La France va interdire certains implants mammaires liés à un risque de cancer rare mais "grave"

Publié le 04/04/2019 - 14:04
Mis à jour le 04/04/2019 - 14:04

La France va interdire plusieurs modèles d’implants mammaires soupçonnés de favoriser une forme rare de cancer, à cause du « danger rare mais grave » qu’ils peuvent faire courir aux femmes qui les portent.

© Pixabay Skeeze CC0 ©
© Pixabay Skeeze CC0 ©

L'Agence nationale des produits de santé (ANSM) a pris cette décision "face à l'augmentation significative depuis 2011 des cas de lymphome anaplasique à grandes cellules associés au port d'implants mammaires", explique le gendarme sanitaire dans un courrier aux fabricants, dévoilé ce mercredi 3 avril 2019 par Le Monde et Radio France. Contactée par l'AFP, l'ANSM n'a pas souhaité confirmer l'authenticité de ce courrier. Elle doit annoncer sa décision à l'occasion d'une conférence de presse jeudi matin.

Depuis 2011, sur les 500.000 femmes porteuses d'implants mammaires en France, on a recensé 56 cas de cette forme rare mais agressive de cancer, qui se manifeste le plus souvent par un épanchement de liquide autour de la prothèse. La quasi totalité des cas concernaient des femmes ayant des prothèses à enveloppe texturée. Trois en sont décédées.

Les prothèses visées par la décision de l'ANSM ont une surface extérieure en silicone "macro-texturée", c'est-à-dire rugueuse, ou en polyuréthane. Leur retrait a été décidé "au vu du danger rare mais grave que leur implantation est susceptible de constituer", selon ce courrier, daté de mardi et signé de Christelle Ratignier-Carbonneil, directrice générale adjointe de l'ANSM.

Marquage CE perdu

Parmi les prothèses interdites figurent plusieurs modèles du fabricant américain Allergan de type Biocell. Cette texture est la principale mise en cause dans la survenue de lymphome anaplasique à grandes cellules (LAGC). Plusieurs plaintes ont été déposées à Paris et Marseille pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui" par des femmes porteuses de ce type d'implants.

Le géant pharmaceutique a perdu mi-décembre le marquage CE de ses implants mammaires à enveloppe texturée, parce qu'il n'avait pas pu présenter les données additionnelles demandées par l'organisme de certification dans les délais impartis. Il avait alors dû procéder au retrait des produits concernés.

Les autres modèles frappés par l'interdiction sont fabriqués par les marques Arion, Sebbin, Nagor, Eurosilicone et Polytech. En prononçant ces interdictions, l'ANSM est allée plus loin que le comité d'expertes qu'elle avait mandaté début février. Ce comité se prononçait seulement pour l'interdiction des prothèses Biocell d'Allergan.

Pas encore d'interdiction totale des implants mammaires texturés

En revanche, l'ANSM n'a pas non plus opté pour la solution la plus radicale, qui aurait consisté à interdire en bloc tous les implants mammaires texturés, qui représentent près de 85% du marché français. Les implants mammaires en silicone sont classifiés en fonction de l'aspect de la pellicule qui les entoure, entre lisses et texturés (microtexturés ou macrotexturés, selon le degré de rugosité).

A l'inverse de pays comme les Etats-Unis et le Canada, où les implants lisses sont nettement majoritaires, les prothèses texturées sont privilégiées en France car elles sont réputées rester mieux en place que les prothèses à surface lisse et provoquer moins de "coques" (durcissement des tissus autour de l'implant). Selon certains scientifiques, les inflammations provoquées par le frottement pourraient toutefois être à l'origine du LAGC.

Enfin, les implants dont l'enveloppe extérieure est en polyuréthane sont marginaux sur le marché. La mousse dont ils sont recouverts est poreuse, ce qui permet aux tissus du sein de s'y accrocher. "On ne comprend pas pourquoi l'ANSM rend cet avis qui va à l'encontre des décisions de ses propres experts", a réagi le Dr Sébastien Garson, président de la Société française des chirurgiens esthétiques plasticiens (Sofcep), demandant à l'autorité sanitaire d'expliquer s'il y a eu des "nouvelles données" depuis la tenue du comité début février qui ont "fait pencher sa décision".

"Ca va sûrement compliquer la donne pour la prise en charge des patientes à l'avenir", car les chirurgiens disposeront de moins de choix, en particulier pour les reconstructions mammaires, a-t-il expliqué à l'AFP. Cette interdiction est "la seule décision de police sanitaire responsable qui vaille en l'état du risque", a au contraire estimé Me Emmanuel Molina, avocat d'une des patientes ayant porté plainte contre Allergan.

"Les victimes de ce scandale sanitaire qui se profile (...) ne comprendraient pas que (l'ANSM) prenne une autre décision que celle consistant à éviter la survenance d'autres possibles cas", a-t-il déclaré à l'AFP.

