Même si l’idée d’une union totale de la gauche semble avoir finalement avorté après l’annonce de la candidature du Parti socialiste au côté de Place publique pour la prochaine municipale bisontine, "les discussions ont évolué" a lâché d’emblée en conférence de presse Christophe Lime, élu communiste et conseiller municipal délégué à la lutte contre les pollutions.
Réuni en assemblée générale et en comité exécutif, le parti communiste a pourtant pris la décision "unanime" d’engager les négociations avec les deux listes de gauche présentées à Besançon, soit celle d’Anne Vignot et de Jean-Sébastien Leuba. Aucune négociation n’ayant été "pour l’instant" engagée avec La France insoumise a rapporté monsieur Lime.
Une fusion exigée le soir du 1er tour
Fidèles aux mesures de leur secrétaire général, Fabien Roussel, les communistes tiennent cependant à rester fidèles à leur ligne de conduite : "on ne peut pas revendiquer d’être unitaires aux élections législatives et présidentielles et ne pas l’être aux municipales", a rappelé Christophe Lime. Faisant allusion aux dernières mesures budgétaires annoncées par François Bayrou, l’élu n’a d’ailleurs pas manqué d’évoquer la possibilité que de nouvelles élections législatives ne se tiennent avant les municipales dans le cas d’une nouvelle dissolution de l’assemblée nationale…
Même si, "nous ne perdons pas l’espoir d’avoir une grande unité au premier tour. Le mois de mars il est loin. On évolue au jour le jour", a confié Christophe Lime. Pour autant, les communistes restent pragmatiques : "on ne réussira apparemment pas à réunir tout le monde. L’union totale ne sera pas possible. Il n'y a plus d’hégémonie sur Besançon. Ni du PS, ni de LFI, ni des Verts".
D’ailleurs, la condition pour que le Parti communiste s’associe à l’une des deux listes étant que "toutes les listes de gauche fusionnent le soir même du premier tour sans exclure personne", a insisté Christophe Lime. A également été avancé le souhait de n’avoir aucun accord avec le centre dès le premier tour.
Asni Halem, chef de file communiste
Autre décision prise, celle de désigner Asni Halem comme chef de file de l’élection municipale bisontine. Car s’ils rappellent vouloir "l’union la plus large possible", les communistes n’entendent pour autant pas être "les dindons de la farce". Aussi, si aucun accord n’est trouvé avec le PS ou les Verts, le PCF n’exclut pas de déposer à son tour sa propre liste. "Ce n’est pas du tout notre objectif, mais globalement on se réserve toujours cette possibilité", a évoqué monsieur Lime. "Les trois options sont vraiment sur la table mais on privilégie les deux premières", a ajouté le nouveau chef de file.

Une décision attendue début septembre
Aux yeux des communistes, ces négociations ont toujours pour unique finalité "d’empêcher que la ville ne tombe aux mains de la droite" rappelle Christophe Lime. Alors du côté du parti communiste on s’organise et on fait surtout en sorte que le dialogue ne soit jamais rompu. "Il faut une campagne propre", a évoqué l’élu communiste. "On veut continuer de discuter avec tout le monde et en être le fil rouge" a, à son tour évoqué l’adjointe à la Culture, Aline Chassagne.
Les communistes ont affirmé qu’ils rendraient compte de leur décision début septembre, avant la fête de l’Humanité.
Programme : les principales demandes du Parti communiste
Le parti communiste a également profité de cette conférence de presse pour lister leurs principales exigences vis-à-vis de la prochaine municipale bisontine. Aujourd'hui, la charte de gouvernance de Grand Besançon Métropole fait pencher l'équilibre vers l’extérieur de la ville, ce qui permet à ces collectivités d’avoir une influence significative dans les décisions prises. Les communistes font remarquer qu’il est assez rare qu’une telle charte morale soit maintenue, et que cela doit favoriser un programme de Besançon qui n’est pas uniquement destiné aux habitants de la ville. Hasni Alem, nouveau chef de file du parti, résume leurs demandes en quatre grands axes, jugés "primordiaux", en vue d'un potentiel programme commun avec les partis de gauche.
Insécurité et la tranquillité publique
Hasni Alem dénonce d’abord l’accaparement de la question de l’insécurité par les partis de droite : "c’est un point que la gauche ne doit pas négliger et ne doit pas laisser à la droite". À cet égard, plusieurs mesures sont proposées, notamment l’installation d’un deuxième commissariat ainsi que d’une "halte soins addictions". L'élu communiste souligne également l’importance de créer un service de médiation de rue pour établir un lien avec les habitants dans l’ensemble des quartiers populaires.
Mobilité
Le PCF se félicite d’abord des avancées en matière de gratuité des transports mais souhaite aller plus loin. L’objectif demeure la gratuité complète à terme : "pour nous, c’est un droit inaliénable des citoyens" .
Il s’agit d’avancer progressivement, en étendant d’abord la gratuité des transports aux moins de 26 ans, aux plus de 60 ans et aux personnes bénéficiaires des minimas sociaux. Hasni Alem propose d’opter pour une régie publique des transports pour atteindre ces objectifs d’un point de vue économique.
Finalement, le chef de file du parti appuie sur la nécessité d’avancer sur les mobilités douces comme le vélo, surtout dans les quartiers populaires. Lorsque Ludovic Fagaut, chef de file de l’opposition, parle de la politique cyclable de Besançon comme d’un "fiasco" , Hasni Alem choisit d’en rire "Ludovic Fagaut qui parle de vélo, c’est comme un cannibale qui parle de gastronomie".
Logement
Le chef de file met ensuite en avant la nécessité de relancer la "pompe de construction des logements sociaux". Parmi les propositions du PCF figure l’instauration d’un moratoire immédiat sur la destruction de logements sociaux, empêchant toute démolition sans plan de reconstruction.
De plus, il est question d’instaurer un minimum de 30 % de logements sociaux dans tous les projets de construction de plus de 10 logements, s’appliquant tant au secteur public qu’au privé, et dans tous les quartiers.
Enfin, Hasni Alem réitère l’engagement du parti en faveur du projet des Vaîtes, qu’il considère comme "un bon compromis entre mesures écologiques et sociales". À long terme, le parti aspire à créer de 400 à 500 nouveaux logements sociaux par an.
Action sociale
Le PCF se positionne en faveur d’une action sociale globale accompagnée d’une écologie populaire, indissociables selon le chef de file du parti : "l’écologie sans le social, c’est du jardinage".
Enfin, l’augmentation des subventions du Centre communal d’action sociale de Besançon (CCAS), actuellement en grande difficulté, est au cœur du programme. Pour Hasni Alem, il s’agit d’une mesure d’urgence, car certains habitants des quartiers de Besançon dépendent de manière vitale du CCAS : "on parle de vie ou de mort". Le PCF souligne par ailleurs que ces subventions doivent être soutenues par l’État, qui doit "assumer son rôle".
Article écrit par Élodie Retrouvey et Salomé Fabre.