Echec de la fusion Siemens-Alstom : les syndicats d'Alstom Belfort "satisfaits", les élus "prennent acte"

Publié le 06/02/2019 - 15:15
Mis à jour le 06/02/2019 - 17:28

Mise à jour à 17h28 • Plusieurs syndicats d’Alstom à Belfort ont exprimé mercredi 6 février leur « satisfaction » après l’annonce officielle par Bruxelles de son refus du projet de fusion Alstom-Siemens.

 © D Poirier
© D Poirier

Secrétaire CGT du CE d'Alstom Belfort, Pascal Novelin, interrogé par l'AFP, a "salué" une "décision qui n'est pas une surprise", estimant que "la fusion était une opération avant tout financière" et aurait conduit "à une absorption d'Alstom par Siemens". Selon lui, "l'Airbus ferroviaire que l'on veut créer peut se faire par la coopération (entre Alstom et Siemens, NDLR) sans aller jusqu'à la fusion".

"Satisfaction"

Olivier Kohler, délégué CFDT à Alstom Belfort, a également exprimé sa "satisfaction" rappelant que le syndicat "refusait la fusion" en raison de "l'absence de projet industriel". "Fusion ou pas fusion ne change pas vraiment la donne car dans les deux cas le concurrent chinois peut présenter des offres 15 à 20 % moins cher", a-t-il observé, estimant qu'Alstom devra "se battre sur d'autres arguments que le prix". Se disant également "satisfait", André Fages, responsable de la CFE-CGC à Alstom Belfort, juge, tout comme la CGT, que le projet de "fusion poursuivait avant tout un but financier". "Les premiers bénéficiaires en auraient été les actionnaires par le versement de dividendes exceptionnels", a-t-il développé, affirmant que "les 400 millions d'euros de synergies signifiaient en réalité la suppression de 3.000 à 5.000 emplois".  "Il n'y avait pas de projet industriel clair avec cette fusion", a poursuivi le syndicaliste, faisant valoir qu'Alstom qui "a un carnet de commandes bien garni et n'a pas de dette peut être compétitif tout seul".

"Les ministres Le Maire et consorts se sont pris une fessée publique"

Dans un communiqué, la fédération des travailleurs de la métallurgie CGT (FTM-CGT) a estimé que "les ministres Le Maire et consorts se sont pris une fessée publique" alors que "les organisations (syndicales) françaises et belges" ont toujours dit que le "projet ne satisfait pas aux exigences du droit communautaire de la concurrence".

Pour la FTM-CGT, "la vraie bataille du ferroviaire de demain va se dérouler en Europe et la coexistence de deux champions mondiaux comme Siemens et Alstom va pouvoir répondre aux attentes du marché sans avoir à créer un monopole". "La Commission (européenne) vient de rappeler, comme la FTM-CGT l'a toujours dit, que le péril chinois n'est qu'une contre vérité", s'est félicité le syndicat qui affirme que "la DG concurrence (de la Commission) et sa commissaire sont (d)es visionnaires".

Des élus du Territoire de Belfort "prennent acte" de la décision

Dans un communiqué, à la suite de l’annonce par la Commission européenne du refus de la fusion Alstom-Siemens, Damien Meslot, maire de Belfort et président du Grand Belfort, Florian Bouquet, président du conseil départemental du Territoire de Belfort, Cédric Perrin, sénateur du Territoire de Belfort et Ian Boucard, député du Territoire de Belfort déclarent "prendre acte de la décision sans esprit polémique. Nous ne sommes pas surpris puisque ce risque avait déjà été pointé par l’agence AT Kearney dès 2012, dans une étude commandée à l’agence des participations de l’État. A ce jour, le carnet de commandes d’Alstom est de 38,1 milliards d’euros, un record et ses résultats financiers sont excellents. L’avenir d’Alstom n’est donc pas menacé à court terme. A moyen terme, il appartient au gouvernement de prendre les mesures nécessaires pour assurer l’avenir d’Alstom. Nous souhaitons que l’on puisse envisager : - la création d’une coentreprise répartie à 50-50 entre Alstom et un partenaire, sur le modèle de CFM International créé par GE Aviation et Safran pour la production des moteurs d’avions ; - ou par la création d’alliances industrielles entre des entreprises indépendantes".

Les élus du Territoire de Belfort soulignent la nécessité "de recréer une véritable politique industrielle en France, à l’image du Général de Gaulle lorsqu’il a mis en place de grands projets dans les secteurs du nucléaire, de l'espace et de l’aéronautique".

Martial Bourquin souhaite que la Commission européenne "réforme sa vision de la concurrence"

Pour le sénateur du Doubs, "la Commission européenne doit réformer sa vision de la concurrence dans une économie mondialisée et abandonner son dogmatisme qui empêche la formation de champions européens".

