Fonderies : les rouages grippés de l'automobile en France

Publié le 29/04/2021 - 11:33
Mis à jour le 29/04/2021 - 11:33

MBF Aluminium (Saint-Claude – Jura), Fonderie de Bretagne, Gupta : les menaces se multiplient dans les fonderies françaises, des rouages essentiels de l’industrie automobile qui doivent se transformer.

illustration © ErdeneBayar PXB CC0
illustration © ErdeneBayar PXB CC0

De la serrure au moteur. Les fonderies fabriquent plus d'une centaine de pièces en fonte ou en aluminium destinées à l'automobile, des barillets de serrure aux blocs moteur thermique.

La France est troisième au niveau européen pour la fonderie en général, avec 5,6 milliards d'euros de chiffre d'affaires, selon une étude réalisée en 2020 par le cabinet Roland Berger pour la Plateforme automobile (PFA), qui représente le secteur.

Au total, la fonderie automobile représente 13.500 emplois en France.

La moitié du marché français est dédiée à l'aluminium, dont 80% (soit 2 milliards par an) sert l'automobile, entre une douzaine de gros indépendants, les structures des géants de l'auto et une centaine de petites fonderies, aux situations très contrastées.

5.200 emplois sur la sellette

A la Fonderie de Bretagne (Morbihan), 350 personnes fabriquent pour Renault des bras de suspension ou des coudes d'échappement. En pleine cure d'austérité, le Losange a décidé de revendre la fonderie. Des salariés, qui voyaient cette décision arriver depuis plusieurs années, ont bloqué l'usine. "Qui veut reprendre ça à l'heure actuelle?", s'interrogeait mercredi Pierre-Yves, 41 ans, ouvrier à la production. "Renault nous lâche, on n'a plus rien à perdre".

En Meurthe-et-Moselle, la fonderie FVM a été placée en liquidation. MBF, dans le Jura, et Sam, dans l'Aveyron, sont menacées.

Dans la Vienne et dans l'Indre, trois fonderies (850 salariés) ont également été placées en redressement, écrasées par les dettes de leur maison-mère, le groupe du magnat indo-britannique Sanjeev Gupta.

D'ici à 2030, 5.200 emplois seraient menacés par "la contraction des marchés sur lesquels sont positionnés les fondeurs français", selon le cabinet Roland Berger.

La fonte s'effondre

La chute de la fonte a été accélérée par la délocalisation de la production automobile et le recul des moteurs diesel, mais aussi par l'effondrement du marché avec la pandémie.

Pouvait-on s'attendre à ces évolutions? Oui, mais elles ont été plus rapides que prévu, indique à l'AFP Wilfrid Boyault, directeur de la Fédération forge fonderie.

Surtout, les fonderies automobiles, moins compétitives que leurs voisines européennes, ont été fragilisées par "des années de pression sur les prix" de la part des constructeurs et autres clients, et n'ont plus les moyens d'investir, selon M. Boyault.

Aluminium et concentration

Au cours des dix prochaines années, la fonte coulée ne sera pratiquement plus utilisée et sera remplacée par l’aluminium, plus léger, prévient Roland Berger, et l'industrie doit s'adapter. Il faudrait orienter les fonderies fonte hors du secteur automobile, consolider la fonderie automobile autour de deux puissants champions, et miser sur l'innovation.

"Notre outil de production est trop petit, trop dispersé sur le territoire", a souligné lundi le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, à l'issue d'un comité stratégique de la filière.

"On peut imaginer que les pièces des voitures de demain seront des pièces aluminium de structure ou de châssis, volumineuses et techniques", qui nécessitent d'investir dans des presses très puissantes comme le fait Tesla, abonde Wilfrid Boyault. "Encore faudrait-il que l'assemblage des véhicules soit fait en France", pour limiter le coût du transport, a-t-il souligné.

"Sauver la moitié"

Le gouvernement a proposé lundi un "plan d'action" pour les fonderies, qui comprend un fonds exceptionnel de 50 millions d'euros pour la reconversion des salariés, que ce soit pour leur formation ou leur mobilité. S'il y a une action concertée entre l'Etat, les constructeurs et les fondeurs, "on pourrait sauver la moitié des emplois +à risque+", souligne Roland Berger.

Le plan prévoit d'accompagner les investissements et les projets de consolidation, mais aussi de surveiller les relations entre les fonderies et les constructeurs.

La CGT Métallurgie, de son côté, juge "scandaleux" ce plan qui "finance les licenciements", et propose plutôt de relocaliser la production des voitures les plus populaires, pour "donner des volumes aux usines".

(Avec AFP)

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