reflète pas le contenu de la formation donnée aux militants PC sur la base de fiches non mises à jour. 

Certes, nous n’en sommes pas encore revenus au temps où le leader du PCF Maurice Thorez qualifiait Blum de "traitre à la classe ouvrière, renégat, canaille politique, répugnant reptile" (article paru dans la revue de l’Internationale Communiste de février 1940). Mais nous sommes sur une pente dangereuse. 

Et avant de s’en prendre aux socialistes le PCF serait bien inspiré de balayer devant sa porte. A  propos de la défaite de l’Espagne républicaine peut-on s’en prendre au seul Blum quand on sait comment Staline fit liquider les antis Franquistes du POUM et les anarcho syndicalistes de la CNT ?"

* Les historiens signataires de cette note sont : 

  • Gaston Bordet, ancien maître de conférences en histoire contemporaine à la Faculté des lettres de Besançon 
  • Michel Bourgeois, agrégé d’histoire, ancien député du Doubs 
  • Claude Briselance, inspecteur d’académie honoraire, doctorant en histoire contemporaine 
  • Jean Defrasne, ancien élève de l’École normale supérieure, agrégé d’histoire, ancien professeur de classe préparatoire, ancien premier adjoint au maire de Besançon 
  • Jacques Gavoille, maître de conférences honoraire à la Faculté des lettres de Besançon 
  • Julien Lagalice, professeur agrégé d’histoire 
  • Christophe Maillard, docteur en histoire, enseignant à l’IUFM de Franche-Comté 
  • Joseph Pinard, agrégé d’histoire, ancien directeur d’études au Centre de formation des professeurs de collège de l’Académie de Besançon 
  • Maurice Thiriet, agrégé d’histoire, ancien professeur en classe préparatoire, ancien adjoint au maire de Besançon
Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

Politique

Mélenchon est le “meilleur allié” du RN pour 2027, estime Moscovici

Pierre Moscovici, qui quitte le 31 décembre sa fonction de Premier président de la Cour des comptes, a estimé dimanche 21 décembre que le chef des Insoumis Jean-Luc Mélenchon était "le meilleur allié du Rassemblement national" à la prochaine élection présidentielle de 2027.

Après le braquage à Besançon, majorité et opposition affichent leurs priorités en matière de sécurité

Un braquage s’est produit vendredi 19 décembre au matin à Besançon, à l’entreprise Losange, rue Marguerite Syamour. Lors de cette attaque, des individus armés ont ouvert le feu en direction d’un véhicule de la police nationale avant de prendre la fuite. Les réactions de Anne Vignot, maire de Besançon et de Ludovic Fagaut, conseille municipal et candidat à la mairie.

Municipales 2026 à Besançon : la jeunesse au cœur du programme du candidat socialiste Jean-Sébastien Leuba

La liste Besançon Forte et Solidaire, portée par Jean-Sébastien Leuba, candidat PS à la mairie de Besançon, a convié la presse ce mardi 16 décembre 2025, afin d'évoquer l’importance que dois prendre la jeunesse dans la vie bisontine. Il a également réaffirmé son ambition de mener sa propre liste pour le premier tour et qu’il n’y a "pas de changement dans la démarche" même si les échanges sont toujours en cours avec Anne Vignot.

Loi de finances 2026 : le sénateur Longeot plaide pour le retour du TGV Lyria Paris-Lausanne

Lors de l’examen du projet de loi de finances (PLF) pour 2026, le sénateur du Doubs Jean-François Longeot, président de la Commission de l’aménagement du territoire et du développement durable du Sénat, a appelé le 15 décembre 2025 à un investissement massif dans les infrastructures de transport, notamment le réseau ferroviaire et plaide pour le retour du TGV Lyria Paris - Lausanne.

Élevage bovin : un collectif dénonce des décisions d’Annie Genevard

Un communiqué diffusé le 16 décembre 2025 par le Collectif du Champ à l’assiette, organisation militante pour la sécurité alimentaire du Pays de Montbéliard, met en cause la cohérence de l’action de la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, à l’occasion du lancement des Conférences de l’autonomie alimentaire au début du mois.

Pirey : Le conseil municipal justifie son refus de participer aux frais de scolarité de l’école privée Cartannaz

Réuni le 10 décembre 2025, le conseil municipal de Pirey a décidé, à une large majorité, de ne plus participer aux frais de scolarité 2023-2024 des enfants inscrits à l’école privée F. Cartannaz a-t-on appris dans un communiqué de la mairie. 

Rétroviseurs et vitres cassés en cadeaux au Département du Doubs : une association alerte des dangers sur la D141

VIDÉO • L’association "À fond la transition" s’est mobilisée ce jeudi 11 décembre à 10h30 devant les locaux du conseil départemental du Doubs à Besançon pour lui offrir des cadeaux très particuliers : rétroviseurs, vitres de bus et de voitures brisées emballés… Ces morceaux proviennent de véhicules qui se sont aventurés sur la D141 au niveau du passage dit Sous les Roches Beure-Besançon.

Grand Besançon Métropole arrête son projet de Plan local d’urbanisme intercommunal : que prévoit-il ?

Après 5 ans de travail, Grand Besançon Métropole (GBM) a présenté et arrêté son projet de Plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi) à l’issue de plusieurs années de diagnostic, de concertation et de travail avec les 68 communes du territoire. L’ensemble du dossier, désormais finalisé, doit entrer dans la phase d’enquête publique. Avant cela, il sera soumis au vote du conseil communautaire de GBM jeudi 11 décembre 2025.

Pierre Moscovici défend l’indépendance de la Cour des comptes pour sa dernière audition à l’Assemblée

Le Premier président de la Cour des comptes Pierre Moscovici a vigoureusement défendu l'indépendance de celle-ci, "ni pouvoir ni contre-pouvoir", pour sa dernière audition mardi 9 décembre devant la commission des Finances de l'Assemblée nationale, consacrée au pacte Dutreil.

Saint-Vit : un collectif d’habitants prépare une liste citoyenne pour les municipales 2026

Un groupe de Saint-Vitoises et de Saint-Vitois annonce, dans un communiqué du 8 décembre 2025, la constitution d’une liste citoyenne baptisée “Saint-Vit ensemble” pour les élections municipales de 2026. Cette initiative, présentée comme locale et indépendante de tout parti, repose sur une organisation collégiale visant à “construire un projet réellement partagé et représentatif de la diversité de la commune”.

Budget de la Sécu : les députés votent sur le projet de loi ce mardi

C’est ce mardi 9 décembre 2025 que les députés doivent se prononcer sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Lundi, à la veille d'un scrutin qui s'annonce extrêmement serré, le patron du PS Olivier Faure a appelé ses députés à voter pour le projet de budget de la Sécurité sociale, menacé de rejet par les refus de LR et d'Horizons de le soutenir. De son côté, le gouvernement a multiplié les gestes pour tenter de convaincre, notamment les Ecologistes.

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 2.1
couvert
le 23/12 à 18h00
Vent
2.12 m/s
Pression
1012 hPa
Humidité
87 %