Il explique que "Lors de la mission d'information que nous avons menée avec Alain Châtillon concernant Alstom, nous avions dénoncé ce rapprochement Alstom/Siemens qui en réalité n'était pas une fusion mais plutôt une absorption d'Alstom par Siemens. Nous avions également fait part de notre étonnement : Emmanuel Macron et Bruno Le Maire voulaient donner pour zéro euro Alstom à Siemens avec toutes les conséquences que cela impliquait en termes d'emplois et de sites industriels. Aujourd'hui, Alstom est dans une bonne situation financière, l’entreprise a un carnet de commandes garanti pour les cinq prochaines années. Le Gouvernement ne peut pas, ne doit pas abandonner cette entreprise. Nous attendons tous, les élus mais aussi et surtout les salariés d'Alstom, une réaction rapide du Gouvernement. Une véritable stratégie industrielle française doit être mise en place avec la création d'un pacte d'actionnaires pour conforter Alstom. Ces actionnaires pourraient être la Caisse des Dépôts et Consignations ou la Banque Publique d'Investissement." Et de conclure : "Dans ce pacte d'actionnaires, Thalès doit également jouer un rôle pour conforter notre entreprise ferroviaire à travers des projets industriels communs."

Christophe Grudler souhaite qu’"Alstom rachète la division nucléaire à General Electric"

A"près le refus de rapprochement avec Siemens, prononcé hier par la Commission européenne, Alstom doit retrouver une taille critique au niveau mondial, pour survivre dans un environnement concurrentiel soit dans le domaine ferroviaire en trouvant un autre partenaire, soit en réinvestissant le domaine de l’énergie en rachetant la division stratégique nucléaire qu’elle a vendu à General Electric en 2014 », estime Christophe Grudler, conseiller départemental du Territoire de Belfort et membre du Bureau exécutif national du Mouvement Démocrate.

« Comme attendu, la Commission européenne vient de refuser ce mercredi après-midi la fusion entre Alstom Transports et Siemens Mobility. Si cette décision réjouit à court terme les syndicats et une partie du personnel, il n’en demeure pas moins vrai que l’avenir reste sombre à moyen et long terme pour Alstom, faute de partenariat stratégique avec d’autres groupes.

Il est inutile de se battre contre des moulins à vents. Prenons acte de la décision de la Commission européenne, à laquelle nous ne pouvons rien changer. S’il devait y avoir des modifications des règles de concurrence au niveau européen, il faudrait de longs mois avant de parvenir à une quelconque modification. A nous de retourner la situation et de faire de ce refus une chance de redéveloppement.

Alstom, qui vient de réussir une année budgétaire exceptionnelle en 2018, retrouve une santé financière qui lui permet de lever à nouveau la tête pour regarder l’avenir :

  • Si elle reste sur le seul domaine des transports, il lui faudra rapidement trouver un nouveau partenaire industriel pour faire face à la concurrence mondiale, et notamment chinoise. Ce nouveau partenaire devra à mon sens être choisi avec minutie, sans précipitation, en tenant compte des racines et de l’histoire d’Alstom, qui fabrique des locomotives à Belfort depuis presque 150 ans. Une entreprise qui oublierait ses racines est condamnée à mourir. Le savoir-faire et la modernité du site de Belfort doivent aussi être mis en avant, autour du TGV du futur, et peut-être d’autres projets structurants.
  • Si elle veut augmenter son activité et sa surface financière, l’entreprise Alstom peut aussi réinvestir le domaine de l’énergie, en rachetant - au minimum - la filière nucléaire et la maintenance (le retrofit) qu’elle a vendu en 2014 à General Electric, à l’heure où GE cherche à se séparer d’une partie de sa filière énergie. Il s’agit ici d’une question de souveraineté nationale et de stratégie pour la France. Cette filière nucléaire est rentable, et peut permettre, grâce à ce courant d’affaires, une diversification vers d’autres formes d’énergies renouvelables et d’avenir. Là encore, le Territoire de Belfort peut accompagner le projet grâce à sa Vallée de l’énergie, qui fédère à la fois des acteurs de l’énergie traditionnelle et renouvelable. Pour l’Etat, une vente à Alstom serait sans doute plus sécurisante qu’une vente par appartements à des entreprises chinoises, japonaises ou indiennes…

Je vais prendre les contacts nécessaires auprès des personnels concernés et de leurs représentants, ainsi qu’auprès du gouvernement afin d’avancer en ce sens si un consensus se dégage. Sur le dossier de la vente de tout ou partie de la division énergétique par General Electric au profit d’Alstom, l’Etat français dispose de nombreux leviers pour agir (choix souverain nucléaire, conditions d’application des pénalités à General Electric…). Il faut maintenant les utiliser. »

(Avec AFP)

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