(Source AFP)

Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

Santé

Le CHU de Besançon inaugure un nouveau dispositif aux urgences pédiatriques

Le mardi 14 mai 2024, le CHU de Besançon a inauguré un nouveau dispositif permettant d’animer sa salle d’attente des urgences pédiatriques. Fruit de sa collaboration avec le festival D’autres Formes, le CHU a dévoilé l’oeuvre baptisée Asclépios qui dénote quelque peu avec les traditionnels murs blancs de l’hôpital mais surtout qui s’anime sous les yeux des petits patients dès qu’on la survole avec un téléphone portable. 

Déserts médicaux : des mesures “fragmentaires” et pas assez ciblées, selon la Cour des comptes

Les politiques menées pour réduire les inégalités d'accès aux soins en France sont trop "fragmentaires", "insuffisamment ciblées" et pas "évaluables", déplore ce mois de mai 2024 la Cour des  comptes dans un rapport, proposant plusieurs mesures dont une régulation plus stricte de l'installation des médecins.

Semaine du bien-être : zoom sur une masseuse bisontine…

Le bien-être au travail prend une part de plus en plus importante au sein des entreprises. Celles-ci cherchent à réduire les risques psychosociaux mais aussi à agir sur la motivation de leurs équipes. Pour y parvenir, les entreprises peuvent faire appel à des professionnels. En vue de la semaine du bien-être en entreprise du 17 au 21 juin 2024, zoom sur une bisontine actrice de cette nouvelle politique d’entreprise avec ses massages assis.

La maladie tromboembolique veineuse au cœur d’un colloque de médecine d’urgence à Besançon

Le Collège franc-comtois de médecine d'urgence (CFCMU) organise ses sixièmes Rencontres en médecine d'urgence (REMU), qui porteront sur les dernières avancées dans le diagnostic et la prise en charge de la maladie thromboembolique veineuse. Elles se tiendront le 23 mai 2024 à la CCI Saône-Doubs à Besançon.

La Convergence des services publics lance une pétition contre les inégalités de santé

La Convergence nationale des services publics lance la pétition ''En finir avec tous les restes à charge'' face aux récentes réformes de la sécurité sociale. Une proposition soutenue et relayée par la Coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité et le Comité de vigilance 70.

Santé périnatale dégradée : la Cour des comptes appelle à regarder les petites maternités au cas par cas

Face aux "résultats sanitaires médiocres" de la France pour la périnatalité, la Cour des comptes a recommandé lundi 6 mai 2024 dans un rapport d'améliorer la qualité et la sécurité de l'offre de soins, notamment en se penchant "au cas par cas" sur les petites maternités.

CHU : un site internet dédié aux futurs internes pour les convaincre de choisir Besançon

Pour convaincre les étudiants de choisir la capitale comtoise comme futur lieu d’internat, le CHU de Besançon a débuté une campagne d’attractivité ciblée en lançant un nouveau site dédié exclusivement aux futurs internes baptisé "Mon internat, c’est Besac !" mettant en avant les atouts du territoire. Une première en France sous ce format.

IVG instrumentales : les sage-femmes pourront la pratiquer comme les médecins

Les sage-femmes spécialement formées pourront désormais pratiquer l'IVG instrumentale en établissement de santé dans les mêmes conditions de sécurité que les médecins, en vertu d'un décret paru mercredi 24 avril 2024 qui simplifie les procédures, pour améliorer l'accès à l'avortement sur le territoire.

Consommation “alarmante” d’alcool et de cigarettes électroniques chez les adolescents, selon l’OMS

La consommation d'alcool et de cigarettes électroniques chez les 11-15 ans est "alarmante", selon un rapport de la branche européenne de l'OMS qui préconise des mesures de santé publique pour limiter l'accès aux boissons alcoolisées, indique l'AFP jeudi 25 avril 2024.

Aide à mourir : mises en garde des fédérations hospitalières sur les défis de la mise en oeuvre

La possibilité d'assistance au suicide ouverte par le projet de loi sur la fin de vie soulève plusieurs défis de mise en oeuvre concrète, en raison notamment des réticences d'une partie des soignants, ont averti mardi 23 avril 2024 les fédérations hospitalières.

Semaine européenne de la vaccination : le CHU de Besançon fait le point sur la prévention anti-HPV

À l'occasion de la semaine européenne de la vaccination du 22 au 28 avril 2024, le CHU de Besançon revient sur l'importance de la prévention anti-HPV et fait le point sur la simplification de son parcours vaccinal à destination des jeunes de 11 à 20 ans.

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 14.98C°
ciel dégagé
le 19/05 à 9h00
Vent
2.24 m/s
Pression
1014 hPa
Humidité
84 %